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  • Photo du rédacteurmutambak96

Détournement de 2 millions de dollars au Ministère du Développement rural



Ce 21 mai 2021, les trois Inspecteurs des Finances commis le 18 mars dernier par le ministre des Finances pour enquêter sur les fonds décaissés par le Gouvernement au profit de l'Office des Voies des Dessertes Agricoles conformément à l'OPI n° 1112188 de mise à disposition de fonds arrêtaient leur mission par la signature d'un procès verbal de déficit direct de caisse de près de 2 millions de USD détournés par Guy Mikulu Mpombo, l'ancien ministre du Développement Rural.


Au Ministère du Développement rural, les langues commencent à se délier. L'ancien ministre Mikulu se comportait en véritable dictateur. N'hésitant pas à court-circuiter l'administration de son ministère, le ministre s'était arrogé le droit de gérer les fonds sans rendre compte à personne de l'affectation des ressources du Trésor destinées à la réhabilitation des routes de desserte agricole. Par deux instructions écrites, Guy Mikulu avait émis des directives afin de fixer les modalités d'utilisation des deux millions USD retenus pour les projets prioritaires de route.

Sur le terrain, dès son entrée en fonction, l'ancien ministre avait pris en main le recrutement des cantonniers manuels. Pour asseoir le leadership de la famille politique FCC à laquelle le ministre du Développement rural appartient, les cantonniers manuels se voyaient obligés de prendre la carte de l'Alliance pour le Renouveau du Congo Orginal, ARCO, le parti politique de Mikulu créé à la suite du dédoublement de l'ARC.


Très proche de l'honorable Aubin Minaku, l'ancien ministre du Développement Rural s'était vu confier par son mentor la charge de veiller à son leadership dans la province du Kwilu et le grand Bandundu. Fort de ce soutien, Mikulu affichait un très grand zèle. Il n'hésitait pas à dénigrer tous les leaders de la province en exerçant un réel trafic d'influence dans toutes les nominations. Que ce soit au niveau de l'EPSP, les instituts supérieurs, la santé ou encore l'administration publique, toute nomination devait avoir l'aval du ministre Mikulu qui trônait comme un petit roi sur son territoire. Au cours des cinq dernières années, Guy Mikulu a fait la pluie et le beau temps dans le Kwilu.




A force de se sentir en véritable intouchable et enfant gâté de FCC, le ministre utilisait à sa guise les fonds des bailleurs, notamment de la Banque Africaine de Développement et ceux du gouvernement, destinés à améliorer les conditions de vie du monde rural. A plusieurs reprises, les populations faisaient état de la prise en otage des cantonniers par l'ARCO, des montants d'argent affectés à la paie du cantonnage qui étaient systématiquement détournés et renvoyés à ses mentors à Kinshasa et des détournements de plusieurs responsables proches de l'ancien ministre au sein des institutions supérieures de Bulungu. La détérioration accélérée des tronçons routiers relevant du ministère du Développement Rural illustrait parfaitement l'état délétère de la gestion de l'ancien ministre.


Aveuglé par les sommes colossales d'argent qui transitaient par son ministère, Guy Mikulu faisait l'acquisition de plusieurs résidences dans la capitale, notamment une maison évaluée à 800.000 USD acquise par son épouse dans le quartier Ma Campagne, et une concession de 3.000 hectares de terre entre Nsele et Maluku où il a érigé des porcheries. La rupture imprévue de l'alliance CACH-FCC en octobre dernier allait mettre un coup d'arrêt brutal à la folie des grandeurs du ministre qui n'avait alors aucune limite.




Dans ce premier dossier ouvert à sa charge par les Inspecteurs des Finances, le ministre Mikulu est accusé d'avoir détourné 2 millions de dollars. Après examen des pièces justificatives rassemblées à la hâte par le ministre, les Inspecteurs ont rejeté la plupart d'entre elles en relevant notamment des états de paie de frais de mission imaginaires et fantaisistes ou encore le paiement de matériaux pour le cantonnage dans des provinces non concernées, le paiement d'un hors bord, de forages d'eau, de kits solaires non concernés par le projet dont il avait la responsabilité. Tout dans le dossier présenté par le ministre aux abois sentait la fabrication la plus grossière. Les




Inspecteurs des Finances identifiaient également de faux états de paie des cantonniers non signés par les bénéficiaires et même des doubles paiements fictifs de cantonniers ayant déjà été payés par le FONER. Enfin, les inspecteurs ont dénoncé que l'argent envoyé pour réparer les routes de desserte servait à payer les primes du cabinet du ministre ainsi que le mobilier de salon des bureaux de son cabinet.

Le rapport des Inspecteurs est accablant. Il apparaît aujourd'hui que la fin de la coalition CACH-FCC permet de démasquer des voleurs qui ont à justifier les sommes volées au Trésor. Comparé à l'état des routes de desserte agricole du pays, et particulièrement du Kwilu, le train de vie somptuaire du ministre Mikulu conduit inévitablement au constat que le crime ne doit pas rester impuni ! Surtout quand on sait que 60% de la population congolaise vit en milieu rural sans route ni eau ni électricité.

Désormais, la tâche revient aux Inspecteurs judiciaires et au Parquet, non seulement de retrouver les biens détournés par celui qui était le seul et unique ordonnateur des dépenses de l'Etat affectées à l'entretien des routes agricoles. A la faveur du remaniement ministériel opéré en février dernier, le monde entier s'était étonné que le couple Mikulu sabre le champagne pour célébrer le fait que leurs supposés adversaires politiques n'étaient pas entrés au Gouvernement. Bien amer pour un ancien ministre qui devrait voir bientôt s'ouvrir devant lui les portes de la prison de Makala d'autant qu'il s'avère que d'autres dossiers tout aussi embarrassants attendent l'ancien ministre du Développement rural. Dossier à suivre !

Marcel Phanzu

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