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Éviction de Dany Banza ou la chute brutale d’un Rastignac

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 16 mars
  • 5 min de lecture

À Monaco, dans ce refuge doré des milliardaires où l’argent sale se blanchit au soleil, Dany Banza Maloba savoure une retraite luxueuse, oscillant entre le Rocher et sa somptueuse villa de Mougins, perchée sur les collines de la Côte d’Azur.

Loin des clameurs de Kinshasa et des mines poussiéreuses du Katanga, cet ex-homme de confiance de Félix Tshisekedi rumine sa disgrâce, un verre de champagne à la main, tandis que ses anciens alliés le vomissent. En mars 2025, le président congolais l’a éjecté sans un regard en arrière, un coup de balai brutal pour chasser celui qu’il appelle désormais, dans l’intimité de son palais, "un poison dans la maison". "Il m’a créé beaucoup de problèmes, ce type est une plaie ouverte !", aurait lâché Tshisekedi, la voix tremblante de rage, selon un conseiller qui a assisté à l’exécution politique.

Banza, ce Rastignac congolais aux griffes acérées, a pillé sans vergogne le Katanga, trahi sans remords son mentor et sucé le pouvoir jusqu’à la moelle. Mais son empire de sable s’est effondré sous le poids de ses scandales, précipité par l’ascension froide et implacable de Kao Mandungu, le nouveau maître du jeu.


Un arriviste sans scrupules ni limites

Dans une République Démocratique du Congo livrée au chaos, où les convoitises s’entrelacent comme des serpents dans un nid, Dany Banza incarne l’ambition brute et venimeuse. Né dans un Grand Katanga gorgé de cuivre et de cobalt mais rongé par la misère et l’instabilité, cet homme aux origines modestes a vite reniflé l’odeur du pouvoir, une fragrance plus enivrante que les minerais rares de sa province.

Dès 2017, il se glisse sous l’aile de Moïse Katumbi au sein du G7, jouant les fidèles lieutenants, un sourire mielleux aux lèvres. Mais la loyauté, chez Banza, n’est qu’un masque jetable. Il ne tarde pas à planter un couteau dans le dos de ses alliés, s’attaquant à Salomon Idi Kalonda, bras droit de Katumbi, dans une guerre d’ego qui fait hurler les partisans de l'ancien gouverneur du Katanga. « Trahison ! Ce type est un Judas sans âme ! » tonne un cadre du mouvement, la voix chargée de mépris. Patrick Kisula, figure de l’ACO – un parti que Banza détournera plus tard comme un vulgaire jouet – ricane encore aujourd’hui : « Il s’est tiré une balle dans sa propre jambe. Il pensait qu’on ne verrait rien venir ! »

En 2018, lassé des contraintes du G7 et de l'influence de Salomon Kalonda, Banza claque la porte avec fracas, prêt à vendre son âme au plus offrant. "Je ne suis pas là pour suivre, je suis là pour dominer", aurait-il lancé à un proche lors d’une nuit arrosée à Lubumbashi, ses yeux brillant d’une avidité sans fond. Cette phrase deviendra son credo, une déclaration de guerre contre tous ceux qui oseraient entraver son ascension. Et Tshisekedi, fraîchement élu en 2019, sera sa prochaine proie.


Le Katanga, son terrain de chasse et de pillage


Sous l’ère Tshisekedi, Banza s’invente un titre ronflant : ambassadeur itinérant. Une étiquette vide pour un rôle de prédateur en chef. Surnommé "Monsieur Katanga" par une presse complaisante, il transforme la région en fief personnel, une chasse gardée où il impose sa loi. Il convainc Félix Tshisekedi de placer des fidèles à la tête des provinces démembrées. Jacques Kyabula et Fifi Masuka doivent en partie leur ascension à Dany Banza qui les pressure de demandes de fonds pour le compte du couple présidentiel.

En 2020, il joue les philanthropes en cédant ses émoluments contre le Covid-19, un geste théâtral qui fait ricaner les initiés. "Une façade pour les imbéciles ! Pendant ce temps, il empoche des millions sous la table", s’indigne un ancien collaborateur, écœuré par tant de cynisme.

En 2021, après l'avoir imposé comme CEO de la puissante Gécamines, il pousse son pion, Sama Lukonde, jusqu’au poste de Premier ministre, une marionnette docile qu’il manipule depuis les coulisses. "Regarde-moi ça, il a mis son chien de garde à la tête du gouvernement !", s’étrangle un cadre de l’UDPS, le parti présidentiel, qui voit en Banza un parasite incrusté dans les entrailles du pouvoir.

