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  • Photo du rédacteurmutambak96

Philippe et Mathilde au pays du RAM



« Les Belges ont décidément complètement raté leur politique post-coloniale. Pour eux, Tshisekedi leur convient car il dit oui à tout… quant au peuple congolais, ils n’en n'ont rien à foutre. A la rigueur, la santé des gorilles les préoccupe beaucoup plus », affirme un expatrié à l’annonce de la visite imminente du Roi des Belges en RDCongo. Le ton est lancé. Le voyage du couple royal belge dans l’ancienne colonie dirigée par Félix Tshisekedi est à coup sûr un pari risqué pour le Chef de l’Etat belge. Pas facile de marcher dans les pas de son oncle Baudouin baptisé à l’époque « Bwana Kitoko », le bel homme par les Congolais !



En 1930, à la suite de Quick et Flupke et du célèbre agent 15 du quartier des Marolles, « Tintin au pays des Soviets » faisait connaître au monde le plus célèbre reporter belge de tous les temps. Près de 100 ans après, à la lecture du communiqué du Palais de Laeken, les observateurs pourraient largement emprunter au célèbre héros de Hergé le titre de sa première aventure en annonçant le voyage de « Philippe et Mathilde au pays du RAM ». Car pour une aventure c’est une aventure dans laquelle le couple royal belge s’est engagé en annonçant sa joyeuse entrée au Congo de Félix Tshisekedi. Pour sa visite programmée du 06 au 10 mars, le Chef de l’Etat belge et sa charmante épouse seront accompagnés du Premier Ministre Alexander De Croo, de la Cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès et de la ministre de la Coopération au Développement Meryame Kitir.

Royal soutien à un régime illégitime


Depuis sa fameuse lettre adressée au Président Tshisekedi dans laquelle il exprimait des « regrets » historiques pour le passé colonial de son pays, rien ne pouvait décourager le Roi des Belges de se rendre en RDCongo ! Toutes les préventions et alertes de ses plus proches collaborateurs auront été vaines. Philippe et Mathilde étaient tellement déterminés à faire leur safari au Congo que c’est dans la précipitation que le gouvernement s’est finalement résolu à satisfaire la folle envie pressante du Souverain. Pour le chef de file de la coalition Vivaldi, il fallait tout faire pour concrétiser le vœu royal au regard de la date-limite du mois de mars 2022 au-delà de laquelle, la visite de Philippe de Belgique aurait été à coup sûr interprétée pour un soutien déclaré au Président Tshisekedi, qui après avoir négocié la magistrature suprême avec son prédécesseur est aujourd’hui candidat à sa succession en 2023. « Félix n’a jamais été élu. Comment le Palais peut cautionner tout cela ? », affirme un expatrié belge qui se bat pour conserver à flot son entreprise. Il surenchérit en affirmant que « Cette visite équivaut à cautionner un régime illégal et kleptocratique avec un président qui n’ jamais été élu démocratiquement ».




C’est pourtant dans un pays en proie à une crise sécuritaire et alimentaire d’une exceptionnelle gravité que le couple royal belge a décidé de braver les recommandations de prudence des observateurs les plus avertis. A l’Est du pays, dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, le régime congolais a décrété l’Etat de siège. Les autorités militaires se sont substitués à l’administration civile. Y compris à la justice. Elles y administrent leur loi. Les troupes ougandaises ont été invitées officiellement par le gouvernement afin d’opérer la traque des groupes armés qui massacrent les populations. Régulièrement, les villageois sont massacrés. Avec 5 millions de déplacés internes, la RDCongo affiche un bilan catastrophique. Aucun d’entre eux n’est rentré dans son village. Au contraire, les massacres continuent. La résurgence du M23 et le maintien en activité des groupes armées illustrent l’échec patent du pouvoir de Kinshasa à apporter une solution à une guerre de 30 ans.


Trois millions d'enfants en danger de mort

Dans le reste du pays, y compris dans la capitale, les restrictions liées à la pandémie COVID19 ainsi que la corruption généralisée de tous les corps de l’Etat ont conduit à une situation de crise alimentaire sans précédent. A côté de plus de cinq millions des déplacés internes suite aux violences des groupes armés, les Nations Unies à travers ses agences relèvent que plus de 27 millions de Congolais, soit un quart de population, souffre de la faim. Le FAO et le PAM ont tiré la sonnette d’alarme sur la présence de 3 millions d’enfants en malnutrition sévère. L’ensemble de la RDCongo vit en situation de stress alimentaire et de détresse continue.


Le Roi des Belges arrive en RDCongo où les épisodes les plus inattendus se succèdent les uns aux autres. L’exclusion de Jean-Marc Kabund de l’UDPS dont il occupait provisoirement la présidence et l’arrestation fracassante du premier flic du Congo, François Beya, pour une soit-disant tentative de coup d’Etat transformée en déstabilisation des institutions participent d’une séquence politique agitée dont Kinshasa a le secret. En réalité, sous les apparences d’un bon vivant aux allures débonnaires, les Congolais découvrent en Félix Tshisekedi un homme brutal et sournois qui n’hésite pas à se débarrasser de ses alliés les plus encombrants. Tout qui pourrait faire de l’ombre à son pouvoir est écarté sans ménagement. Pour se faire, le président congolais joue des rivalités de palais au sein d’une cour mérovingienne où règne une corruption généralisée et dans laquelle les favorites se disputent une place au soleil dans le sérail.


