top of page
Rechercher

L'Union sacrée implose : Dany Banza et Modeste Bahati au rang des écartés

Photo du rédacteur: mutambak96mutambak96

Fin de semaine, après avoir réuni ses officiers supérieurs et les sécurocrates, Félix Tshisekedi a convoqué ses conseillers pour une évaluation cruciale de la situation créée par l’avancée menaçante du M23 aux abords de Goma. Cette réunion s’est déroulée en deux temps. D’abord, le président a rassemblé l’ensemble de ses collaborateurs concernés, un ensemble hétéroclite de voix et d’opinions, dans l’espoir d’unir les efforts face à l’adversité. Ensuite, une seconde rencontre plus restreinte a été organisée, réunissant exclusivement les conseillers triés sur le volets dits « de père et de mère ».


Parmi eux, deux silhouettes familières se sont détachées : Jean-Claude Kabongo et Fortunat Biselele. Leur retour sur le devant de la scène, après une petite traversée du désert – ou un purgatoire, c'est selon – semble marquer la fin d'un chapitre, celui de l’ouverture à des Kahumbu Mandungu, l'homme de l'ouverture vers les Emirats arabes, des Wameso et consorts.


« On ne cède rien »


Les secrets de ce second échange ont rapidement fuité. Pour les Kasaïens, il est impensable de céder le moindre pouvoir, de négocier avec le M23 ou de faire des concessions sur la question de la Constitution. « Nous ne devons rien abandonner pour plaire à nos adversaires », a affirmé Jean-Claude Kabongo avec conviction. Cette déclaration illustre bien les sentiments du cercle restreint des fidèles de Tshisekedi. Désormais, au sein du camp des faucons, les ultras ont la main. Depuis l'accession de Félix Tshisekedi, tous se sont considérablement enrichi et redoutent la chasse aux sorcières qui sera engagée contre eux en cas de chute du régime.


Banza, la déchéance


Les autres conseillers, quant à eux, ont été évincés des décisions stratégiques de la présidence. Leur mise à l'écart témoigne de la rigidité de cette nouvelle orientation du pouvoir. Parmi les laissés-pour-compte, on remarque Dany Banza, l'ancien financier de Félix Tshisekedi dont l'influence avait gagné toutes les institutions jusqu'à imposer le Premier Ministre Sama, aujourd'hui président du Sénat. Considéré comme tiède dans la lutte pour le changement de la Constitution, Dany Banza incarne cette ambivalence qui laisse à penser que la volonté de réforme est peu partagée au sein des rangs même du pouvoir.


Au sein de l'Union Sacrée, les signes d'implosion sont également de plus en plus visibles. Jean-Pierre Bemba a choisi de se ranger du côté des courtisans en lançant des appels patriotiques grandiloquents. Mais les déclarations du Vice Premier Ministre des Transports sonnent creux compte tenu de son passé de chef de guerre et d'ancien ministre de la Défense. Accusé d'avoir détourné les fonds de l'effort de guerre, Bemba n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été jadis.


Bahati, Kamerhe et Cie au placard 


Les leaders swahilophones, pour leur part, se trouvent souvent suspectés. Modeste Bahati a perdu ses prérogatives au sein de l'État. Il apparait totalement ostracisé. « Depuis trois mois, le Chef de l'État ne s'adresse plus à Bahati. Il a même exigé que son nom soit retiré de la liste des invités au mariage du fils de Biselele avec la fille du général Bora, qui est pourtant sa nièce », rapporte un observateur des intrigues du Palais. Félix Tshisekedi a conscience qu’il ne peut pas compter sur Bahatii, dont le village, proche de l'aéroport de Kavumu, est voué à tomber sous le contrôle du M23.


Quant à Vital Kamerhe, sa situation est plus délicate. Au sein du sérail et même dans sa famille, l’ancien partenaire de la coalition CACH suscite des sérieux doutes. Les deux années de prison qu’il a subies après le procès des 100 jours ont laissé des traces difficiles à effacer. Si la cupidité présumée de son épouse, la charismatique Hamida Chatur, n'avait pas pesé dans la balance, il est fort probable qu'il aurait déjà pris ses distances avec le pouvoir. Enfin, du côté de Jean-Lucien Busa, de Lihau et d'autres, leur poids politique, marginal, les relègue à un rôle de suiveurs opportunistes, coincés dans le sillage de ceux qui savent encore manœuvrer dans les couloirs de la politique congolaise.


