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  • Photo du rédacteurmutambak96

Félix Tshisekedi exige la tête d'Augustin Matata Ponyo




Prévue ce samedi 05 juin à 12 heures à la Cité de l'Union Africaine, la réception des sénateurs de l'Union Sacrée par le Chef de l'Etat Félix Antoine Tshisekedi s'est finalement déroulée à 20 heures. Assis à la distance sociale imposée par la pandémie COVID, une soixantaine de sénateurs ont sagement écouté les recommandations du Chef de l'Etat. La première d'entre elles consiste en la levée de l'immunité de l'ancien Premier Ministre Augustin Matata Ponyo. Félix Tshisekedi met tout son poids dans la balance pour obtenir la tête de l'ancien Premier Ministre de Joseph Kabila. Et pour le Chef de l'Etat, les arguments ne manquent pas. Le Sénat ne doit pas montrer le mauvais exemple et s'ériger en obstacle à sa justice.


"Avez-vous entendu mon coup de gueule contre les miniers à Lubumbashi ?" , a demandé le Président de la République au parterre de sénateurs assis devant lui en position d'écoliers. Plein d'assurances, Félix Tshisekedi n'est pas peu fier de son oukase aux exploitants miniers. Même si cette sortie a des airs de déjà entendu, le Chef de l'Etat a compris qu'il est toujours indiqué de faire preuve d'autorité quand on évoque les groupes étrangers qui ne redistribuent pas assez leurs bénéfices aux Congolais. Dans ce dialogue à sens unique, les sénateurs de l'Union Sacrée sont venus écouter. Chacun doit jouer la même partition. Tous acquiescent sans sourciller au discours du Président de la République. Certains, les yeux brillants, opinent énergiquement de la tête pour montrer au Chef leur parfaite adhésion.


A l'évidence c'est moins pour parler de son voyage au Katanga que des problèmes qui le préoccupent que Félix Tshisekedi a décidé de convoquer le président du Sénat Modeste Bahati et sa troupe. En réalité, trois dossiers ont été abordés par le Président de la République. Il s'agit de la levée d'immunité de Matata, de la question de la réforme de la nationalité et enfin de l'avenir de l'Union Sacrée. Or, sur la question de la levée de l'immunité d'Augustin Matata, Modeste Bahati a les pires difficultés à imposer la ligne présidentielle aux sénateurs. Il a besoin du renfort du Chef de l'Etat. Stratégie fine de l'élu de Bukavu qui veut faire porter le chapeau au Chef de l'Etat ou véritable aveu d'impuissance du président du Sénat qui a déjà eu maille à partir avec son prédécesseur Alexis Thambwe Mwamba et qui s'en prend ouvertement aujourd'hui à Matata Ponyo, deux grandes figures politiques du grand Kivu ?

Pour Félix Tshisekedi, le Sénat est une chambre indocile. Elle pourrait l'empêcher d'obtenir la majorité qualifiée des 3/5 du Congrès pour obtenir les modifications de la Constitution dont il parle depuis son accession à la magistrature suprême. Il règne dans la Chambre haute une forme d'indépendance qui peut, s'il n'y prend pas garde, se transformer en fronde. Preuve en est, le refus des vénérables sénateurs d'accéder à la demande de la levée d'immunité parlementaire qui leur a été transmise par la Cour Constitutionnelle. "Quelle que soit la raison, bonne ou mauvaise, cette décision est allée à l'encontre du projet du Chef de l'Etat qui ne supporte pas de voir le Sénat lui résister", affirme un conseiller du Chef de l'Etat.


Mais en ce qui concerne le dossier Matata, même si la partie est très mal engagée pour l'ancien Premier Ministre qui fait face au Chef de l'Etat et à l'Union Sacrée, elle n'est pas pour autant gagnée pour le camp présidentiel. En mettant tout son poids politique contre Matata Ponyo, Félix Antoine Tshisekedi opère désormais à visage découvert. Il est déterminé à engager le dossier Matata sur le plan politique. Qu'il soit bien ou mal ficelé, peu importe ! Aux yeux du Président, il faut porter un coup fatal à la famille politique de son prédécesseur et, par la même occasion, écarter le candidat FCC le plus gênant pour la présidentielle de 2023.

