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  • Photo du rédacteurmutambak96

Fifi Masuka achète pour 25 millions USD le fauteuil de Gouverneure du Lualaba

La bataille qui se déroule au cœur du Katanga, dans la province du Lualaba, tient à la fois de la célèbre série américaine “Amour, Gloire et Beauté” où l’on navigue entre romance et trahison et celle de « Dallas » avec son univers impitoyable.


Les 357 épisodes de la saga des Ewing semblent bien avoir inspiré tous ceux qui se disputent le pouvoir dans le Lualaba. Coups bas, trahisons, luxure et cupidité chamboulent l'univers de Kolwezi. La capitale mondiale du cobalt est restée célèbre pour avoir autrefois été le théâtre d’un des plus fameux exploits de la Légion française. Aujourd’hui, il s’y joue une bataille d’une rare violence où trois personnages hors norme se disputent le poste le plus juteux de la RDCongo, celui de gouverneur du Lualaba.


Deux femmes et un homme sont engagés dans ce combat. D’un côté Richard Muyej Mangeze, le premier gouverneur PPRD du Lualaba, démis de ses fonctions pour avoir détourné selon l’Inspection Générale des Finances 366 millions USD, de l’autre Marie-Thérèse Fifi Masuka Saini, sa vice-gouverneure. Avec un art consommé mêlant intrigue, séduction et trahison, la dame tirera habilement son parti des ennuis judiciaires de son titulaire pour faire basculer la province dans le giron de Félix Tshisekedi. Un tel cadeau, ça ne s’oublie pas !

Le 10 janvier 2023, après deux années d’incertitudes et de combats judiciaires, Richard Muyej a présenté officiellement sa démission. L’homme veut exister. Celui que les Katangais du Lualaba appellent « Papa Solution » veut encore croire en son retour. Il se prépare à déposer sa candidature face à celle qui aura précipité sa chute.


Chez Fifi Masuka, le sourire cache une forte personnalité dévorée d’ambitions. En 2006, Marie-Thérèse Masuka est élue députée sous les couleurs du MLC. Elle s’affranchit très vite de la tutelle de Jean-Pierre Bemba pour créer son parti. Elle est réélue en 2011. Repérée par les caciques du PPRD, en 2016, elle est choisie par le pouvoir de l’époque pour occuper la fonction de vice-gouverneur. Elle n’aura de cesse de coller à Richard Muyej. Dès 2019, le ticket à la tête du Lualaba bat de l’aile. La Vice-Gouverneur publie une diatribe sanglante contre Muyej et accuse son titulaire de mauvaise gestion, de surendettement et d’opacité dans la gestion des marchés. Elle dévoile même l’existence d’une vingtaine de comptes bancaires. C’est la curée ! Elle plante le poignard profond dans le dos du puissant gouverneur. L’IGF prend le relais. L’Assemblée provinciale met Muyej en accusation et le livre à la justice en autorisant la Cour de Cassation d’engager des poursuites. On accuse Muyej d’avoir détourné 26 millions USD d’un crédit contracté pour un projet agricole. Dany Banza, le puissant ambassadeur chargé de veiller aux intérêts de Félix Tshisekedi au Katanga, participeà la curée. Pour Richard Muyej, c’est la descente aux enfers. L’homme est rappelé à Kinshasa. Il y est retenu de très longs mois par le pouvoir qui l’autorise finalement à aller se faire soigner en Afrique du Sud.


En quelques jours, Fifi Masuka prend les commandes du Lualaba et s’installe dans le fauteuil du gouverneur. Sans coup férir, elle se débarrasse prestement des lieutenants encombrants de Richard Muyej. Elle suspend Me Joseph Yav Katshung, le directeur de cabinet du gouverneur et prie les ministres Trésor Tshikambi et Norbert Mbangu de faire leurs valises. Le ministre Patrick Kakwata démissionne. L’équipe Muyej est décapitée. Exit Muyej !


Sitôt installée, Fifi Masuka effectue des aller-retour fréquents à Kinshasa. Là, elle prend immédiatement la route de Limete pour saluer Maman Marthe et se faire des alliées sûres dans la fratrie du Chef de l’Etat.


Si les dents du bonheur constitue une redoutable arme de séduction, Fifi Masuka y ajoute tous ses talents pour se faire adopter par le clan Tshisekedi. Elle n’hésite pas à s’afficher fièrement au bras d’un des jeunes frères du Chef de l’Etat lors de la veillée mortuaire de la sentinelle du Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Elle se moque de la rumeur et du qu’en dira-t-on. Elle est déterminée à remplacer Muyej.


