
« S’il y a un bémol à mettre sur mon bilan, je ne suis pas satisfait du bilan dans le domaine de la justice. J’ai beaucoup compté sur le pouvoir judiciaire. Comme on le dit dans la bible, la justice élève la nation. Malheureusement dans notre cas, la justice détruit notre Nation », a déclaré récemment le Président Félix-Antoine Tshisekedi. Le Chef de l’Etat congolais ne croyait pas si bien dire en dressant le bilan de la justice congolaise. Si la situation de la justice est mauvaise, la justice du Haut Katanga l’est encore plus. La pourriture y a gagné tous les échelons.
Dans la capitale cuprifère de la RDCongo, un procureur général sème le désordre. Il s’agit du procureur général près la Cour d’Appel de Lubumbashi, M. Luakamona Mansala Mputu. Nommé le 30 juillet 2022 par l’ordonnance n° 22/118 portant nomination des magistrats civils du ministère public, ce haut magistrat règne en véritable potentat sur la justice du Haut Katanga.
Un parrain mafieux
En qualité de procureur général près la Cour d’Appel, M. Luakamona se distingue dans la couverture des trafics en tous genres, dont celui des cathodes de cuivre. A l’image de la mafia sicilienne, le haut magistrat congolais s’est établi une solide réputation de parrain dans le milieu de la justice.
Agissant sous la protection directe du Président de la Cour Constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta, 59 ans, celui-là même qui avait invité l’ancien ministre Chérubin Okende à venir s’expliquer sur sa déclaration de patrimoine, invitation au terme de laquelle le porte-parole sera retrouvé assassiné, Luakamona Mansala Mputu fait partie de la team des Kamuleta boys. Les intouchables !
Le haut magistrat ne cache pas ses liens personnels avec le présidet de la Cour Constitutionnelle dont il se dit être le favori.
Ce sentiment d’impunité a conduit le procureur général de Lubumbashi à des abus et des scandales de plus en plus bruissants. Depuis plusieurs semaines, un audio circule dans la capitale du Haut Katanga où un avocat dénonce les pratiques sexuelles du procureur général Luakamona qui a transformé son bureau en une chambre réservée à ses ébats amoureux. Parmi les conquêtes du haut magistrat, se trouve l’épouse de l’avocat ainsi que plusieurs autres femmes ayant été invitées par le haut magistrat à s’abandonner à ses désirs lubriques en échange d’arrangements en faveur de justiciables.
Sexe et minerais
Si le haut magistrat se bornait à un comportement sexuel déviant, les Katangais n’en feraient pas une affaire d’Etat. Là où le bât blesse, c’est la chasse aux sorcières engagées par le haut magistrat qui agit en bras séculier des Kasaïens sur l’UNAFEC, le parti allié au Chef de l’Etat congolais dans le Katanga. A la veille d’une campagne électorale incertaine, la légèreté de Luakamana Mansala Mputu exposerait la communauté kasaïenne à la vindicte katangaise.
A ce titre, les poursuites engagées par la justice contre le ministre de l’Intérieur, Eric Muta Ndala, une des étoiles de l’UNAFEC, condamné à la fuite et à la clandestinité, sont la goutte d’eau qui risque de faire déborder le vase katangais.
Pour rappel, la société Maj Logistics Limited avait déposé une plainte le 05 juillet dernier à l’auditorat supérieur près la Cour Militaire du Katanga contre certains officiers des Forces armées de la RDC. Selon cette correspondance, trois camions appartenant à la société Tenke Fungurume Mining et transportant les minerais de cuivre avaient été arrêtés par certains agents pour les acheminer d’abord au ministère provincial de l’intérieur puis à la 22e région militaire des FARDC à Lubumbashi. Les trois camions avaient été vidés de leurs contenus, selon cette plainte, « la nuit du 1er au 02 juillet dernier, les chauffeurs et les véhicules ont été acheminés en escorte vers Kasumbalesa pour faire disparaître frauduleusement les traces ».
Dans les milieux de l’UNAFEC, l’émoi est grand. La justice de Lubumbashi et le procureur général sont violemment pris à partie. « Dans ce dossier, la justice congolaise se ridiculise. Elle accuse notre ministre de l’Intérieur d’avoir détourné trois camions appartenant à TFM, alors que des magistrats comme Luakamona sont impliqués jusqu’au cou dans les détournements de cathodes de cuivre et tous les abus sexuels », affirme un cadre de l’UNAFEC qui ajoute, d’un ton menaçant, que « les Kasaïens qui veulent nous réduire en esclavage en détournant nos minerais et nos femmes vont voir de quel bois on se chauffe au Katanga ».
Dans un environnement sécuritaire délétère, l’affaire du ministre de l’Intérieur Muta et l’implication du Procureur Général Luakamana dans plusieurs dossiers sales sont des patates brûlantes dans les mains de Félix Tshisekedi et de la communauté kasaïenne qui régentent aujourd’hui sur le grand Katanga avec la complicité de Dany Banza et de son premier ministre Sama Lukonde.
Le Katanga est un baril de poudre et la mèche est allumée. Tout cela peut exploser bien avant le 20 décembre prochain, date des prochaine élections !
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