Mais l’UDPS bout de rage contenue. "Banza a amassé des centaines de millions sur le dos de Tshisekedi ! Il faut ouvrir les dossiers, fouiller la Gécamines, traquer ses réseaux dans les mines !", exige un haut responsable du parti, les poings serrés, lors d’une réunion clandestine à Kinshasa. Les soupçons s’accumulent : détournements massifs, contrats truqués, extorsion des creuseurs artisanaux. Près de 300 millions USD ont été extorqués à la Gécamines au profit de Banza.

En 2022, Dany Banza orchestre la répression sauvage d’une manifestation à Lubumbashi, ordonnant aux militaires d’écraser dans le sang les voix qui osent défier son règne en exigeant la libération du pasteur Ngoy Mulunda.

En 2023, les ONG internationales le clouent au pilori : racket organisé avec des galonnés, fortunes détournées via des deals opaques avec la Gécamines, pressions sur les cadres honnêtes. "Il veut enterrer l’entreprise, la vider comme une carcasse !", accuse un proche de Guy Robert Lukama, président du conseil d’administration de la Gécamines, cible des complots de Banza. Surnommé "la grenouille" par ses ennemis – une référence à sa capacité à gonfler son arrogance jusqu’à l’absurde –, il parade, intouchable, dans un Katanga exsangue.


Fédéralisme, double jeu et paranoïa


En 2023, Banza ose un coup d’éclat à Kipamba, prônant un fédéralisme aux relents séparatistes, un discours piqué à Kyungu wa Kumwanza pour masquer ses véritables ambitions. "Le Katanga doit respirer seul, loin de Kinshasa !", clame-t-il devant une foule soigneusement triée, un sourire carnassier aux lèvres.

Mais derrière cette posture, il joue double jeu. Coordinateur de la campagne de Tshisekedi dans la région, il est soupçonné de rouler en sous-main pour Katumbi, son ancien mentor qu’il n’a jamais vraiment cessé de courtiser. Dans un accès de paranoïa, il se fâche avec André Mbata, cadre de l’Union Sacrée. La presse titre alors : "Un poison dans le verre de Tshisekedi", une formule qui colle à sa peau comme une seconde nature.

En 2024, il s’arroge un siège de sénateur au Haut-Lomami, achetant les voix avec des liasses sorties de ses coffres katangais. Ses promesses – baisser le prix du ciment, relancer l’économie – sonnent creux, des mots jetés en pâture à une population lassée de ses mensonges. "Il croit encore qu’on va avaler ses salades ?", s’esclaffe une commerçante de Kamina, balayant l’air d’un geste dédaigneux.


La chute : un vautour dévoré par son ombre


Mars 2025 marque la fin du règne. En pleine crise du M23, alors que l’est du pays s’embrase, Tshisekedi tranche dans le vif. "Banza dehors, maintenant ! J’en ai assez de ses manigances, de son opposition à mon troisième mandat !", aurait-il ordonné, selon une source proche de la présidence. Ses liens troubles avec John Numbi, général déchu et sulfureux, scellent son sort.

Mais le vrai bourreau porte un autre nom : Kao Mandungu. Apparu en 2022 comme conseiller économique après l’éviction de Fortunat Biselele, cet héritier de l’ère Mobutu opère dans l’ombre, tissant des alliances avec les Émirats. Primera Gold, pour l’or congolais, et le port de Banana avec DP World : ses projets éclipsent le rôle de Banza, dont l’avidité crasse devient une gêne insupportable. "Kao est un serpent silencieux, Banza un vautour bruyant. Le choix était évident", glisse un diplomate à Kinshasa, un sourire en coin.

À Monaco, Banza rumine, entouré de ses richesses mal acquises. "Il a tout eu et tout gâché !", fulmine un proche de Tshisekedi, la voix chargée de dégoût. L’UDPS promet de rouvrir les dossiers, de traquer ses pillages jusqu’au dernier centime.

Comme Rastignac, il a rêvé de dominer Paris – ou plutôt Kinshasa – mais ce vautour inconstant, rongé par ses trahisons, s’est crashé en plein vol. Sa chute est fracassante, un spectacle jubilatoire pour ses ennemis.

Pourtant, dans un pays où la ruse est reine, il guette peut-être encore son heure, tapi dans l’ombre, prêt à fondre sur une nouvelle proie. "Il n’est jamais vraiment fini, ce genre de parasite", murmure un vieux politique kasaïen, les yeux plissés par la méfiance.



 
 
 

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