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Scandale MILVEST : Doudou Fwamba n'a pas tout dit !

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 1 oct.
  • 5 min de lecture
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La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise d’une gravité exceptionnelle avec le scandale Milvest, une affaire qui révèle l’ampleur de la prédation institutionnalisée gangrénant l’État. Cette entreprise turque, initialement présentée comme un investisseur providentiel, a englouti plus de 520 millions USD de fonds publics pour des projets inachevés, attribués en violation des lois nationales. Ce dossier n’est pas une simple anomalie administrative, mais la manifestation d’un système où l’impunité politique et la complicité au sommet de l’État orchestrent le détournement des richesses nationales. Voici l’anatomie d’un pillage méthodique, opéré sous le couvert de prétendus investissements, aggravé par un laxisme international, des appuis politiques et une négation éhontée des lois, permettant à la dette publique de gonfler pour rembourser des créances douteuses.


Abus de pouvoir et mensonge institutionnalisé : la dérive de Nicolas Kazadi  

L’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, s’est illustré par une opération de mystification d’une rare audace. Pendant des mois, il a soutenu que Milvest finançait des projets d’envergure, tels que Kinshasa Arena, le Centre Financier ou encore la modernisation de l’aéroport de N’djili, à partir de fonds propres. Ce récit s’est effondré lorsque son successeur, Doudou Fwamba, a révélé une vérité accablante : ces initiatives ont été intégralement financées par le Trésor public, sans la moindre contribution extérieure. Plus troublant encore, un conseiller du ministère des Finances, ayant requis l’anonymat, confie : « Kazadi nous vendait un rêve d’investissements étrangers, mais c’était un miroir aux alouettes pour détourner des fonds publics». Cette tromperie dissimule des infractions graves à la Loi n° 11/011 sur les finances publiques. D’une part, Nicolas Kazadi a ordonné des décaissements massifs en urgence, contournant l’autorisation du Président de la République et du Premier Ministre, une rupture caractérisée de la chaîne de la dépense. D’autre part, l’utilisation de centaines de millions de dollars pour des projets faussement présentés comme financés par un tiers viole le principe de spécialité budgétaire.

Le mensonge d’État ne s’arrête pas là. Malgré sa connaissance des irrégularités, le ministre actuel des Finances, Doudou Fwamba, a continué à autoriser des paiements à Milvest, sous prétexte d’un « arbitrage politique ».

« On nous a dit que c’était une décision pour préserver la stabilité, comme si la violation de la loi pouvait être effacée par une poignée de main politique ! » s’indigne une fonctionnaire de la Direction des Marchés Publics. Cette justification, qui privilégie des arrangements opaques à l’application de la justice, illustre une gouvernance où l’impunité prime sur la légalité. À cela s’ajoute une gestion opaque de la dette publique. Sous le mandat de Kazadi, la dette extérieure de la RDC a explosé, passant d’un niveau jugé bas en 2021 à un ratio dette/PIB approchant les 30 % en 2024. Cette augmentation résulte en grande partie de paiements accélérés pour des créances intérieures douteuses, souvent via des procédures d’urgence favorisant des rétrocommissions. L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a révélé que ces paiements, décotés au profit de l’ancien ministre et de son entourage, ont dépassé les budgets annuels, transformant la dette en un levier de prédation personnelle. Ce glissement, masqué par des discours sur un endettement « faible » et des prêts à « zéro taux d’intérêt », a exposé le Trésor à des risques insurmontables, enrichissant des réseaux mafieux au détriment du développement national. L’intouchabilité dont a bénéficié Kazadi, défendu par le Président Félix Tshisekedi comme un « père de famille », a permis à ce système de prospérer sans entrave.


