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L’étau belge se resserre : dignitaires congolais à double nationalité et fortunes cachées dans le viseur des enquêtes

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 30 sept.
  • 4 min de lecture
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De Bruxelles à Doha, en passant par Dubaï, un fil rouge relie désormais les enquêtes judiciaires : les avoirs occultes d’une élite congolaise bicéphale, à la fois congolaise et belge, qui gravite dans l’orbite du président Félix Tshisekedi. Famille présidentielle, ministres, conseillers de l’ombre et généraux : tous ceux contre lesquels les ONG congolaises ont porté plainte possèdent la nationalité belge. Ce détail, longtemps perçu comme un privilège discret, devient aujourd’hui une arme juridique redoutable.


Mais un élément nouveau change la donne : les Émirats arabes unis ne sont plus le paradis des trafiquants et des détourneurs. Depuis l’entrée en vigueur, en novembre 2022, du traité bilatéral d’extradition entre Bruxelles et Abou Dhabi, les cas concrets s’accumulent. Drogue, criminalité organisée, blanchiment : des barons autrefois intouchables ont été remis à la Belgique. Quatre extraditions confirmées en moins de trois ans, dont une pour blanchiment d’argent, annoncent un tournant. Demain, ce mécanisme pourrait s’étendre aux dignitaires congolais dont les fortunes sont logées à Dubaï. Les sables du Golfe, longtemps synonymes d’impunité, deviennent mouvants.


Une justice belge réveillée par la société civile congolaise

Depuis des mois, des organisations de la diaspora congolaise en Belgique multiplient les dépôts de plaintes documentées devant les juridictions. Elles dénoncent les flux financiers suspects qui, en quittant la RDC, s’évaporent dans les sables de Doha et les tours de Dubaï, via des sociétés-écrans patiemment construites. Bruxelles, longtemps accusée de complaisance, a dû se résoudre à ouvrir des enquêtes préliminaires. Le CTIF, cellule de renseignement financier, a été saisi.

Ce réveil est inédit : la Belgique, jadis terre d’accueil confortable pour les fortunes d’origine douteuse, devient théâtre d’une possible reddition de comptes.


La famille Tshisekedi dans le collimateur

Les premiers projecteurs se sont braqués sur la Première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, ainsi que sur ses frères Jacques, Christian et Thierry Tshisekedi. Tous trois sont détenteurs de la nationalité belge. Ils auraient, selon les ONG, investi dans l’immobilier de luxe au Qatar et aux Émirats. Les enquêteurs belges s’interrogent : d’où viennent les fonds ? Plusieurs indices pointent vers les circuits opaques des revenus miniers.

Le symbole est puissant : l’épouse du chef de l’État et ses frères ne peuvent plus se protéger derrière leur passeport européen. La nationalité belge, jadis un rempart, devient une brèche judiciaire. Se dessine ici un schéma implacable : une élite congolaise à double passeport, tirant parti de l’opacité financière du Moyen-Orient et de la complaisance de Bruxelles.


Les généraux de nationalité belge et l’argent des guerres

L’étau ne s’arrête pas aux civils. Plusieurs officiers supérieurs des FARDC, eux aussi détenteurs de la nationalité belge, figurent dans les dossiers. Selon les plaignants, une partie des budgets militaires destinés à l’Est aurait été détournée avant d’être recyclée dans des investissements immobiliers au Golfe.

L’équation est explosive : le matériel miitaire, censé protéger les populations, devient une source d’enrichissement personnel. Pour la première fois, des généraux congolais pourraient être convoqués non pas à Kinshasa, mais à Bruxelles.


Le rôle des accords internationaux et la coopération judiciaire effective

La Belgique a signé en 2021 un accord d’extradition avec les Émirats arabes unis, entré en vigueur en 2022. Ce texte ne reste pas lettre morte : il a déjà produit des effets. En décembre 2023, un ressortissant albanais impliqué dans un assassinat à Bruxelles a été livré. En mars 2024, Nordin El Hajjioui, dit Dikke Nordin, baron de la cocaïne, a été extradé malgré des années de recours. En octobre 2024, John Bico Penaque a été remis pour blanchiment d’argent et faux en écriture : preuve que les crimes financiers, et pas seulement les trafics, sont concernés. Enfin, en juillet 2025, trois figures majeures du crime organisé, dont Othman El-Ballouti, surnommé le « Roi de la cocaïne », ont été extradées collectivement.

Ces cas montrent que la coopération judiciaire n’est pas une fiction. Les Émirats, longtemps accusés de complaisance, veulent désormais soigner leur image internationale. La présence à Bruxelles d’un magistrat fédéral spécialement dédié aux relations avec les Émirats témoigne de la solidité nouvelle du dispositif.

Pour les dignitaires congolais qui ont placé leurs avoirs au soleil de Dubaï, le message est clair : demain, ce qui s’est fait pour les barons de la drogue peut s’appliquer à eux.


Des ONG en éclaireurs

Ces plaintes ne surgissent pas du néant. Depuis des années, des ONG congolaises et européennes accumulent rapports, témoignages et preuves bancaires. Leur stratégie est limpide : contourner l’inertie d’une justice congolaise bâillonnée et frapper là où les responsables se croient à l’abri - en Europe, où ils disposent de papiers d’identité belges. « Si nos tribunaux sont réduits au silence, alors allons chercher justice là où nos voleurs cachent leur argent », résume un militant rencontré à Bruxelles.


Un séisme politique en gestation

À Kinshasa, le choc est réel. Jamais le cercle présidentiel n’avait été aussi frontalement exposé. Félix Tshisekedi, qui s’était présenté comme l’homme de la rupture avec les pratiques de l’ère Kabila, voit désormais ses proches pris dans le même engrenage. Pour l’opposition, c’est une manne politique. Certains parlent déjà d’un « Qatargate congolais ». D’autres soulignent que le régime Tshisekedi n’a pas seulement prolongé le système Kabila : il l’a amplifié.


Bruxelles, arbitre involontaire du destin congolais

La Belgique n’a pas cherché ce rôle, mais elle l’endosse désormais. Si ces enquêtes aboutissent, elles risquent d’ébranler l’image internationale du président congolais et de redistribuer les cartes à Kinshasa. Car derrière quelques villas scintillantes à Doha ou Dubaï se cache une vérité brutale : les richesses de la RDC, pays meurtri, continuent de s’évaporer dans les sables étrangers.


Conclusion : la fin d’une impunité confortable ?

L’histoire ne fait que commencer. Les enquêtes prendront du temps. Mais une certitude s’impose déjà : les dignitaires congolais détenteurs de la nationalité belge ne sont plus intouchables. Bruxelles, autrefois refuge discret, devient tribunal.

Et demain, les Émirats eux-mêmes pourraient devenir un relais de cette reddition de comptes. Les extraditions récentes montrent que Dubaï n’est plus le havre des trafiquants et des pilleurs de richesses. Les dignitaires congolais le savent désormais : la terre promise de leurs fortunes illégitimes se transforme en piège judiciaire.

Une ère s’achève : celle où l’on pouvait être Congolais à Kinshasa et Belge à Bruxelles, en pillant impunément les richesses du pays et en les abritant à Dubaï. Désormais, les juges belges et les accords internationaux se chargent de rappeler que l’impunité n’est pas éternelle.



 
 
 

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