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Christian, Kally, Fifi… les nouveaux prédateurs de la RDCongo



Sociétés fictives, comptes opaques, transferts d’argent en cash, associés douteux, complicités bancaires, etc. Entre les méthodes des amis de Joseph Kabila dénoncées par l’administration américaine et les protégés de Félix Tshisekedi, rien n’a changé. A croire que, manquant d’imagination, les nouveaux venus n’ont eu d’autres obsessions que d’appliquer les méthodes douteuses de ceux qu’ils ont remplacés. La seule différence est la précipitation avec laquelle ces nouveaux prédateurs – pour la plupart venus de l’étranger - se déploient partout en quête des dollars faciles. On comprend donc les raisons de l’extrême prudence affichée par la Maison Blanche à recevoir le nouveau maître du Congo dont la famille et les proches sont directement impliqués dans l’exploitation des mines et carrières du Katanga.


Depuis les élections de 2018, pratiquement trois années se sont écoulées sans que le Président Félix Tshisekedi n’ait eu accès au Bureau Ovale. La Maison Blanche affiche une distance non feinte vis-à-vis du président congolais. Cela, en dépit des efforts de l’ambassadeur américain Mike Hammer qui peine à rassurer les Etats-Unis sur la capacité de Félix Tshisekedi à mettre en place les conditions d’une paix durable et surtout à lutter efficacement contre la corruption. En réalité, à Washington, comme à Bruxelles, Londres et Paris, les effets d’annonce du régime Tshisekedi ne trompent aucun observateur. En près de 36 mois de gouvernance, ce sont des centaines de millions de dollars que la famille présidentielle a mis de côté dans les banques belges, françaises, britanniques et au Moyen Orient.

Dans les couloirs du Congrès américain, on murmure que des sanctions pourraient être adoptées contre les nouveaux prédateurs. Les sommes colossales qui s’évadent de la RDCongo préoccupent de nombreuses capitales. Malgré le soutien affiché par le FMI, la Banque Mondiale et plusieurs bailleurs de fonds, plus personne ne cache ses doutes sur la volonté réelle des autorités congolaises à freiner les dépenses de fonctionnement d’un Etat incapable d’assurer ses fonctions régaliennes et de livrer les prestations sociales de base élémentaires à la population. Au contraire, plus les Congolais s’appauvrissent, plus les comptes bancaires établis en RDCongo et à l’étranger d’une poignée d’individus proches du pouvoir affichent des sommes astronomiques. En toute innocence, ces Congolais que les banquiers rangent dans la catégorie des personnalités politiquement exposées continuent à sortir chaque mois des dizaines de millions de USD de la RDCongo en direction de l’étranger.

Aux Etats-Unis, le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor américain qui a sanctionné Dan Gertler, sa fondation familiale et 18 de ses entreprises en vertu du décret présidentiel 13818 reposant sur le Human Rights Accountability Act (loi sur la responsabilité concernant les droits humains), mieux connu sous le nom de loi Global Magnitsky est saisi des agissements de plusieurs proches et alliés du président Tshisekedi.

Pour rappel, le décret présidentiel 13818 et la loi Global Magnitsky autorisent le président américain à infliger des sanctions économiques aux personnes suspectées d’être responsables de violations des droits humains et de faits de corruption graves partout dans le monde, dans la mesure où les actes des individus figurant sur la liste "ont atteint une telle ampleur et gravité qu'ils menacent la stabilité des systèmes politiques et économiques internationaux".


A l’époque, dans le communiqué de presse qui annonçait les sanctions contre l’homme d’affaire israëlien, le Trésor américain décrivait Gertler comme un « homme d'affaires international et milliardaire qui (...) s'est servi de son amitié étroite avec le président congolais Joseph Kabila afin de s'imposer comme intermédiaire dans la vente d'actifs miniers en RDC (...) En conséquence, entre 2010 et 2012 seulement, la RDC aurait perdu plus de 1,36 milliard de dollars de revenus du fait de la sous-évaluation d'actifs miniers vendus à des sociétés offshores liées à Gertler ». À cette époque, 1,36 milliard de dollars représentait le double des dépenses annuelles de la RDC pour la santé et l'éducation réunies.


Aujourd’hui, les montants évadés de la RDCongo sont d’un ordre identique à celui opéré par Joseph Kabila et ses amis. Si la RDCongo a vécu sa première alternance de pouvoir apaisée, pour ce qui est des méthodes de gouvernance, on peut craindre que les choses n’ait pas changé. Les efforts de l’Inspection générale de Finances qui traquent les détourneurs des derniers publics ont malheureusement tous les traits d’un énorme trompe-l’œil !


