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Du fleuve au tarmac : Bemba au volant du chaos

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 13 sept.
  • 4 min de lecture
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Jean-Pierre Bemba, ministre des Transports, n’est pas un dirigeant : c’est un fossoyeur. Sous sa tutelle, le Congo ne transporte plus, il enterre. Le chaos logistique qu’il préside tue chaque semaine, et son silence est une insulte aux victimes. Le constat est implacable : le pays ne transporte plus, il enterre.

Les chiffres hurlent l’horreur : depuis janvier 2025, plus de 500 Congolais ont péri dans des naufrages sur le fleuve Congo et les lacs, victimes de rafiots surchargés, sans gilets de sauvetage, livrés à une navigation anarchique. Et chaque fois, le même silence assourdissant du ministre. Pas de sanctions, pas de réformes, pas de stratégie.

Sur les routes, le carnage continue. À Bunia, Miabi, Sandoa, Matadi, Kibala, les camions sans freins et les routes défoncées font des dizaines de morts par mois. Les Congolais roulent dans des cercueils roulants. Le rail n’échappe pas au désastre : pour masquer la faillite, le ministère a importé des trains vétustes repeints à neuf, un maquillage grotesque qui trahit la corruption gangrenant le secteur. « On ne modernise pas un pays avec de la rouille repeinte», résume un observateur amer.


N’Djili ou l'absurde au pouvoir 

Le scandale de l’aéroport de N’Djili résume tout. L’avion présidentiel a dû tournoyer au-dessus de Kinshasa, incapable d’atterrir sur une piste plongée dans le noir complet. Coupure d’électricité, balisage éteint, groupes de secours défaillants. Il a fallu 45 minutes pour rétablir l’éclairage, quand la réglementation internationale fixe un délai maximum de 15 secondes. « Là, où le monde exige 15 secondes, la RDC s’offre 45 minutes : voilà le chronomètre de notre faillite», affirme un commandant de bord d'une compagnie privée.


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Dans n’importe quel pays sérieux, ce scandale aurait provoqué la démission immédiate du ministre. Mais en RDC, on préfère chercher un fusible. Un document officiel de la Régie des Voies Aériennes (RVA) vient de le prouver : le commandant de l’aéroport de N’Djili, Lundula Lutshaka, a été suspendu, accusé d’avoir mal appliqué une procédure technique.

C’est un écran de fumée. Car la vérité est ailleurs : la panne de N’Djili révèle l’incompétence structurelle de la RVA, de l’Autorité de l’Aviation Civile (AAC) et du ministère lui-même. Aucun audit, aucun contrôle, aucune anticipation. Les générateurs n’ont pas été entretenus, le manuel d’exploitation n’existe pas, l’aéroport n’est même pas homologué comme international.


La responsabilité, un mot rayé du dictionnaire

La suspension du commandant n’est qu’une diversion, un sacrifice pour sauver la face des vrais responsables. Dans un pays normal, ce n’est pas le petit fonctionnaire qu’on écarte : c’est le responsable politique qui rend des comptes. Mais en RDC, la notion de responsabilité a disparu.

Ici, l’honneur cède la place à la corruption, et l’État s’efface devant la cupidité. La chaîne hiérarchique entière – du personnel au sol de la RVA, au commandant de l’aéroport, à la direction générale de la RVA, jusqu’à l’Autorité de l’Aviation Civile – a failli. Et tout cela converge vers un seul nom : Jean-Pierre Bemba, ministre en charge, garant de la sécurité des transports.


La faillite morale de Bemba

Et que fait Bemba ? Rien. Vice-premier ministre d’un secteur vital, il n’a rien proposé, rien imposé, rien corrigé. Pas de plan d’urgence après les naufrages, pas d’audits après les crashes, pas de réformes après les drames routiers, pas de responsabilité assumée après l’incident de N’Djili.

Mais la faillite n’est pas seulement technique. Elle est aussi morale. Jean-Pierre Bemba fut un temps l’espoir de millions de Congolais, symbole d’une alternative au système en place. Mais partout où il est passé, il a laissé derrière lui des ruines. Comme ministre de la Défense, son seul bilan fut la déroute de l’armée congolaise devant la rébellion de l’AFC/M23. À mesure que les territoires se perdaient, c’est son compte en banque personnel qui gonflait.

Aux Transports, le scénario se répète. La faillite est générale, mais Bemba ne s’en soucie pas. Son véritable ministère, ce sont les commissions occultes des marchés publics passés de gré à gré dont il est devenu le champion. Des aéroports aux permis de conduire, rien n’échappe à cette logique opaque. Aucun appel d’offres, aucune transparence, aucune redevabilité. Tout est détourné, tout est négocié dans l’ombre.

Sa seule boussole est le nombre de zéros qui s’affichent sur ses comptes bancaires. Voilà le triste destin d’un homme autrefois vu comme un recours national : se réduire à l’incarnation d’une corruption arrogante, cynique et sans vergogne.


Le lotto de la mort 

L’épisode de N’Djili dit tout : la République démocratique du Congo est un pays où même l’avion présidentiel n’est pas en sécurité. Un pays où plus de 500 morts sur les fleuves ne suffisent pas à déclencher une réforme. Un pays où des trains pourris repeints suffisent à maquiller une corruption généralisée. Un pays où les routes avalent chaque semaine des dizaines de vies sans que personne n’en soit tenu responsable.

Voilà la faillite d’un État. Voilà la marque de fabrique d’un ministre absent. Voilà pourquoi l’histoire retiendra que Jean-Pierre Bemba, ministre des Transports, fut l’un des fossoyeurs de la sécurité publique au Congo.

Au-delà de l’homme, c’est la gouvernance qui est en cause : politisation, corruption, impunité. Mais Bemba a accepté ce rôle, il l’a endossé, il en porte la responsabilité. Son nom restera associé à cette année noire des transports congolais, où le fleuve, la route et le ciel ont emporté des milliers de vies.

Au Congo, en 2025, monter dans un bateau, un bus, un train ou un avion n’est plus une promesse de départ : c’est jouer sa vie à la loterie de la mort.


 
 
 

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