Au fil des semraines, tous les membres de la la famille Tshisekedi débarque à Kolwezi pour tirer leur part du boom minier du cobalt et du cuivre. Fifi Masuka reçoit les frères, les sœurs, les cousins et les cousines. Elle les introduit tous auprès des opérateurs chinois, indiens et libanais. En quelques mois, ce sont des centaines de milliers de tonnes de rejets issus des carrés miniers qui sont évacués par les membres de la famille Tshisekedi. Les camions franchissent en toute illégalité les frontières sans contrôle au nez et à la barbe des douaniers congolais. Fifi Masuka s’érige en patronne de la mafia congolaise.


A la faveur de la démission officielle de Richard Muyej, Fifi Masuka croit avoir la voie ouverte pour asseoir définitivement son pouvoir sur Kolwezi. Mais une femme décide d’en découdre avec l’impératrice du Lualaba. Elle s’appelle Isabelle Kibassa, l’épouse de l’aîné des fils de Marthe Tshisekedi.

La belle-sœur de Félix Tshisekedi veut jouer crânement sa chance. Députée provinciale du Brabant wallon, encartée socialiste, coachée par le ministre d'Etat André Flahaut, la Tubizienne remet son tablier en 2019 pour rentrer au Congo. Avec un beau-frère devenu Chef de l’Etat, un frère Ministre des Télécommunications, Isabelle Kibassa s’inscrit en héritière assumée du projet dynastique et communautaire pensé et réalisé par sa belle-mère Marthe Kasalu Jibikilayi.

Dès son arrivée à Kinshasa en 2019, la plus belge du clan Tshisekedi va mettre en place une machine infernale pour dépouiller les Congolais, propriétaires de téléphones mobiles de 0,17 cents à 1,17 USD/mois suivant leur appareil. En un an, cet impôt déguisé et parfaitement illégal dénommé RAM – Registre d’Appareils Mobiles - produit des recettes de 266 millions USD répartis à concurrence de 40% pour le Trésor, 30% pour la cie EC Energy dans laquelle Isabelle Kibassa st partenaire, 25% pour l’ARPTC et 5% pour les opérateurs. Les comptes publics ne retraceront jamais les 40% du Trésor. A ce jour, l’argent reste introuvables.


Les noms d’Isabelle Kibassa et de Fifi Masuka sont désormais étroitement associés à celui de la mafia congolaise. Disposant du soutien de Jacques Tshisekedi, le frère que Félix a fraîchement nommé à la tête de la sécurité présidentielle, Isabelle Kibassa débarque en jet privé à Kolwezi pour prendre part à la course au gouvernorat. Fifi Masuka voit son pré-carré menacé. Isabelle Kibassa ne cache pas son ambition. Le combat entre les deux femmes s’annonce terrible.

Mais l’ancienne députée belge a mal apprécié la force de frappe de sa concurrente. "Masuka Béton" sort le grand jeu. Elle casse sa tire-lire et décaisse 15 millions USD pour prévenir les besoins de Félix Tshisekedi et 10 millions pour répondre aux soucis de Maman Marthe et de la famille. Le gouvernorat du Lualaba vaut bien 25 millions USD.


Parallèlement, Fifi Masuka fait l’acquisition d’un Fokker 4000 en Afrique du Sud afin de contribuer à la campagne électorale de Félix Tshisekedi. Des pilotes congolais sont déjà en formation sur simulateur. Dans le clan familial, la messe est dite. Alors que Marthe Tshisekedi, appelée affectueusement "Maman Nationale" et Denise Nyakeru, la Première Dame, se mènent une guerre sans pitié, en ce qui concerne le maintien de Fifi Masuka à la tête de la province du Lualaba, les deux camps ennemis s’entendent pour ranger momentanément leurs poignards. Les observateurs de la chronique du clan présidentiel saluent l’extraordinaire tour de force de celle qui est devenue la présidente de l’AS Simba, le club de football de Kolwezi.


Contrainte de battre en retraite, Isabelle Kibassa-Maliba a regagné Kinshasa par un vol régulier après avoir quitté Kolwezi par la route. La guerre n’est sans doute pas terminée. Le répit pourrait être de courte durée car le jeu en vaut la chandelle. La belle-sœur n’a sans doute pas remisé les armes. En attendant, ce sont les finances du Katanga qui sont bel et bien saignées à blanc. De cette lutte, le plus grand perdant reste encore et toujours le peuple du Katanga !

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