Pour accueillir le couple royal belge, Félix Tshisekedi n’a pas lésiné sur la dépense. Le Mont Ngaliema cher à son prédécesseur le maréchal Mobutu Sese Seko a été réhabilité à grands frais. La bagatelle de plus de 180 millions USD y a été investie. C’est dans des draps en soie hors de prix et en foulant le marbre de Carrare posés par des artisans tout droit venus d’Italie que Philippe et Mathilde pourront reprendre leur souffle au cours de leur périple congolais. Pour leur peine, en vertu de l’attention portée par le souverain belge aux entreprises du royaume, c’est une société belge, le groupe Malta Forrest, qui a été chargée de réaliser le gros œuvre de cette réhabilitation. Ce marché de gré à gré s’élèverait à plus de 80 millions USD. Quant au reste de la somme astronomique engloutie dans le Mont Ngaliema, la surfacturation des décorations, de la menuiseries et des sanitaires aura fait le bonheur des proches qui vivent des faveurs du Prince.


En réalité, depuis son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi a fait main basse sur les ressources de l’Etat congolais. A l’image de ses prédécesseurs, le fils d’Etienne Tshisekedi gère le Congo comme un bien privé. En trois années d’exercice de pouvoir, l’institution dont il a la charge a consommé 691 millions USD, à raison de 170 millions USD en 2019, 163 millions en 2020 et 358 millions en 2021. Les chiffres donnent le vertige. Afin d’entretenir son train de vie somptuaire, le Président Congolais s’est fait allouer par sa majorité issue de l’Union Sacrée le montant de 273 millions USD. S’il se limite aux dépenses votées, cela équivaut à plus de 22 millions USD/mois, soit près d’un million USD par jour ouvrable ! Les députés et sénateurs congolais ne sont pas en reste puisqu’ils se sont alloués pour l’exercice 2022 le montant de 353 millions USD. Alors que les enseignants, les militaires et les fonctionnaires sont réduits à vivre d’un salaire de misère, les 608 députés et sénateurs et le président de la République accumulent un budget de 626 millions USD. Difficile à croire dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 USD/jour.




Hormis la caisse de l’Etat dans laquelle Félix, son épouse Denise et ses proches puisent généreusement, une multitude de scandales émaillent la vie quotidienne congolaise. Les commissions plantureuses sur la dette intérieure viennent arrondir les fins de mois difficiles de la fratrie. Quant à l’exploitation des carrières et des rejets miniers du Katanga, une estimation des revenus de la famille Tshisekedi tirées des partenariats de Christian Tshisekedi, Kally et consorts avec des opérateurs chinois et libanais avoisinent les 2 millions USD/jour. C’est donc à une véritable entreprise de prédation officielle à laquelle on assiste en RDCongo.


Parmi les produits vedettes du Président Congolais, le RAM est sans conteste une trouvaille peu commune des cerveaux qui entourent Félix Tshisekedi. Orange, Vodacom, Africell et Airtel soutirent les fonds des utilisateurs qui sont versés dans le compte de l’ARPTC dont la tutelle relève du Président de la République. Depuis 2020, ce prélèvement annuel de 7 USD est effectué automatiquement auprès de tout détenteur d’un téléphone mobile connecté au réseau 3G ou 4G. Ces fonds n’étant pas retracés, l’Assemblée Nationale et le Sénat ont exigé de mettre fin définitivement à ces prélèvements. Aucune suite n’a été accordée à cette injonction de la Représentation nationale congolaise. C’est donc en tout puissant Seigneur que Félix Tshisekedi règne sur un peuple affamé et met la RDCongo en coupe réglée. Cette situation attise la colère des jeunes Congolais qui dénoncent la visite du Roi et de la Reine des Belges au Congo. « Les Congolais ne devraient même plus se soucier de l’avis de Bruxelles. A la limite, on a de la sympathie pour Emmanuel Macron, pour Berlin et Londres. Mais la Belgique… une plaisanterie, un fantôme du passé ! » affirme avec amertume un jeune Congolais qui cherche du travail à Kinshasa après ses études à Liège en Belgique.


Achat de villas à Bruxells, Waterloo et Knokke

L’histoire demeurerait congolaise si les fonds détournés des caisses de l’Etat et les recettes illégales générées par le RAM n’était pas en partie investie dans les résidences somptuaires acquises par Félix et Denise Tshisekedi dans la banlieue chic de Bruxelles. Ces deux dernières années, ce sont près de six villas que le couple présidentiel congolais a acheté à Waterloo, Rhodes Saint Genèse, Uccle, Tervueren et Knokke. Récemment, la Première Dame du Congo a procédé à la décoration d’une des résidences du couple en recrutant à grands frais un décorateur français.





Au moment où le Roi des Belges s’apprêtent à fouler le sol congolais, les acquisitions de la famille Tshisekedi à Bruxelles défraient la chronique. En se constituant frauduleusement un patrimoine considérable dans l’ancienne métropole, Félix Tshisekedi s’expose à la justice. A l’image de la justice française qui a condamné récemment Theodorin Obiang, le Vice-Président de Guinée Equatoriale à 3 ans de prison et 30 millions d’euros d’amendes, il ne fait aucun doute que la justice belge ne demeurera pas longtemps les bras croisés face aux accusations de blanchiments de détournements de fonds publics, d’abus de confiance, de biens sociaux et de corruption à l’endroit de Félix et Denise qui se sont jetés dans une course effrénée aux acquisitions immobilières de luxe.






Si aujourd’hui, c’est son prédécesseur Joseph Kabila qui se retrouve sous les feux de l’actualité dans le dossier Congo Hold Up, il y a fort à parier que demain, les associations Sherpa et Transparency International qui ont mis à jour les fortunes colossales des familles régnantes africaines ne tarderont pas à scruter celle de Félix Tshisekedi. Bonne raison pour ce dernier de courtiser assidument Philippe et Mathilde ! Jusqu’où les protections du Palais couvriront-elles les turpitudes du couple régnant Congolais ? L’avenir le dira !

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