Pillage du Katanga : quand des institutions bancaires blanchissent les milliards du clan Tshisekedi
- mutambak96
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Ce 21 octobre 2025 restera dans les annales judiciaires. À Paris, l’ancien président Nicolas Sarkozy est incarcéré pour avoir perçu illégalement des financements libyens estimés à cinquante millions d’euros.
Pour rappel, à Bruxelles, la justice a décidé de poursuivre l'ancien commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, fraude et blanchiment via des tickets de loto truqués. L'affaire concerne quelques centaines de milliers d'euros dépensés par l'ancien chef de la diplomatie belge dans les jeux en dix années. Cet argent liquide dont l'homme d'Etat n'arrive pas à justifier l'origine pourrait le conduire à la case prison.
Deux affaires emblématiques, deux figures puissantes, deux justices sévères et intransigeantes sur la moralité et l'intégrité des hommes publics.
Et pourtant, depuis quelques mois une autre affaire – infiniment plus grave – peine encore à secouer les consciences. Ici, il ne s’agit pas de millions, mais de milliards de dollars issus du pillage systématique des ressources minières du Katanga, orchestré par un président africain - Félix Tshisekedi - arrivé au pouvoir au terme d’élections frauduleuses, et dont la famille, belgo-congolaise, a fait main basse sur le cuivre et le cobalt du Congo. Laissant la RDCongo croupir au rang des nations les plus pauvres du monde. Le contraste est saisissant, le paradoxe insoutenable.
Une plainte née du silence congolais et du devoir européen
Une plainte a bel et bien été déposée au parquet fédéral de Belgique par un collectif d’ONG anticorruption. Elle ne vise pas seulement des actes de corruption de la fratrie Tshisekedi : elle vise une impunité devenue doctrine d’État en République Démocratique du Congo. Les magistrats congolais ont depuis longtemps renoncé à enquêter sur les crimes économiques des cercles du pouvoir.
C’est donc en Europe, sur le terrain de la légalité belge, que s’ouvre désormais le combat pour la vérité. Car les principaux mis en cause – neuf membres de la famille Tshisekedi, dont plusieurs frères, cousins et alliés du président congolais – sont tous de nationalité belge. Et lorsque des citoyens belges pillent un pays étranger en usant de leur passeport européen comme d’un bouclier, la Belgique a un devoir : juger, ou se déshonorer.
La mécanique du pillage : mines, cash et banques complices
Pour remettre en contexte le pillage de la RDCongo, entre 2018 et 2024, la RDC a produit 13,5 millions de tonnes de cuivre et 820 000 tonnes de cobalt. Mais plus la production augmentait, plus le peuple s’enfonçait dans la misère. Pour comparer, entre 1968 et 2001, la production de cuivre et de cobalt a totalisé la valeur de 19 milliards USD, entre 2001 et 2017, pendant la présidence de Joseph Kabila, 41 milliards et les 6 premières années du règne de Félix Tshisekedi, la somme vertigineuse de 129 milliards USD. La production atteint actuellement 3 millions de tonnes de cuivre par an. Alors que le Trésor Public congolais peine à mobiliser les ressources pour rencontrer les besoins primaires de la population dont la majorité vit sans eau ni électricité, les richesses s’évaporent dans un réseau familial solidement ancré en Belgique.
Le rapport des ONG, déposé au parquet fédéral, révèle une organisation quasi militaire : Christian, Kali Kalala, Jacques, Nicolas et JC Mulumba Tshisekedi, tous de nationalité belge, contrôlent directement des carrières stratégiques (Kakanda, Mutoshi, Katapula), protégées par la Garde républicaine congolaise, exploitées en partenariat avec des groupes chinois. Les contrats miniers, attribués sans appel d’offres, cèdent les remblais dont la teneur en cuivre et en cobalt est exceptionnel, à des prix dérisoires – 0,875 USD la tonne de cuivre, soit cent fois moins que la valeur du marché.
La Gécamines et la SODIMICO, piliers historiques de l’industrie congolaise, sont en quelques années devenues des coquilles vides.
Rawbank, la pierre angulaire du blanchiment
Mais l’essentiel du scandale ne se trouve pas dans le sol du Katanga. Il se trouve dans les coffres. Selon les ONG, le blanchiment de ces flux serait opéré notamment via la Rawbank, utilisée pour blanchir des millions de dollars apportés en cash par les Chinois, en lien avec des concessions minières captées par les membres du clan présidentiel.
La Rawbank agirait comme l’axe financier du régime Tshisekedi. Selon des témoins, des valises de billets, acheminées depuis les sites miniers, sont déposées dans les agences de Lubumbashi et Kolwezi, avant d’être ventilées vers des sociétés-écrans familiales et transférées à l’étranger — au Qatar, à Maurice, à Dubaï ou au Cap-Vert. Ce mécanisme, décrit par les ONG comme un “centre de blanchiment institutionnalisé”, fait de la Rawbank bien plus qu’un simple acteur du système : elle en est l’architecte et la cheville ouvrière.
Les banques belges sous la loupe ?
La justice belge, saisie du dossier, devrait ordonner l’analyse systématique des flux financiers transitant par les banques commerciales belges. Une telle démarche, inédite à cette échelle, permettrait de retracer l’origine des fonds et d’en démontrer la provenance frauduleuse. Entre 2018 et 2025, les Tshisekedi sont devenus en quelques années des milliardaires. La famille, sous la houlette de Marthe Tshisekedi, est passée du statut d'allocataire sociale au rang des grandes fortunes d'Afrique. La justice et le fisc belges devraient s'intéresser de près à ces fortunes... belges et pourraient exiger la levée du secret bancaire, sur le terrain congolais, rien de tel ne peut être envisagé. Les banques commerciales locales, soumises à la pression directe du régime, ne coopéreront jamais. Pour d'aucuns, certaines, comme la Rawbank ou Sofibanque, propriété du beau-fils de l'ancien chef de guerre Jean-Pierre Bemba, sont parties prenantes du crime. Elles opèrent sous la protection du clan présidentiel.
Un réseau international d’ombres et de complicités
Les ONG congolaises mentionnent aussi la banque suisse UBS, qui aurait gelé près de 8 milliards USD appartenant à la famille Tshisekedi. Ce n’est, selon les experts, qu’une fraction d’une fortune colossale. Le reste gît dans les sables des paradis fiscaux : comptes offshore aux Émirats, au Qatar, à Maurice, au Cap-Vert…
Cette pyramide financière, qui mêle officiers de la Garde républicaine, sociétés chinoises et banques libanaises, alimente une économie mafieuse d’État.
Les ONG parlent d’un “système de prédation familiale”, consolidé par la complicité active d’acteurs économiques et bancaires.
Le devoir moral et historique de la Belgique
La Belgique, patrie du droit et siège de l’Union européenne, ne peut se dire garante de la transparence mondiale tout en protégeant ses propres prédateurs. Si la justice belge applique la même rigueur qu’elle impose à Didier Reynders, alors l’affaire Tshisekedi deviendra le tournant judiciaire du siècle africain. Mais si elle cède à la raison d’État ou au silence diplomatique, elle perdra son âme.
En réalité, le pillage du Katanga n’est pas une dérive : c’est une méthode de gouvernement. Une économie parallèle, où les banques deviennent les mines et les coffres remplacent les institutions. La Rawbank n’est pas la simple complice du clan : elle est sa mémoire comptable, son coffre-fort et sa couverture.
Et face à ce système, la Belgique n’a plus le droit à l’hésitation. Elle doit choisir entre l’honneur du droit et la honte du silence.
