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  • Photo du rédacteurmutambak96

Les arrangements turcs d'Amadou Diaby, le courtier guinéo-congolais de Tshisekedi


Hier c'était Babacar Kebe, le marabout du Maréchal, Pierre Goudiaby, le célèbre architecte de renommée interationale, Alieuh Conteh, le millionnaire gambien. Aujourd'hui, ce sont les Stéphane Kipré, le gendre de l'ancien président Laurent Gbagbo, ou encore Amadou Diaby, le producteur de spectacles.


De près ou de loin, tous ces Ouest-Africains ont gagné beaucoup d'argent au Congo. A ce jour aucun n'est parvenu à égaler Elhadji Babaca Kebe, dit Ndiouga, le marabout du maréchal. Kebe était à l'époque considéré par ses compatriotes comme la plus grosse fortune de tous les temps bâtie au Sénégal pour ses philtres magiques mais surtout son extraordinaire capacité à brasser les affaires immobilières. A sa mort, Kebe possèdait 7 appartements avenue Foch, une participation dans la Tour Montparnasse, près d'une cinquantaine de villas au Sénégal, 4 complexes immobiliers, plusieurs hôtels de luxe. La Holding Kebe rassemblait 26 sociétés.


Bienvenue à Kitoko

L'architecte Pierre Goudiaby Atepa a longtemps hanté les couloirs des résidences de Mobutu. A 73 ans, le célèbre architecte compte parmi ses réalisations le palais présidentiel de Kawele à une dizaine de kilomètres de Gbadolite. Aujourd'hui, Pierre Goudiaby qui s'est investi dans la facilitation entre le président Macky Sall et son opposant Ousmane Sonko, est de retour en République Démocratique du Congo. Le célèbre architecte a présenté aux autorités congolaises un plan de désengorgement de Kinshasa. Goudiaby a pensé la nouvelle capitale congolaise. Kitoko devrait être une nouvelle ville intelligente et globale.

Dans la galerie des Ouest-Africains qui ont planté leur tente en RDCongo pour y faire fortune, on compte également le gambien Alieuh Conteh. Après avoir gagné des millions dans le commerce du café, Conteh a investi dans le secteur des télécommunications. Après avoir obtenu une licence d'exploitation au début des années 2000, l'homme d'affaires gambien va devenir un actionnaire de référence de Vodacom, la première entreprise de télécommunication congolaise. A travers sa société Congolese Wireless Network (CWN), Conteh partage avec le clan Kabila 49% de Vodacom. En 2013, un bras de fer oppose le tycoon gambien à la famille de l'ancien président qui parvient à l'évincer de la présidence de CWN. Aujourd'hui Vodacom réclame 4 millions USD à Alieuh Conteh et à la famille Kabila à la suite de deux prêts que la société leur a accordés sans jamais avoir été remboursé. Alieuh Badara Mohamed Conteh dispose de la nationalité américaine et poursuit sa vie d'hommes d'affaires.

Avec l'arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, une nouvelle génération d'hommes d'affaires ouest-africains ont pris pied à Kinshasa. Ils s'appellent Stéphane Kipré et Amadou Diaby. Tirant parti de ses introductions auprès du clan Tshisekedi, le beau-fils de Laurent Gbagbo va obtenir des carrés miniers au Katanga et décrocher des marchés juteux auprès des gouverneurs de Kinshasa et du Lualaba. Des dizaines de millions USD sont brassés par le jeune entrepreneur sénégalais.


Les nouveaux nababs

Si les anciens ont gravi méthodiquement les marches de la fortune, aujourd'hui, les méthodes ont radicalement changé. Les mouvements financiers opérés à partir des pays du Golfe et du Moyen-Orient assurent aux courtiers une fortune facile et instantanée. La seule condition est d'avoir accès au pouvoir. Amadou Diaby dispose de la ligne directe du Président Félix Tshisekedi. Le parcours de l'homme d'affaires guinéen ne cesse de surprendre le petit microcosme des affaires en RDCongo.


Accusé de racket

Né à Kinshasa, Diaby est le fils de Elhadji Baba Diaby et de la Congolaise Régine Ntumba. Après des études primaires au collège Boboto, Amadou Diaby obtient son diplôme de secondaire au complexe Malula dans la capitale congolaise. Amadou Diaby crée une société de production, Mansa Music Product. Ses racines ouest-africaine lui facilitent ses entrées dans le monde du spectacle. Diaby produit plusieurs spectacles d'artistes de renommée comme Tshala Mwana, Kofi Olomide et Kasav. L'homme d'affaires décroche le siège de vice-président de la fédération guinéenne de football. En 2019, il est suspendu de la Feguifoot pour racket. Après avoir porté le dossier auprès du Tribunal arbitral du sport, TAS, le sulfureux homme d'affaires est réhabilité en 2020. Pendant ces deux années de purgatoire, Amadou Diaby rentre à Kinshasa. Il trouve consolation auprès de son "frère Félix Tshisekedi" comme il aime à le dire. Le Chef de l'Etat congolais est séduit par l'homme d'affaires qui organise le grand concert de réconciliation de Wenge Musica. Mêlant habilement le spectacle, le sport et les affaires, Amadou Diaby a du bagout. Il pénètre les cercles du pouvoir. Il tisse une véritable toile d'araignée d'autant plus efficace que l’homme a des contacts en Turquie.


