Selon sa livraison du 18 février dernier, le périodique Africa Confidential, affirme que Dan Gertler serait sur le point de signer un accord avec Félix Tshisekedi pour mettre un terme à l’offensive judiciaire de grande envergure lancée contre lui par l’Etat congolais pour détournements de fonds dus au Trésor congolais. Au terme de cet arrangement, Dan Gertler devrait verser 280 millions USD à la RDC au titre de royalties non perçues par le Trésor Congolais. Africa Confidential affirme que cet accord a été trouvé à la suite de plusieurs allers-retours en jets privés entre l’Europe, les Etats-Unis et la RDCongo.
En réalité, derrière ce deal, ce sont près de 8 milliards de dollars que Félix Tshisekedi et Dan Gertler ont secrètement négocié sous le parrainage du Président Museveni. La session des actifs miniers de Gertler à l’Etat congolais ne serait que de la poudre jetée aux yeux des Congolais. Le dossier en discussion est d’une toute autre nature et bien plus grave car il enlève définitivement à l’Etat congolais tout espoir de tirer profit de la manne pétrolière congolaise des réserves du Lac Albert.
L’entrée des troupes ougandaises en territoire congolais n’est pas étrangère à cet arrangement. La lutte contre les ADF n’est qu’un prétexte pour justifier la présence de l’UPDF dans les environs des réserves pétrolières congolaises.
« Je connais Dan Gertler. S’il paye 280 millions à Félix Tshisekedi, c’est qu’il a trouvé un moyen de gagner beaucoup plus » affirme un expatrié qui a travaillé pour l’homme d’affaires. Cet arrangement cache une opération de bien plus grande ampleur au détriment du Trésor congolais. 280 millions de USD ne représentent qu’une portion très réduite de la fortune accumulée par Dan Gertler au détriment des intérêts de la RDCongo. Ce montant n’est qu’un paravent pour détourner l’attention des Congolais et de la Communauté internationale.
A l’image de Pierre Falcone en Angola, Benny Steinmetz en Guinéee, les frères Gupta en Afrique du Sud, Dan Gertler fait partie des loups qui, sous le couvert de chefs d’Etat, ont largement écumé les caisses des Etats fragiles. Fraude, corruption, détournements de fonds publics, abus de confiance, abus de biens sociaux, hold-up d’état, rien n’échappe à ces bourreaux des économies africaines. Tout leur a toujours été bon pour écumer les caisses des Etats dans lesquels les Chefs d’Etat leur avaient accordé leur hospitalité. Ils ont tous eu maille avec la justice et tous ont été condamnés.
Pour la petite histoire, Dan Gertler avait jeté son dévolu sur la RDCongo de Joseph Kabila et son diamant. « Si la MIBA est aujourd’hui en ruine, c’est à cause du contrat Emaxxon signé avec Dan Gertler », confirme un ancien cadre de la Minière du Katanga. L’homme se souvient qu’avec l’appui de l’ancien Chef de l’Etat, Dan Gertler disposait du monopole d’achat de la production de la MIBA en dessous du prix du marché. Tout cela, en contrepartie d’un financement introuvable. En gagnant la confiance d’Augustin Katumba, le tout puissant conseiller du Président Kabila, Dan Gertler a tranquillement écumé le pays. Après avoir accéléré la déroute financière de la MIBA, avec l’appui de Joseph Kabila, juste avant la crise financière de 2008, l’homme d’affaires israélien a arraché à Georges Forrest ses parts dans le plus grand partenariat privé de l’époque qui liait la Gécamines à un investisseur minier de référence.
« Quand en 2012, au terme d’une offensive éclair, le M23 a pris la ville de Goma, Joseph Kabila a pris peur. Il n’avait pas d’argent. Il s’est tourné vers Dan Gertler qui lui a donné les moyens d’acheter des armes et d’affrêter des avions pour stopper l’offensive des rebelles » se souvient un collaborateur de l’ancien Chef de l’Etat. L’homme qui est resté fidèle à Joseph Kabila se lance dans une confidence « Début janvier 2022, pour sceller son accord avec Félix Tshisekedi, Joseph Kabila a instruit Dan Gertler d’aller à Limete pour parler au nouveau président et lui remettre une enveloppe de 10 millions de dollars pour aider à son installation ». C’est à cette époque que Félix Tshisekedi et son épouse Denise Nyakeru ont compris la puissance de l’homme d’affaires.
