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  • Photo du rédacteurmutambak96

Le scandaleux naufrage de Christophe Mboso et Modeste Bahati



Nous sommes vraiment à l’âge de l’indécence", clame un des rares députés qui dénonce le train de vie des institutions. A l’heure où le président de l’Assemblée Nationale vient d’exiger le silence de tous les députés sur le montant de leur rémunération, les Congolais assistent au naufrage de leur parlement.


Les derniers vestiges de la représentation nationale ont disparu. Aujourd’hui, 500 députés et 108 sénateurs vivent hors sol. Ils n’osent même plus affronter leurs électeurs pour leur avouer combien ils empochent chaque mois pour parler au nom d’un peuple affamé et désespéré tellement le niveau des indemnités parlementaires est devenu obscène.

Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux. Ceux qui sont les plus dangereux , ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter", a écrit Primo Levi. En RDCongo, le scandale révélé au grand jour par Martin Fayulu concernant les salaires des députés et des sénateurs révèle l’ampleur du désastre congolais. Un naufrage et une faillite morale inimaginable !

Dans la foulée de l’honorable Delly Sesanga qui, du haut de la tribune du Parlement, avait appelé à un ressaisissement des institutions dont le train de vie est devenu insupportable, les révélations des députés qui ont avoué atteindre un montant de 21.000 Usd/mois comme salaire et prime combinés suscitent à travers la RDCongo une levée de bouclier.

Si les députés et sénateurs congolais font partie des parlementaires les mieux payés au monde, leur salaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Les décaissements du Trésor Public au profit du Parlement sont bien au-delà de l’enveloppe des primes et salaires des 608 députés et sénateurs. Les parlementaires congolais issus des deux institutions – Sénat et Assemblée Nationale – cumulent un montant mensuel de 12 millions USD. A raison de 15.000 USD/mois pour un Sénateur et 21.000 USD/mois pour un député. Ce montant hors norme n’est rien par rapport aux dépenses des deux institutions qui avoisinent 30 millions USD/mois.


"Modeste Bahati doit nous dire pourquoi il a accepté de payer une prime de un million de USD à 14 Sénateurs de la PAJ pour l’adoption de la loi électorale", gronde un vénérable sénateur hors de lui. Un fonctionnaire du Sénat affirme que Bahati a acheté l’Hôtel Memling et une galerie commerciale près d’Utexafrica. Désormais, le nom de Bahati est sur toutes les lèvres. Dans les salons huppés de la capitale, les critiques et commentaires fusent sur la gestion de Modeste Bahati et de Christophe Mboso. Le premier gère au titre de fonctionnement 11 millions USD/mois et le second 7 millions USD/mois. Si la caisse de retraite des anciens parlementaires est clairement identifiées ainsi que les charges du personnel administratifs, les présidents des deux chambres ont bien difficile à justifier aux yeux de leurs collègues et surtout du peuple congolais les sommes astronomiques qui sont mises à leur disposition.

Le prix des Judas


En réalité, l’effet boomerang inattendu de l’éviction de Jean-Marc Kabund du fauteuil de Vice-Président de l’Assemblée Nationale continue à produire des effets dévastateurs. Pour comprendre les sommes d’argent allouées chaque mois par l’Exécutif au bénéfice des deux chambres, il convient de se rappeler l’épisode de la fin de la première coalition entre le FCC et CACH et le basculement de la majorité parlementaire au profit de Félix Tshisekedi. Désormais, les chiffres de cette opération politique sont sur la table. Il ne s’agit pas seulement d’une prime ponctuelle octroyée aux députés qui ont accepté de changer de camp politique et de l’achat d’un véhicule 4X4 de luxe d’une valeur de 70.000 USD, mais le mal est beaucoup plus profond. Le don des véhicules aux parlementaires a constitué une dépense exceptionnelle de 45 millions USD masquée sous la forme d’un crédit. En réalité, le coût de la corruption du pouvoir ne s’est pas arrêté là. Toutes les dépenses des deux chambres ont explosé. Elles avoisinent actuellement plus de 350 millions USD/an.

Des écoles sans moyen, des parlementaires dans la luxure

La comparaison de traitement entre les parlementaires congolais et les 18 millions d’élèves aggrave encore plus le constat d’irresponsabilité des autorités du pays. A l’heure où environ 6 millions d’enfants âgés de 6-17 ans, dont plus de 3 millions chez les 6-11 ans, sont en dehors de l’école, ce qui représentant 23% de ces jeunes, il y a lieu de s’interroger sur l’irresponsabilité des gouvernants du Congo. Les premiers effets de la gratuité scolaire ont permis de faire passer les effectifs de 14,3 millions en 2015 à 18 millions en 2020, soit près de 4 millions d’enfants qui sont rentrés à l’école. Mais les conditions se sont considérablement détériorées. La réussite de la politique de la gratuité exige annuellement une enveloppe de 2,6 milliards USD. En 2020, le gouvernement n’a pu mobiliser que 875 millions de dollars pour l’enseignement primaire et secondaire. L’opulence dans laquelle les députés, sénateurs, ministres, membres du cabinet du Président et les autres autorités de la RDCongo vivent tient d’un cynisme aveugle. Aucun responsable public n’ose affronter l’opinion pour dénoncer cet état de fait. 608 députés et sénateurs accumulent en dépenses près de 50% des frais alloués à l’enseignement primaire et secondaire pour 18 millions d’élèves. Telle est malheureusement l’enseigne à laquelle les ménages congolais sont logés.

Rangé parmi les dix dernier pays au monde, tout indique que la RDCongo court les plus grands dangers à poursuivre une politique qui alloue 70% des ressources au train de vie de l’Etat. Le silence des partenaires et des bailleurs de fonds – FMI, Banque Mondiale, Union Européenne - sur cette situation est accablant. Tous préfèrent détourner leurs yeux pour regarder ailleurs. Cette forme de complicité renforce l’aveuglement du Président Félix Tshisekedi et des dirigeants congolais qui ne se soucient plus du sort de la population.

Il faut donc malheureusement craindre que face à l’absurdité et l’irrationnalité de pareille gouvernance, la RDCongo ne plonge bientôt dans une nouvelle tourmente. Les Congolais ne resteront pas éternellement les bras ballants et les yeux résignés face à la scolarité sacrifiée de leurs enfants.


Tableau des dépenses au profit du Sénat pour le mois de juin 2022



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