Une grenouille qui se prend pour un boeuf

Au-delà de la politique, Félix Tshisekedi veut en découdre avec Moïse Katumbi sur le terrain sportif. Les succès continentaux du TP Mazembe lui sont insupportables. Avec ses appuis turcs et l'accord du Chef de l'Etat congolais, Amadou Diaby décide de relever le gant. L'homme d'affaires a fait acte de candidature à la succession de Bestine Kazadi Ditabala à la présidence de l'Association Sportive Vita Club, le plus prestigieux club de football de la capitale. Amadou Diaby a annoncé les couleurs : il va mettre des moyens importants pour relancer le club. "Lors de la dernière CAN, l'homme s'est démené comme un beau diable pour se faire prendre en photo avec tout ce qui compte dans le monde du football, à commencer par Patrice Motsepe, le président de la CAF", affirme un témoin.

Le Congolo-Guinéen séduit les supporters et le staff en assurant maîtriser toutes les arcanes du Tribunal arbitral du sport qui vient de le blanchir des accusations portées contre lui en Guinée. Il promet de lever les sanctions pesant sur l'AS VClub qui lui interdit d'acquérir de nouveaux joueurs.

Diaby est loin d'être le chevalier blanc et l'incarnation vertueuse des plus hautes valeurs morales et le sauveur d'un club en détresse. "Diaby est à Tshisekedi ce que Moïse Ekanga a été à Joseph Kabila", affirme un fin connaisseur des méandres des affaires congolaises. L'homme poursuit, "Félix Tshisekedi n'a plus confiance dans ses collaborateurs. Désormais, Amadou Diaby gère le dossier des Turcs". Diaby gère les opérations financières pour le compte du Chef de l'Etat congolais. Tous les contrats décrochés par les compagnies de construction font fi des règles les plus élémentaires de passation de marchés publics.

Pour la Cité financière inaugurée par Félix Tshisekedi en décembre dernier, la société turque Milvest a signé une convention secrète avec le gouvernement congolais. Les Turcs engrangeront les bénéfices pendant 49 ans après avoir investi près de 60 millions de dollars en fonds propres. Ils cèderont ensuite la gestion à l’Etat Congolais. A ce jour, la Cité financière a englouti près de 500 millions USD. Les montages ont été réalisés dans un flou artistique par le ministre des Finances Nicolas Kazadi.


Des centaines de millions de dollars empochés

En ce qui concerne l’aéroport de Ndjili, le marché s'avère être un gré à gré dans la plus pure illégalité. La firme turque a présenté un projet initial dont le coût s'élève à 1,2 milliard USD. "Dans ce dossier, Diaby a négocié directement avec les Turcs. Le coût réel ne dépassera pas 500 millions USD", affirme un conseiller à la présidence. Selon lui, "officiellement, le gouvernement décaissera 600 millions sur le budget d'investissements et la partie turque 600 millions avec un contrat de gestion de 29 ans". Sur la partie congolaise des fonds, dès le premier décaissement, une enveloppe de 30% de commissions a déjà été prévue en accord avec Nicolas Kazadi. Amadou Diaby servira d'intermédiaire et est chargé de sécuriser et placer les fonds sur les comptes off-shore. `

En trois ans, les opérations conclues entre Félix Tshisekedi, Nicolas Kazadi, Amadou Diaby et les hommes d'affaires turcs - Cité Financière, Aéroport de Ndjili - permettent d'affirmer que des détournements colossaux s'élevant à plusieurs centaines millions USD sont en jeu.


Comme Icare

Le marché d'assainissement de la capitale que le Chef de l'Etat congolais a décidé d'octroyer au groupe Albayrak lors de son tout récent séjour en Turquie confirme la détermination du pouvoir congolais de continuer à violer les règles les plus élémentaires des marchés publics ainsi que la Constitution congolaise.

A l'image d'Icare, Amadou Diaby circule en jet privé. A force d'approcher le soleil et de croire qu'il est devenu un aigle, Amadou Diaby pourrait ne pas résister à l'intense chaleur de l'astre qu'il fréquente. "Dès que la cire de ses ailes se mettra à fondre, il sera précipité dans le vide", prédit un connaisseur de la vie politique congolaise. Rares sont les intermédiaires qui ont survécu à leurs commanditaires. Moïse Ekanga peut en témoigner. Lui qui pourtant est vraiment "de père et de mère" !


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