Guerre ouverte à l’UDPS


Les ambitions de chacun au sein de la coalition Union Sacrée s'annoncent floues, mais c'est une réalité encore plus manifeste pour le parti présidentiel, l’UDPS. La rivalité acharnée entre Déo Bizibu et Augustin Kabuya continue de faire rage, comme un duel où les enjeux sont à la fois personnels et politiques. Le clan kasaïen, Martrhe, la maman du Chef de l’Etat soutiennent Kabuya, mais la machine politique, elle, est solidement ancrée sous le contrôle de Bizibu. Son expérience des rouages du parti, perçue comme un atout indéniable, lui permet de réclamer avec assurance un retour à l’orthodoxie et à l’application stricte des textes, se faisant déjà appeler Secrétaire général. Un troisième larron sort la tête pour départtager les frères ennemis. Il s’agit de Samy Badinbanga. Bien que n’ayant aucune légitimité dans l’appareil de l’UDPS, l’ancien Premier Ministre veut jouer la carte du parti pour se positionner et rebondir à la faveur des négociations politiques qui s’annoncent avec l’opposition armée.


Kabund courtisé


Dans ce registre, Félix Tshisekedi a envoyé des signaux à Jean-Marc Kabund. Après avoir amnistié son ancien compagnon, le Chef de l’Etat congolais voit dans Kabund un joker au sein de l’opposition qui sera appelée à un tour de table dans les prochaines semaines. Ayant acquis une légitimité fraîche au sein de l’opposition, Jean-Marc Kabund pourrait être utilisé pour damer le pion à tandem Kabila-Katumbi. La RDCongo prend les allures de House of cards !


À Kinshasa, le silence d’Augustin Kabuya suscite un flot d’interrogations. Son arrogance, qui autrefois inondait l’espace politique, semble s’être dissipée dans les méandres de l’incertitude ambiante. Ce climat tendu s’accompagne d’un signe des temps préoccupant : la communauté Luba, jadis confiante, commence à exprimer une inquiétude croissante pour l’avenir du régime.


Qui a assassiné le gouverneur général ?


L’assassinat du gouverneur général Cirimwami, attribué à des gardes républicains kasaïens, a attisé un ressentiment anti-Luba qui grandit dans tout le Kivu. Cette tragédie résonne comme un avertissement, amplifiant les craintes déjà présentes. Aujourd'hui, la défaite militaire n'est plus seulement un revers sur le champ de bataille ; elle est vue comme le résultat tangible d’une incompétence flagrante et d’une cupidité aveugle de la part des responsables du régime de Kinshasa, dont la grande majorité provient du cercle kasaïen intime de Félix Tshisekedi. Dans ce contexte troublé, chaque mouvement, chaque parole, acquiert une nouvelle résonance, illustrant une réalité politique en proie aux tumultes et aux incertitudes. Les alliances vacillent, les doutes s'infiltrent et le spectre de l'avenir s'assombrit, laissant la place à un sentiment de désespoir partagé.


Le régime de Kinshasa se trouve désormais confronté à la menace imminente de sa chute. À force d'égarements et de gabegies financières, marquées par une corruption endémique et des détournements massifs de fonds publics, Félix Tshisekedi a réussi l’exploit d’effacer le nom de Tshisekedi des annales des martyrs de la démocratie, dont son père, Étienne, faisait autrefois partie.


Les générations futures retiendront de Félix Tshisekedi l'image d'un chef d'État ayant conquis le pouvoir par la ruse, mais au prix de la perte de la souveraineté du Congo sur une partie cruciale de l'Est du pays. Ce bilan, terni par des décisions controversées et une gouvernance contestée, risque de laisser une empreinte indélébile dans la mémoire collective, transformant l'héritage d'un nom autrefois respecté en une symbolique de désillusion et de concessions inacceptables.

1 929 vues0 commentaire

Kommentare


Post: Blog2_Post

Formulaire d'abonnement

Merci pour votre envoi !

  • Facebook
  • Twitter
  • LinkedIn

©2021 par Le Congo qu'on aime. Créé avec Wix.com

bottom of page