Dans les travées de l'hémicycle de la chambre haute, il bruisse d'étranges rumeurs. "Après Matata, ce sera le tour d'André Kimbuta, l'ancien gouverneur, d'Evariste Boshab, l'ancien président de l'Assemblée Nationale, de José Makila, l'ancien ministre des Transports et de Moïse Ekanga, le tout puissant patron des dossiers chinois", affirme un fonctionnaire qui a fait toute sa carrière au Sénat. Matata serait donc l'arbre qui cache la forêt.


Pour l'UDPS et son chef de file, l'immunité parlementaire de l'ancien Premier Ministre constitue la toute dernière digue qu'il faut abattre. Les poursuites judiciaires vont inévitablement conduire à la décapitation des FCC. Dans les réseaux sociaux, le combat des sénateurs qui refusent de livrer Matata Ponyo à la justice congolaise est critiqué. Mais des doutes de plus en plus graves planent sur l'indépendance de la justice dont les plus hauts magistrats récemment nommés appartiennent au clan présidentiel. Une nouvelle défaite parlementaire du camp politique de Joseph Kabila accélèrera le démantèlement du groupe des rescapés FCC qui résistent encore au rouleau compresseur de l'Union Sacrée.

"Le grand nettoyage décidé par Félix Tshisekedi va écarter momentanément tout danger pour le Chef de l'Etat, mais nul ne peut dire quelles en seront dans deux ou trois ans les conséquences", analyse un observateur de la scène politique congolaise qui constate que la grande opération mains propres ne visent que des leaders swahilophones.

De Vital Kamerhe à Matata Ponyo en passant par Richard Muyej Mangeze, ce sont tous les leaders de l'Est du pays qui sont désormais menacés de retraite politique précoce. "Il faut redouter que cela n'aboutisse à des réactions populaires très hostiles au pouvoir d'autant qu'en écartant ces personnalités, tout le monde dit qu'on déshabille Saint Paul pour habiller Saint Pierre", conclut cet analyste. On observe que de nombreux indices révélant l'implication des proches de la famille présidentielle et des conseillers du Chef de l'Etat dans la gestion des mines du Lualaba et du Haut Katanga exacerbent des tensions de plus en plus fortes dans provinces minières du pays.


La levée de l'immunité de l'ancien Premier Ministre pourrait également conduire à un grand déballage qui n'épargnera aucun des responsables qui ont eu à gérer les dossiers économiques de la République entre 2011 et 2015. De nombreux regards se tournent en direction de l'ancien ministre de l'Economie de Matata, aujourd'hui Président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo dont le zèle à accélérer la levée d'immunité de son ancien Premier Ministre n'a d'égale que sa plus extrême docilité aux ordres du Chef de l'Etat. Le dossier Matata a tous les aspects d'une bombe à fragmentation entre les mains de celui qui a eu à partager avec Joseph Kabila les plus grands secrets de la République.

En ce qui concerne la réforme de la nationalité, le Chef de l'Etat a pris soin de rappeler aux sénateurs sa volonté de voir une évolution positive des textes ayant trait à la fin de l'exclusivité de la nationalité congolaise. Avec un infinie prudence, Félix Tshisekedi laisse ce dossier à la responsabilité des députés et sénateurs. Enfin, il a rappelé que le temps viendra de la transformation éventuelle de l'Union Sacrée pour une victoire électorale en 2023.

"La réunion de ce samedi 05 juin n'était qu'un rappel à l'ordre", a dit le conseiller du Président. Elle a donc été expédiée en 30 minutes. Et cette fois, il a pas été question pour les sénateurs de prendre part aux agapes de la présidence. Ni dîner, ni orchestre, ni piste de danse ! Juste un petit viatique de 2.000 dollars US par sénateurs pour le transport. Histoire de respecter les us et coutumes... Les sénateurs se doivent d'apporter au Chef de l'Etat la tête d'Augustin Matata pour espérer obtenir le même statut que les députés nationaux qui eux ont droit à d'autres égards.

Désormais le Parlement congolais doit marcher au pas. Gare aux récalcitrants.

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