Dans la course au changement de la Constitution, Félix Tshisekedi effectue le tour du pays avec la farouche volonté d’en finir avec la Loi fondamentale promulguée en février 2006 qui l’oblige à quitter pouvoir en 2028 au terme de son second et dernier mandat.
Après avoir évalué la situation au sein de son parti et scruté la possibilité de désigner un dauphin issu des rangs de l’UDPS et du Kasaï, le Chef de l’Etat a conclu à l’impossibilité de promouvoir une candidature crédible. A la recherche d’un profil introuvable, Félix Tshisekedi a choisi de jouer le va-tout du changement de la Constitution.
Nicolas Kazadi trahi par les siens
Ce choix est également celui du clan Tshisekedi et de la puissante reine mère douairière Marthe Tshisekedi. Cette dernière avait envisagé un temps de mettre le grand argentier Nicolas Kazadi. La divulgation de ce plan a provoqué une levée de boucliers générale au sein du clan dans lequel l’ancien ministre des Finances comptait d’irreductibles adversaires. La presse congolaise a été alimentée par certains cercles du pouvoir d’une foule de scandales financiers qui ont conduit à écarter définitivement le nom de Kazadi des tablettes. En témoignage de la reconnaissance aux services rendus par son financier, Félix Tshisekedi a instruit la justice de fermer les yeux sur les malversations et les détournements de son ministre.
Le Chef de l’Etat a discrètement mis en place une équipe de constitutionnalistes pour rédiger la mouture du nouveau texte qui s’inspire des modèles de l’Angola et de l’Afrique du Sud. Il ressort du projet dont il a dicté les principales lignes que désormais, le Président de la République exercera la plénitude du pouvoir après avoir été choisi par le parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Il ne fait aucun doute qu’avec une CENI modelée à sa main et une Cour Constitutionnelle totalement acquise, c’est sans aucun suspense que le projet de la nouvelle Constitution sera adopté par la majorité des Congolais qui auront été consultés par la voie d’un référendum.
Balkanisation en vue
Assurément, plusieurs millions de Congolais vivant dans les territoires occupés par l’AFC/M23 ne se sentiront pas concernés par la nouvelle Constitution issu d’un choix populaire auquel ils n’auront pas pris part. C’est bien là le hic pour Félix Tshisekedi qui va consacrer définitivement la partition du pays. En dépit de tous les efforts et des moyens considérables dépensés pour venir à bout des hommes de Corneille Nangaa et de leurs alliés rwandais, les troupes gouvernementales ont essuyé une succession d’échecs peu glorieux. En deux années, plusieurs centaines de millions de dollars auront été détournés par les politiques et les officiers supérieurs en charge de la guerre qui est devenue un business lucratif.
Le salaire de la capitulation
À Kinshasa, Félix Tshisekedi a réussi à surmonter les réticences de ses alliés politiques en débloquant des fonds conséquents. Fort des tranches annuelles de 300 millions USD issues de la renégociation du contrat chinois, le Chef de l’État a décidé d’allouer 100 millions USD à ses trois alliés ainsi qu’à Christophe Mboso. Les responsables de la Sicomines sont instruits d'opérer le paiement. Au sein du présidium de l’Union Sacrée, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, Modeste Bahati, vice-président du Sénat, et Jean-Pierre Bemba, vice-premier ministre, se voient chacun gratifiés de 30 millions USD. Cette allocation vise à satisfaire leurs exigences financières et à prévenir toute éventuelle rébellion au sein de leurs groupes parlementaires respectifs. L’ancien Premier Ministre Sama Lukonde et Christophe Mboso partageront équitablement le reste des fonds. C’est sur cette base que les principaux alliés du Chef de l’État ont choisi de soutenir sa position. La stratégie du silence aura donc porté ses fruits pour le trio. Des ralliements opportunistes se multiplient, avec des figures telles que l'ancien Premier Ministre Muzito et l'ancienne candidate éphémère à l’élection présidentielle, Marie-José Ifoku, ayant déjà rejoint le camp.
Après avoir critiqué l'opposition et moqué ses leaders qui n'ont pas d'argent, Félix Tshisekedi a décidé d'accélérer ses démarches. Lors de son discours à la Nation, prévu le 13 décembre prochain, il devrait annoncer la création d'une commission chargée de rédiger officiellement l’avant-projet qui sera présenté au Parlement lors de la session qui s’ouvrira le 15 mars 2025. Pour Félix Tshisekedi, le parlement devrait adopter ce projet lors de cette session, et il compte promulguer la nouvelle Constitution au plus tard le 30 juin 2025, coïncidant avec le 65ème anniversaire de l’Indépendance et marquant ainsi l’entrée de la RDC dans la IVème République.
Cependant, il reste encore un long chemin à parcourir avant l'adoption de ce projet, qui suscite déjà une levée de boucliers générale…. L’opposition politique et la rébellion armée n’ont certainement pas encore dit leur dernier mot !
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