En effet, à travers le pays, un petit groupe de nouveaux prédateurs a tissé une véritable toile qui prend chaque jour plus d’importance à travers tout le pays. Chaque mois, plusieurs milliers de tonnes de cuivre extraites des rejets de la Gécamines font la fortune du clan présidentiel. Une dizaine de carrières sont gérées par des membres de famille. Au quotidien, près de 150 camions évacuent 7.500 tonnes de terres d’une teneur de 3% de cuivre et de cobalt, soit 225 tonnes/jours de minerais. En une année, près de 80.000 tonnes de cuivre sont négociées par les nouveaux prédateurs congolais. Profitant de la montée des cours des matières premières, ce pactole représente une valeur annuelle de 750.000.000 Usd partagées par les Christian, Kally, Jean-Claude et autres affidés au rang desquels on trouve quelques gouverneurs de provinces en complicité avec des exploitants chinois et indiens.

Une investigation menée dans les provinces du Haut Katanga et du Lualaba permet d’établir une liste non exhaustive des activités des nouveaux prédateurs congolais. Au centre de tous les négoces du clan Tshisekedi, les Chinois Sarah Young, Djang Soleil, Pey, Lee, Commandant Djung et Alex Gung coordonnent toutes les opérations. Carrières, mines, centres de négoce et usines de transformation sont sous la coupe des proches du Président Tshisekedi :

  • La carrière Katapula (derrière KCC) et plus de 50 dépôts de cuivre et de cobalt gérés par Kally Tshisekedi et le Chinois Soleil Djang.

  • La carrière Tilwezembe exploitée par la société chinoise Thomas en partenariat avec Fifi Masuka et Kally Tshisekedi. Une petite usine de transformation est actuellement en construction.

  • La carrière Ndjukumabwe Mwilu exploitée par Bobo et Kally Tshisekedi.

  • La carrière Bridon Gcm gérée par JC Mulumba, un cousin de Félix Tshisekedi.

  • La carrière Biwaya à Kapata disposant des rejets de la Gécamines exploitée par Joël Tshisekedi avec un Chinois dénommé Fally et la société chinoise TTC.

  • La carrière Menda dans la concession Boss Mining est exploitée par un sujet libanais Ismaël Bassel et Christian Tshisekedi. Plus de 100 camions sortent chaque jour. Des opérations de découverture ont démarré.

  • La carrière Kimbalasani dans la concession de Boss Mining délivre chaque jour avec la couverture de Christian Tshisekedi et par l’entremise de Fally, Alex et Soleil Djang, tous sujets chinois, entre 40 et 60 camions aux entreprises chinoises TTC et CCR ainsi que Oumetal.

  • La carrière 48h est exploitée par Christian Tshisekedi.

  • La carrière Mutoshi supervisée par Christian Ngandu et Nicolas Tshisekedi avec la coopérative Comialu.

  • Le Remblais Gécamines 55 supervisé par Bajitu et Marcus.

  • Dans la cité Kisanfu et au sein des installations de Comide, plusieurs dépôts et centres de négoce sont sous l’emprise de Kally Tshisekedi et de nombreux Chinois parrainés par Soleil Jang.

  • Un partenariat entre Chinois et la famille Tshisekedi s’est constitué pour Luilu Resources (Cité Nowa) où l’usine de Biyombo est en construction.

  • Le dossier Menda de 400.000 Usd/semaine partagé entre le gouverneur et Tshizainga.

Depuis février 2020, plusieurs lanceurs d’alerte ont informé des agissements des nouveaux prédateurs congolais. Mgr Pierre-Honoré Kazadi Ngube Ngube avait dénoncé la course à l’enrichissement illicite et au pillage systématique du Katanga par le clan au pouvoir. En décembre 2020, le blog mediapart reprenait ces accusations. Elles sont aujourd’hui étayées par les investigations menées dans les différents sites miniers du Katanga.

Désormais, ce n’est qu’une question de temps que les investigations menées à l’étranger dans les banques internationales ne révèlent l’ampleur de la saignée opérée par les nouveaux tenants du pouvoir de Kinshasa. Il y a fort à parier que les députés européens se saisiront de ces informations afin d’infléchir la ligne complaisante affichée par le conseil et la commission sur le dossier congolais. Aux Etats-Unis, les commissions des affaires étrangères du Congrès et du Sénat ont déjà affiché leur couleur. Les Etats-Unis veulent des élections libres, démocratiques, transparentes et inclusives en temps et en heures. Il appartiendra aux Congolais de choisir des dirigeants intègres capables de porter leurs aspirations pour des lendemains plus prometteurs.

Bernard Mulumba

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