Contournement des marchés publics et négation de la loi : une opacité orchestrée

Les contrats attribués à Milvest bafouent les principes fondamentaux de la Loi n° 10/010 et du Décret n° 23/12 sur les marchés publics. La procédure de gré à gré, réservée à des cas exceptionnels et encadrée par les articles 41 et 42, nécessite une autorisation explicite de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP). Or, ces marchés n’ont fait l’objet d’aucun contrôle préalable, ni d’études préalables aboutissant à un cahier des charges. Cette absence rend toute estimation du coût global des ouvrages erronée ou opaque, sapant la transparence et la légitimité des projets. « Sans cahier des charges, c’est comme construire un château de sable avec l’argent public : tout s’écroule, sauf les poches des corrompus, » lâche amèrement la fonctionnaire de la Direction des Marchés Publics. L’absence de validation par le Premier Ministre et le défaut de publication des contrats sur le site de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) confirment une opacité volontaire, visant à soustraire les attributions à tout contrôle. Le scandale des « 1 000 maisons », emblématique de ces dérives, a exacerbé les tensions politiques, avec des figures comme François Muamba dénonçant publiquement les illégalités orchestrées par Kazadi, révélant une guerre des clans où les intérêts privés priment sur l’intérêt public.


Gestion laxiste et soupçons de blanchiment : une hémorragie financière

La gestion des fonds publics dans l’affaire Milvest confine à une négligence criminelle. Des sommes colossales ont été versées à l’entreprise turque sans exiger de garanties de bonne exécution ou de caution bancaire, en violation de la Loi. Cette imprudence expose le Trésor à des pertes irrécupérables et soulève des soupçons de blanchiment de capitaux, en contravention avec la Loi n° 04/016. La facilité avec laquelle ces fonds ont été transférés suggère l’existence d’un réseau mafieux conçu pour faciliter la fuite des capitaux sous le prétexte de projets d’infrastructures. La récupération des sommes détournées s’annonce comme une bataille juridique complexe pour un État déjà fragilisé par des décennies de mauvaise gouvernance.


Complicités internationales : le laxisme des bailleurs et les appuis diplomatiques

Le scandale Milvest est indissociable du rôle passif, voire complice, des bailleurs de fonds multilatéraux. Malgré les alertes sur les dérives budgétaires, le FMI et la Banque Mondiale ont maintenu des appuis budgétaires massifs. En 2023, le FMI a salué une croissance de 8,3 % du PIB et une inflation à 13 %, autorisant des décaissements dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit. En 2024, ils ont approuvé 1 729 millions USD pour la FEC et 1 038 millions pour la Facilité de Résilience, félicitant les « progrès en matière de stabilité macroéconomique ». La Banque Mondiale a décaissé 600 millions USD en 2025, malgré des dépassements budgétaires liés à la sécurité et aux élections. « On applaudit la RDC pour sa résilience, mais on ferme les yeux sur le pillage organisé » ironise un diplomate occidental, mettant en lumière l’hypocrisie des institutions internationales. Ces fonds, injectés dans un Trésor saigné par des scandales comme Milvest, ont indirectement alimenté la prédation. Les revues positives du FMI, conclues sur une « note positive » en juillet 2024, ont ignoré les violations de discipline budgétaire, offrant un bouclier à l’impunité.

À ce tableau s’ajoute le réseau diplomatique de Nicolas Kazadi. Diplômé de l’ENA (promotion Averroès, 2000), il a tissé des liens avec des figures influentes comme Alexis Kohler, ancien secrétaire général de l’Élysée, aujourd'hui sous le coup de poursuites judiciaires. Ces connexions, forgées à l’ENA, lui ont ouvert des portes à l’Élysée, facilitant des appuis tacites lors de négociations avec les bailleurs. Ces liens ont offert un vernis de légitimité à des pratiques illicites, protégeant Kazadi d’enquêtes approfondies et perpétuant un cycle d’impunité transnationale.


L’Urgence d’une Justice Implacable  

Le scandale Milvest est le symptôme d’une République où l’impunité règne. L’entreprise turque, attributaire de contrats illégaux, a prospéré grâce à la complicité des plus hautes sphères, amplifiée par le laxisme des bailleurs et les appuis diplomatiques de Kazadi. Les paiements continus à Milvest par le ministre actuel, sous prétexte d’arbitrage politique, et l’absence d’études préalables pour les projets illustrent un mépris flagrant des lois. Une enquête judiciaire et parlementaire indépendante est impérative pour faire la lumière sur les contrats Milvest, la gestion de la dette et les réseaux impliqués, récupérer les fonds détournés et sanctionner les responsables. La confiance du peuple congolais, minée par des décennies de pillage, ne pourra être restaurée que par une justice intraitable, capable de mettre fin à l’intouchabilité politique et aux complicités internationales. L’heure de la reddition des comptes a sonné.



 
 
 

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