De retour de son voyage au Qatar, où il a assisté le 5 janvier dernier à Doha au Trophée des Champions entre Monaco et le Paris Saint-Germain, le Président congolais Félix Tshisekedi a convoqué une réunion secrète à Kinshasa avec ses conseillers les plus proches, tous originaires du Kasaï. Lors de cet échange inaugural de l'année, il a martelé sa détermination à imposer son projet de révision constitutionnelle. « Ce pouvoir est le nôtre et nous ne laisserons pas l'opposition nous distraire ou nous intimider. Nous devons le défendre sans relâche », a lancé le président Tshisekedi, exhortant ses conseillers à faire preuve d'une détermination sans faille.
Tout renverser
Concernant la nouvelle Constitution de la IVeme République, le Chef de l'État a clairement esquissé ses intentions : le régime parlementaire actuel qui soumet le président au chantage des caprices des chefs de file de la majorité et aux jeux des alliances parlementaires sera balayé, le poste de Premier ministre supprimé au profit de celui d’un Vice-Président. Le Président sera désormais élu pour un mandat renouvelable de sept ans par l'Assemblée nationale, et la suppression du Sénat est également sur la table.
En 2026, Félix Tshisekedi entend dissoudre les deux chambres pour organiser simultanément un référendum constitutionnel et des élections législatives. Le Chef de l'État a également exprimé son mépris pour le leadership actuel de l'Assemblée nationale en déclarant : « Nous ne pouvons pas compter sur Vital Kamerhe, encore moins sur Bahati », affirmant ainsi sa volonté claire de se distancier des leaders de l’Est du pays. « J’ai discuté avec Jean-Pierre Bemba et lui ai proposé le poste de Vice-Président, ce qu’il a accepté », a-t-il affirmé, considérant cette alliance comme une manœuvre stratégique pour contrer la coalition formée par son prédécesseur, Joseph Kabila, et Moïse Katumbi. Le président Tshisekedi, déterminé à faire plier toute opposition, trace un chemin clair vers son objectif inébranlable.
A la quête des dollars
« Ceux qui croient que je fais du tourisme, il faut les laisser parler. J’ai obtenu des assurances des amis Qatari pour le financement du référendum », a affirmé Félix Tshisekedi à ses proches. Le coût du référendum avoisinant 500 millions USD est donc en voie d’être bouclé. Après le refus des autorités chinoises de mettre à disposition les fonds issus de la révision du contrat chinois sous couvert du strict respect des dispositions du contrat que les montants additionnels seront livrés sous forme d’infrastructures, Félix Tshisekedi explore activement des opportunités de financement avec l'Indonésie. Récemment, celui qui fait toujours office de conseiller spécial pour les investissements, Jean-Claude Kabongo, s'est rendu sur place pour discuter d’une alliance stratégique entre la famille Tshisekedi et les autorités indonésiennes, notamment dans le secteur prometteur de la construction de batteries. Avec l'élection du président Prabowo, qui a succédé à Joko Widodo (Jokowi) en mars 2024, une dynamique nouvelle se dessine dans ce géant d’extrême orient. Pour la petite histoire, l’ancien président Jokowi, désireux de protéger son héritage et de poursuivre sa politique économique, a placé son fils aîné, Gibran, à la vice-présidence. Mais un obstacle majeur s’est dressé : à 36 ans, Gibran était quatre ans en dessous de l'âge minimum requis par la Constitution pour exercer cette fonction. Pour contourner cette limitation, Jokowi a habilement orchestré une modification du règlement par la Cour constitutionnelle — présidée par son beau-frère et oncle de Gibran — afin de permettre à des candidats ayant une expérience administrative régionale d'accéder à la vice-présidence, même s'ils ont moins de 40 ans. Cette manœuvre a piqué l'intérêt de la famille Tshisekedi, qui s’est reconnu dans le népotisme indonésien et qui voit dans un partenariat avec l'Indonésie une occasion en or d'accéder à d'importants capitaux.
Faire taire la jeunesse !
Parallèlement, le Chef de l’État a souligné avec force l'urgence de verrouiller la nouvelle majorité parlementaire. À l'instar du changement constitutionnel réussi au Togo, Félix Tshisekedi nourrit l'ambition de marcher dans les pas de Faure Gnassingbé pour s’assurer sa longévité au pouvoir. Bien que le président togolais se prépare à céder ses fonctions pour assumer le poste de Président du Conseil, Tshisekedi est conscient qu'il est impératif de maîtriser tous les leviers de l'État. Il a donc exigé qu’un oeil attentif soit accordé au recrutement des futurs élus qui siègeront l’année prochaine à l’assemblée nationale. L’objectif est de se débarrasser des alliés encombrants actuels issus des rangs de Kamerhe et de Bahati.
Par ailleurs, le Président a ordonné au ministre de la Justice et à son homologue de l'Intérieur d'intensifier sans relâche les opérations contre les kulunas dans toutes les grandes villes du pays. L'arrestation et la condamnation de ces jeunes rebelles doivent se poursuivre avec pour seul objectif de terroriser les indisciplinés et d’écraser toute tentative d'instrumentalisation par l'opposition. « Le retour de la peine de mort fait partie des instruments de terreur que le régime entend mettre en application pour étouffer la dissidence », affirme un conseiller de Constant Mutamba. Il a également donné des directives pour que les jeunes originaires du Kasaï, une fois appréhendés, soient discrètement écartés des listes de ceux destinés à remplir les prisons ou être exécutés.
Pour Félix Tshisekedi, il est impératif que le pouvoir ne cède pas sous la pression de la rue, comme cela s'est produit en Haïti. Un conseiller présent lors de cette réunion a révélé que le Président a désormais un cap inébranlable. Rien ne pourra le détourner de son projet de rester aux commandes au-delà de 2028. Les réformes au sein de l’armée et la tenue du premier conseil supérieur de la Défense élargi ne font que confirmer la détermination de Félix Tshisekedi à écraser toute opposition à son projet.
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