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  • Photo du rédacteurmutambak96

Kamerhe vise la Primature avant la Vice-Présidence de la République

Dernière mise à jour : 26 janv.


"Dans cinq ans, je veux passer ma retraite en Belgique et y vivre paisiblement", a affirmé Félix Tshisekedi à l'oreille d'une autorité belge. L'homme politique s'est empressé de faire passer le message au Palais et au gouvernement du Royaume. A la suite de cette petite indiscrétion, le coeur de Bruxelles a fondu comme du chocolat chaud Godiva sur une boule de vanille. Avant d'entrer en campagne électorale, Tshisekedi avait déjà en poche la Belgique.


Après avoir anesthésié les autorités de l'ancienne métropole, le Chef de l'Etat congolais s'est engagé dans une partie de poker délicate avec Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Modeste Bahati. En échange de leur soutien lors de la campagne, Félix Tshisekedi a promis à chacun d'eux le très juteux poste de Premier Ministre.


Marchandage

Tout semble s’être déroulé sur des roulettes jusqu'à la publication des résultats par Denis Kadima. Sur 450 députés, le faible nombre de députés nationaux alloués à Jean-Pierre Bemba a obligé l'ancien chef de guerre à interroger ses certitudes. Après avoir mouillé le maillot avec une fougue imprudente - allant même jusqu'à proférer des propos racistes et xénophobes teintés de médisance contre Moïse Katumbi - le leader de l'Equateur s'est retrouvé avec moins de 20 députés au moment où ses deux challengers Kamerhe et Bahati obtenaient chacun pour leur parti respectif 36 et 35 élus. La réaction ne s'est pas fait attendre. Immédiatement, les partisans du MLC ont brûlé des pneus dans les rues de la capitale pour exprimer leur mécontentement.


Cette réaction instantanée a conduit Félix Tshisekedi a calmé les appréhensions de son allié en lui réaffirmant son statut de dauphin. Fort de cette confirmation, Jean-Pierre Bemba a décidé de sacrifier son porte-parole Mamba sur l'autel de la réconciliation. En réalité, les indiscrétions au sein de l'appareil du MLC confirment : "la démission volontaire de Jean-Jacques Mamba a été arrangée. Il fallait rassurer Félix Tshisekedi et trouver un responsable pour ne pas perdre le poste de Premier Ministre", dit un proche de Fidèle Babala. Mais cette course à la Primature n'est pour Jean-Pierre Bemba qu'une étape. L'ancien locataire de la prison de Scheveningen où il a passé dix longues années rêve de succéder à Félix Tshisekedi et d'occuper le Mont Ngaliema. Même si le dossier de son ancien ami Roger Lumbala qui croupit en prison depuis le 2 janvier 2021 pour crimes de guerre en attendant les assises risque de le ramener à nouveau à la case prison. Raison pour laquelle, l'homme de Gemena a décidé de jouer la carte d'une alliance totale MLC-UDPS. Il s'est rassuré auprès de ses alliés que la Constitution congolaise ne sera pas changée. A cet effet, sur les antennes de RFI, Augustin Kabuya, le SG de l'UDPS, a déclaré la main sur le coeur que Félix Tshisekedi ne changera pas le loi fondamentale congolaise et qu'il se retirera en décembre 2028. De quoi apaiser les ardeurs de Bemba…


Les calculs de Kamerhe

Fort de ses 36 députés, Vital Kamerhe a pris également les devants dans la course à la Primature. Le président de l'UNC a lui aussi ses entrées au Palais. Et l'homme est habile et rusé. "Vital Kamerhe a senti que Tshisekedi veut rester au pouvoir. Il lui a promis de constituer un large front pour le changement de la Constitution qui devrait être adopté par les 3/5 des deux chambres avant le 15 juin prochain", dit un proche de Kamerhe. C'est la raison pour laquelle Vital Kamerhe a monté rapidement une coalition dénommée Pacte pour un Congo Retrouvé, PCR. Cette alliance montée rapidement avec Jean-Lucien Bussa et Julien Paluku vise en réalité à assurer à Félix Tshisekedi de rester au pouvoir et à contrer les ambitions de Bemba dont la présence devient encombrante pour le Chef de l'Etat. Pour preuve, la présence dans la coalition dirigée par Kamerhe de Tony Kanku, le cousin du Félix Tshisekedi. "A court terme, Vital Kamerhe vise le poste de Premier Ministre qui lui revient de plein droit au regard du nombre de députés qu'il a obtenu. Après la révision, Vital sera le Vice-Président de la République puisqu'il n'y aura plus de Premier Ministre. On garde l'accord de Naïrobi en réajustant le pacte aménagé dans le contexte du nouveau régime présidentiel", déclare un ministre de l'UNC tenu dans le secret des discussions qui se réjouit de la capacité d'anticipation de son mentor.


J’y suis, j’y reste

Derrière la bataille des plates-formes de l'ancienne Union Sacrée en pleine recomposition, c'est l'avenir institutionnel et politique de la RDCongo qui se joue. Les visiteurs du soir du Mont Ngaliema sont déterminés à conforter l'idée d'une nouvelle Constitution assortie d'un mandat de 7 ans pour le Chef de l'Etat. En dépit de ses promesses faites aux amis belges, Félix ne se voit pas quitter le Palais du Mont Ngaliema avant une vingtaine d'années. Avant les autres, Vital Kamerhe a senti le vent tourner en faveur de Félix Tshisekedi. L'ancien Directeur de Cabinet de Félix Tshisekedi s'est lancé dans la bataille avec plus d'adresse et de subtilité que Jean-Pierre Bemba. La Primature vaut bien la promesse d'un changement de Constitution.


Reste Modeste Bahati, le troisième larron de cette course à l'échalote. Le Président du Sénat observe et se tait. Faute de pouvoir partager le pouvoir du Sud Kivu avec Vital Kamerhe, l'homme veut conserver ses acquis et obtenir une position qui lui permette de continuer à peser sur le jeu politique. Pour l'heure, prudence oblige, il se range momentanément derrière l'UDPS et suit les conseils de Marthe Tshisekedi, la reine douairière.

Dans les semaines à venir, Félix Tshisekedi devra trancher entre le changement de la Constitution et le maintien d'un texte qui l'oblige à prendre sa retraite en 2028. Et pour sûr, l'homme ne se voit pas du tout couler sa retraite avenue Prince d'Orange à Uccle comme il en a fait l'indiscrétion à ses amis belges. Si Paris valait bien une messe, le maintien à la tête du Congo pendant 20 ans vaut bien un petit mensonge ! Pour l'heure, Félix Tshisekedi doit se dépêtrer avec les ambitions de ses alliés. Le Chef de l'Etat serait tenté de les surprendre en nommant un outsider. On cite notamment le professeur Mukoko Samba et les anciens premiers ministres Adolphe Muzito et Augustin Matata, deux opposants dont le ralliement serait apprécié de la Communauté internationale. Tout cela sous le yeux d'une opposition armée qui ne cesse de progresser...

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