Le retour de Dany Banza dans la cour du Roi Soleil
- mutambak96
- il y a 4 jours
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À Kinshasa, les revenants ont toujours le vent en poupe. Dany Banza, exilé volontaire après avoir froissé le Roi Soleil, revient au pays comme un acteur qui réclame son rôle dans une pièce dont il n’a jamais vraiment quitté la scène. Officiellement, il revient servir. En réalité, il revient réclamer. L’argent, l’influence, et la place qu’il pense toujours mériter à la droite du monarque.
À Paris, lors d’une rencontre improvisée avec Félix Tshisekedi, la scène a des airs de comédie improvisée. Le président, mi-amusé, mi-méfiant, lui glisse : «Mais qu’est-ce que tu fais encore là ? » Banza, l’air innocent : « Je me prépare à rentrer à Kinshasa avant de filer au Katanga. »
Le ton est badin, mais l’échange révèle tout : l’un croit dominer, l’autre tisse déjà ses filets. Derrière les sourires, chacun jauge l’autre : Tshisekedi pense contrôler, Banza a déjà tendu les fils invisibles de sa toile. Ce retour, Banza le drape d’une fidélité exemplaire. Mais derrière les sourires calculés, c’est l’intérêt qui dicte la danse.
L’homme qui brûlait les effigies pour vendre sa loyauté
Les mémoires courtes oublient vite les flammes. C’est pourtant lui, Dany Banza, qui orchestra jadis la mise en scène la plus grotesque de l’ère Tshisekedi : les effigies du chef de l’État livrées au feu par de prétendus “extrémistes” de l’UNAFEC, le parti de feu Baba Kyungu.
En réalité, c’était un théâtre complet, monté de toutes pièces. Le stratagème ? Provoquer la colère pour mieux jouer le pacificateur. Le pyromane déguisé en pompier.
À Kinshasa, la mise en scène prit : le président, apaisé, crut voir en lui un allié sûr pour amadouer un Katanga frondeur.
Erreur fatale. Sous le masque du fidèle serviteur, Banza plaçait tranquillement la famille Tshisekedi au cœur des affaires minières artisanales, via ses partenaires chinois, indiens et libanais. Il “ouvrait” le Katanga, oui — mais à coups de contrats troubles, d’enveloppes discrètes et de deals triangulés. Ni pour le Congo, ni pour le Katanga : pour lui, toujours.
L’exil de la peur, maquillé en retraite tactique
Puis vint l’instant fatal. Le soir de trop. Face à Félix Tshisekedi, Dany Banza commit l'impardonnable : il ose lui dire qu’il ne faut pas toucher à la Constitution. Conseil de bon sens, erreur politique.
Le Roi Soleil n’aime pas les éclipses : son entourage kasaïen gronde, la cour fulmine.
Banza comprend qu’il a franchi la ligne rouge. Celui qui se croyait intouchable choisit la fuite. Officiellement, il part “pour raisons personnelles”. En vérité, il fuit la colère du palais, plus rapide et plus froide que la justice.
Il se cache derrière un exil de façade, attendant que la peur se dissipe pour revenir faire acte de contrition. En vérité, une cavale de stratège : esquiver la bourrasque pour resurgir une fois l’orage dissipé, en quémandant l’absolution.
Le retour du marchand de loyautés
Deux ans plus tard, le voilà qui resurgit, mine contrite, discours rodé.
“Je veux servir mon pays, je veux servir le Président”, ânonne-t-il. Le refrain a changé de tonalité, pas de sens.
Car derrière les déclarations patriotiques, le véritable programme reste celui du portefeuille. Banza revient solder ses comptes : récupérer l’argent que ses partenaires chinois et libanais lui doivent, raviver ses réseaux dormants, et rejouer la carte du “pont katangais” au service de Tshisekedi.
Il annonce une tournée politique dans le Grand Katanga pour plaider le changement de la Constitution. Ironie suprême : hier, il fuyait pour s’y opposer ; aujourd’hui, il revient pour le défendre. La conviction de Dany Banza ? Celle du tiroir-caisse : elle s’ouvre toujours du bon côté.
Le double jeu de Paris
Les salons du Quai d’Orsay en sont témoins : Danny Banza n’a jamais coupé les ponts avec ses contacts français des services de renseignement.
À eux, il livre sa vérité parallèle : « Tshisekedi pense m’utiliser pour faire avaler sa réforme. Il se berce d’illusions, mais je dois jouer le jeu et feindre le zèle. » Ce n’est pas de la diplomatie, c’est du cynisme pur, servi avec l’élégance du mensonge professionnel. Il joue double, triple, à la manière d’un illusionniste qui ne sait plus lui-même où se cache sa propre carte. À Paris, il murmure. À Kinshasa, il promet. Au Katanga, il négocie. Et partout, il encaisse.
Son instinct politique reste affûté : il flaire le vent avec le retour imminent de son acolyte Fortunat Biselele, futur maître des coulisses à la tête des services de sécurité.
Le duo Banza-Biselele, c’est la résurrection de la duplicité d’État. L’un intrigue, l’autre verrouille. Banza manœuvre, Biselele protège. Une allégeance de vitrine. Et Tshisekedi, comme souvent, croit encore qu’il dirige la pièce.
L’homme-chantage
Dany Banza n’a jamais pratiqué d’autre art que celui du chantage, érigé en survie.
Chantage politique, en brandissant ses secrets pour placer ses hommes à des postes.
Chantage financier, en bloquant des flux pour exiger sa part.
Chantage affectif, en jouant le confident du clan Tshisekedi pour mieux s’en prémunir.
Il se vante de détenir “les clefs de la famille”, les secrets, les comptes, les rancunes.
Il les distille comme un poison lent : jamais assez pour tuer, toujours assez pour faire trembler. Une spécialité maison : la menace suspendue, permanente, rentable.
Le retour d’un illusionniste
Alors, le 8 novembre, quand Danny Banza posera le pied à Ndjili, qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas un homme d’État qui rentre, mais un acteur professionnel de la duplicité congolaise. Son retour n’annonce ni réforme ni rédemption, mais une nouvelle saison d’intrigues, de deals et de faux serments. Quand il parlera de “changement constitutionnel”, souvenez-vous : ce n’est pas le Congo qu’il veut transformer, c’est sa propre fortune.
Et comme toujours, la question n’est pas de savoir s’il trahira, mais simplement : qui trahira-t-il d’abord ? Le 8 novembre, Kinshasa applaudira peut-être son retour. Mais dans les coulisses, ceux qui connaissent le scénario savent déjà comment se termine l’acte : Dany Banza ne revient jamais pour servir, il revient pour se servir.




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