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  • Photo du rédacteurmutambak96

Libération de Vital Kamerhe ou l'honneur perdu de la Justice congolaise

On imaginait la RDCongo guérie des tares du passé où la Justice était sous la botte du pouvoir. A force de discours répétés sur la lutte contre la corruption et la fin de l'impunité, beaucoup de Congolais et d'observateurs étaient arrivés à croire que quelque chose avait changé avec l'arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi et surtout après son divorce fracassant avec les FCC et leur mentor Joseph Kabila. Que nenni ! Chassez le naturel et il revient au galop. En perspective des prochaines échéances électorales, le dossier des 100 jours rebondit.


Coup de tonnerre dans les rangs des hauts magistrats ! Depuis plusieurs jours, les instructions données par le Président de la République au Président de la Cour de Cassation et à celui de la Cour Constitutionnelle, ainsi qu'à la ministre de la Justice sont claires. Vital Kamerhe doit être libéré. Négocié de longue date avec les autorités françaises, le visa de l'ancien Directeur de Cabinet du Chef de l'Etat est prêt. Félix Tshisekedi attend que les juges obéissent au doigt et à l'oeil à ses ordres. Pas question de tergiverser ou d'état d'âme, la relaxe du plus célèbre détenu de la RDCongo n'est plus qu'une question de jours.


Devant l'émissaire du Chef de l'Etat venu transmettre les directives du Président Tshisekedi à la crème du pouvoir judiciaire, la ministre de la Justice Rose Mutombo Kiesse n'a pas manqué de relever qu'il conviendra d'élargir la décision en faveur de Vital Kamerhe à son co-accusé Jammal et à tous ceux qui ont été condamnés dans le dossier des 100 jours. Ancienne Avocat Général près le Parquet Général près le Conseil d'Etat, la garde des Sceaux congolaise a tout de suite compris les terribles conséquences de l'immixtion du Chef de l'Etat dans ce dossier. "Cette libération est politique. Ce ne sera pas une décision de justice ", a-t-elle déclaré sous le sceau du secret à son proche entourage. Plus qu'une éclaboussure, c'est une tache que va porter la ministre après une brillante carrière professionnelle dédiée à l'indépendance de la Justice, au combat pour la parité et la construction de la paix.


Pour tous les observateurs tant nationaux qu'étrangers, le dossier Kamerhe constitue un marqueur important dans la lutte contre la corruption en RDCongo. Les déclarations malheureuses faites par Félix Tshisekedi sur une chaîne internationale de grande audience concernant la légalité des rétro-commissions sont demeurées gravées dans toutes les mémoires. Organisé à grand renfort de médias et relayé en direct par la chaîne nationale congolaise, le procès retentissant des 100 jours ayant trait aux détournements en tout ou partie de 400 millions USD avait laissé croire dans la volonté de changement du Chef de l'Etat. Rivés derrières leurs petits écrans, tous les Congolais avait suivi les débats en direct. Une révolution au Congo ! Quelque chose avait vraiment changé. Du moins, tout le monde était invité à le croire. La condamnation de l'ancien directeur de Cabinet en première instance à 20 ans de prison était l'illustration de la fin de l'impunité.

Un an après le procès, Il ne fait plus aucun doute que la libération de Vital Kamerhe sur instruction du magistrat suprême démontre à l'évidence la mainmise du politique sur l'appareil judiciaire. L'indépendance de la Justice est retombée aux oubliettes.


"Félix Tshisekedi est obsédé par les prochaines élections. Il a compris que les Katangais ne vont pas lui permettre de revenir. Modeste Bahati est trop faible et peu fiable. Le Chef de l'Etat a compris qu'il a besoin de Vital Kamerhe pour avoir une chance de gagner en 2023", commente un analyste politique. La démission forcée du gouverneur du Lualaba Muyej Mangeze, la levée d'immunité et la condamnation imminente d'Auguste Matata Ponyo et la polémique engagée sur la nationalité de Moïse Katumbi procèdent d'une stratégie visant à écarter tous les candidats gênants. Le retour de Vital Kamerhe participe d'une volonté de reconstitution du tandem CACH et d'une fragmentation du bloc Est.

A ce jour, le Président Tshisekedi a bien pris soin d'épargner la saisie des comptes bancaires de son ancien allié et des avoirs de son épouse Amida Chatour. "Quitte à effacer les tas de casseroles que Kamerhe traîne et à devoir libérer ou acquitter toutes les personnes poursuivies dans le cadre des 100 jours, pour rester au pouvoir, Félix Tshisekedi et ses amis sont prêts à tout", affirme un responsable de la société congolaise qui se lamente de voir la justice nationale perdre ainsi son honneur.

En réalité, tout comme l'Inspection Générale des Finances, la Justice congolaise est devenue un appendice de la Présidence de la République. Ces jours-ci, et probablement jusqu'aux prochaines échéances électorales, mieux vaut pour les hommes politiques congolais mus par l'ambition de briguer la magistrature suprême éviter de se retrouver dans le viseur de ceux qui sont aux manettes du pouvoir. La démission de Muyez Mangeze, la libération de Vital Kamerhe, les poursuites judiciaires et la condamnation programmée d'Augustin Matata Ponyo sont les trois prochains épisodes de la série à suspens dont le scénario a été rédigé de main de maître par Félix Tshisekedi et sa troupe. Il est désormais bien loin le temps des engagements de lutter contre la corruption et les anti-valeurs dispensées, il y a peu, à longueur de discours par le Chef de l'Etat. Réalisme oblige, à Kinshasa, l'appétit du pouvoir vient définitivement de reprendre le dessus sur la volonté de changement. Si tant est que cette volonté ait jamais existé !


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