Banza- Bifor- JCK ou le grand retour des courtisans
- mutambak96
 - il y a 11 heures
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Un vent de fin de règne souffle sur la présidence de Félix Tshisekedi, ce Roi Soleil qui, dans son isolement croissant, rappelle à ses côtés les ombres du passé. Trois figures, liées par des affaires occultes, des secrets inavouables et une loyauté fluctuante, émergent des coulisses : Fortunat Biselele alias Bifor, Jean-Claude Kabongo alias JCK et Danny Banza. Leur retour simultané n'est pas un hasard, mais le symptôme d'un système en déliquescence, bâti sur la prédation et la connivence dès les premières heures du mandat en 2019. Ces mousquetaires, autrefois architectes d'un réseau opaque, reviennent non pour sauver la République, mais pour accélérer son effondrement.
Lors du récent séjour parisien du chef de l'État, à l'occasion de la conférence humanitaire organisée par Emmanuel Macron, le contraste fut saisissant, presque grotesque. Tandis que Tshisekedi plaidait pour une aide internationale à un pays ravagé par la crise, Jean-Claude Kabongo orchestrait une soirée de débauche dans un hôtel de luxe : champagne millésimé, caviar, musique live et une escouade d'escort-girls, le tout sous les yeux indifférents des services français. Un étalage de luxe tapageur qui choqua les cercles diplomatiques. Non loin, Amadou Diaby célébrait les "exploits" du président congolais, alors même que cette visite se soldait par un fiasco retentissant. Ces comportements arrogants et dispendieux révèlent la faillite morale d'un pouvoir prisonnier de ses contradictions, où la misère du peuple sert de décor à l'opulence d'une élite déconnectée.
Ce trio – Biselele, Kabongo et Banza – incarne le cœur battant d'un système de prédation. Unis par des intérêts croisés et une vision patrimoniale de l'État, ils ont façonné l'architecture occulte du régime : contrats miniers opaques, lobbys étrangers, réseaux diplomatiques parallèles, circuits financiers offshore. Tout passait par eux, au mépris de la transparence et de la justice. Leur réapparition marque non seulement la recomposition d'un clan, mais l'essoufflement d'un pouvoir qui, à force de se régénérer par ses propres vices, court à l'implosion.
Danny Banza, l’enfant prodigue du Katanga
Au sein de ce triumvirat, Danny Banza joue une partition singulière, celle de l'enfant prodigue du Katanga. Écarté après des tensions internes, cet ancien conseiller spécial du président insiste pour rentrer au pays, prétextant un retrait de la politique pour se consacrer à ses affaires privées. Mais ses proches le trahissent : il multiplie les consultations discrètes auprès de ses alliés katangais, évitant d'afficher ses ambitions tout en distillant un discours sur la souveraineté régionale, la défense des intérêts locaux et la lutte contre la marginalisation de sa province.
"Le régime a exagéré", répète-t-il, observant avec amertume comment les entreprises indiennes et chinoises recrutent massivement des employés du Kasaï, rejetant les candidatures des natifs katangais. Pour lui, cette politique discriminatoire est une "bombe à fragmentation sociale". Et c'est au nom de "gérer ces questions de fond" qu'il prépare son retour.
Mais derrière cette posture de “gestionnaire” se profile une ambition politique intacte. Car Danny Banza, malgré ses promesses de retrait, n’a jamais désarmé. Il dispose de moyens financiers considérables, de réseaux d'affaires solides et d'une influence transfrontalière. Le retour imminent de Fortunat Biselele à la présidence – pressenti pour remplacer Eberande Kolongele, le conseiller spécial en sécurité victime d'une crise cardiovasculaire – change la donne. Cette nomination rassure Banza sur sa sécurité et lui ouvre un espace plus favorable au sein du sérail. Mais ce retour n'est pas un acte de clémence ; c'est une alliance de survie dans un régime qui vacille, où la loyauté se monnaye et les trahisons se multiplient.
Un système qui se recompose avant de s’effondrer
L’alliance reconstituée entre Biselele, Kabongo et Banza réveille les vieux démons d’un pouvoir bâti sur la connivence et les affaires. Leur système, qui se recompose avant de s'effondrer, illustre la dérive autoritaire d'un régime qui muselle l'opposition, réprime les voix discordantes et vide les caisses publiques pour entretenir une cour fastueuse. En 2025, alors que l'Est du pays brûle sous les feux d'une guerre interminable, que la pauvreté étrangle les populations et que la corruption gangrène les institutions, ce trio symbolise la faillite morale absolue. Tshisekedi, en les rappelant, ne fait que précipiter sa propre chute, transformant la présidence en un théâtre d'ombres où les intérêts privés l'emportent sur le bien commun.
En ligne de mire : 2028
Pour Danny Banza, l’horizon est clair. "Pour lui, le second mandat de Félix Tshisekedi, censé s’achever en 2028, est perçu comme une transition, non comme une clôture", affirme un cadre de son parti ACO. L'homme veut peser de tout son poids dans les équilibres politiques à venir, misant sur le ressentiment katangais et sur un discours de souveraineté économique et identitaire.
À Lubumbashi, son nom circule à nouveau, porté par des visites discrètes et des promesses d'investissements. Ses partisans y voient le retour de l'enfant prodigue, trahi mais pas vaincu; ses adversaires, le réveil d'un homme qui a tout vu, tout compris et rien oublié. "Si Banza rentre, ce n'est pas pour observer, mais pour solder les comptes", confirme un de ses proches.
Et dans le crépuscule des dictatures africaines emportées les unes après les autres comme à Madagascar ou en Tanzanie, les trois mousquetaires ne sont peut-être que des spectres éphémères destinés à être emportés par le vent de la justice populaire.