Depuis cette première mallette d’argent liquide, les liens entre Félix Tshisekedi et Dan Gertler n’ont jamais été coupés. Au fil du temps, ils se sont resserrés. En dépit de l’action menée devant les cours et tribunaux contre le milliardaire israélien, Fortunat Biselele, le conseiller privé du Chef de l’Etat congolais, a été instruit de garder le contact avec l’homme d’affaires. Dans la plus grande discrétion, Fortunat Biselele et Jean-Claude Kabongo ont maintenu la ligne ouverte avec D. Gertler d’autant plus facilement que les trois hommes ont chacun des intérêts dans le secteur pétrolier. Le conseiller privé Biselele est un ancien cadre de Dig Oil tandis que Jean-Claude Kabongo a investi avec un neveu du Président Sassou dans le négoce et la distribution de carburant. Les blocs pétroliers détenus par Dan Gertler dans le bloc Albertine à la frontière de l’Ouganda arrachés à Dig Oil, la petite compagnie d’Andrea Brown et de Nozy Mwamba, constituent l’enjeu d’un deal entre Félix Tshisekedi et Dan Gertler. Ils représentent un pactole de près de 8 milliards de dollars qui viennent d’être négociés secrètement entre Tshisekedi et Dan Gertler.
Au cours des derniers mois, alors que tout semblait perdu pour lui, Dan Gertler a mis à contribution son immense carnet d’adresse pour trouver un compromis avec Fortunat Biselele au sujet des deux blocs contestés par Dig Oil. Après plusieurs mois de discussion le deal a été trouvé. Au cours des dernières semaines, trois avions ont été affrétés pour acheminer les négociateurs. Denise Nyakeru a été informée de l’évolution de toutes les discussions. Au terme de l’arrangement que les Tshisekedi et Gertler ont trouvé, une compagnie pétrolière de second rang va acquérir les deux blocs détenus par les sociétés de Gertler. Dès que la cession sera enregistrée et les montants y afférents réglés au Trésor congolais, cette junior company va mettre ses parts sur le marché. Un accord aurait déjà été noué avec un grand groupe pétrolier international qui exploite le pétrole sur les rives ougandaises du Lac. Le tour de force de Fortunat Biselele et de Dan Gertler réside dans l’implication des autorités ougandaises dans leur deal.
Fort du parrainage de Yoweri Kaguta Museveni, Félix Tshisekedi s’apprête à vendre les blocs pour une valeur estimée à 8 milliards USD. Sur ce montant, l’Etat congolais devrait obtenir la modique somme de 2 milliards USD. Cette sous-évaluation au détriment du Trésor Public congolais va générer un solde de 6 milliards. Ce montant faramineux a fait l’objet de discussion pour son partage entre Félix et Denise d’une part, le conseiller privé Biselele d’autre part et le Chef de l’Etat ougandais qui apporte sa caution sécuritaire au groupe pétrolier qui devrait exploiter les blocs congolais. Ce pacte financier et sécuritaire a été scellé sur le dos de François Beya. Il fait l’objet des préoccupations des autorités rwandaises et keynanes qui sont tenues à l’écart de toutes ces discussions. La montée en puissance de Yoweri Museveni et de l’Ouganda constitue la nouvelle donne géopolitique dans la sous-région. Pour calmer les appréhensions de son voisin rwandais, le Chef de l’Etat ougandais n’a pas hésité à dépêcher son fils Muhoozi afin de rassurer le Président Paul Kagame.
Le 12 février dernier, sous couvert d’un mini-sommet sur la sécurité de la Région et la lutte contre le terrorisme, Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni se sont retrouvés à l’invitation du Président Sassou Nguesso à Oyo au nord du Congo Brazzaville. Officiant en doyen des Chefs d’Etat de la Région mais également en sa qualité d’homme particulièrement averti des enjeux pétroliers, Denis Sassou Nguesso a apporté sa caution au pacte entre Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni sur les blocs pétroliers de l’Albertine. La discussion s’est déroulée en présence du conseiller privé Fortunat Biselele chargé de finaliser les arrangements avec Dan Gertler. En gage de bonne foi, ce dernier a cédé à Félix Tshisekedi et Denise Nyakeru une villa sur la très huppée avenue Prince d’Orange à Uccle. L’homme d’affaires israélien sait qu’on ne doit jamais être trop prudent. A la veille du contrat du siècle, cette résidence constitue un tout petit gage de sa bonne volonté.
Aujourd’hui, sans jamais avoir travaillé de leur vie, Tshisekedi, Biselele, Kabongo et Denise Nyakeru disposent d’une fortune considérable. Leur enrichissement éhonté dément les principes les plus élémentaires de l’effort et du mérite enseignés aux enfants. En détournant les fonds qui devraient revenir à l’Etat Congolais pour éradiquer l’extrême pauvreté dans laquelle croupit près de 100 millions de leurs compatriotes, ce quarteron de prédateurs font main basse sur les richesses minières et pétrolières de l’Etat. Tout cela, sous les yeux complaisants voire complices du FMI, de la Banque Mondiale et des partenaires au développement qui continuent à arroser aveuglément un des régimes prédateurs les plus corrompus du continent…
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