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Tshisekedi-Fayulu : le théâtre de l'imposture

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 6 juin
  • 5 min de lecture

Il y a des spectacles qui révulsent par leur indécence. Ce 5 juin 2025, à la Cité de l'Union Africaine, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu ont offert au Congo l'une des mascarades les plus écœurantes de son histoire politique récente. Deux hommes qui s'étreignent devant les caméras, deux sourires de circonstance qui cachent mal l'odeur de l'argent et des calculs sordides. Le "président élu autoproclamé" de 2018 dans les bras du "président installé" : voilà le Congo résumé en une image – un pays où la dignité se négocie au marché noir des consciences.


L'accolade de Judas

Souvenons-nous : il y a encore quelques mois, Fayulu crachait son venin sur Tshisekedi, dénonçant la "fraude monumentale" de 2018, se drapant dans les oripeaux du martyr démocratique. Aujourd'hui, le voilà qui papouille avec son "voleur de victoire", flanqué de ses fidèles Devos Kitoko et Prince Epenge, face aux sbires de Tshisekedi – Eberande et François Muamba. Quelle touchante réconciliation ! Quelle sublime conversion sur le chemin de Damas... ou plutôt sur celui qui mène aux coffres de l'État.

Car ne nous y trompons pas : cette embrassade n'a rien de spontané. Elle pue l'arrangement financier à plein nez. Combien a coûté la conscience de Fayulu ? Quel prix pour transformer un "homme intègre" en marionnette ? Les langues se délient dans les couloirs de Kinshasa : on parle de millions, de promesses de postes, de marchés juteux. Le "président élu" a vendu son âme au diable, et le diable a payé cash.


Tshisekedi, l'Illusionniste aux Abois

Selon un vieux remède de grand-mère, agiter un bol de lait chaud devant la bouche d’un malade, après un jeûne prolongé, est le moyen le plus sûr d’extraire le ver solitaire niché dans son estomac. C'est précisément le tour de passe-passe politique que Félix Tshisekedi a orchestré, ce 5 juin 2025. Incapable de former un gouvernement d'union nationale, humilié par les rebelles du M23 qui grignotent l'Est du pays, voilà qu'il sort de son chapeau un lapin fatigué nommé Fayulu. "Regardez, brave peuple congolais, j'ai réconcilié la nation !" Pendant ce temps, Goma agonise, les FARDC battent en retraite, et les déplacés s'entassent dans des camps de fortune.

Cette manœuvre vise surtout à dynamiter l'axe Kabila-Katumbi, cette alliance qui terrifie le régime. En isolant l'ancien président retranché à Goma et en tentant de séduire son frère katangais hostile à la guerre, Moïse Katumbi – maître incontesté du Katanga –, Tshisekedi joue sa survie politique. Mais attention : Katumbi n'est pas Fayulu. L'homme qui règne sur les mines de cuivre et de cobalt ne se contente pas de miettes. Et s'il résiste aux sirènes du pouvoir, l'édifice Tshisekedi pourrait s'effondrer comme un château de cartes.


La Guerre des Clans : Quand les Alliés Montrent les Crocs

Chez Tshisekedi, l'euphorie est de courte durée. Cette alliance sème la zizanie dans ses propres rangs. Judith Suminwa, la Première ministre sur siège éjectable, voit déjà son remplaçant pointer le bout de son nez. Car oui, les rumeurs vont bon train : Fayulu Premier ministre, voilà le cadeau empoisonné que Tshisekedi mijote pour calmer les appétits.

Jean-Pierre Bemba, l'ancien seigneur de guerre reconverti en politicien respectable, sort de ses gonds. Lui qui avait reçu la promesse du poste de Premier ministre se retrouve floué, berné, humilié. "J'ai tout risqué pour Félix, et il me paie en monnaie de singe !", hurle-t-il dans l'intimité de son salon. L'homme qui a survécu à La Haye et aux geôles de la CPI ne digère pas cet affront. Gare aux représailles.

Vital Kamerhe, lui, joue les équilibristes. Le "caméléon politique" – surnom qu'il assume avec malice – observe, calcule, attend. Il sait que 2028 approche et que les cartes peuvent encore être redistribuées. Sa prudence agace les caciques du régime qui le soupçonnent de préparer sa reconversion. Après tout, qui mieux que Kamerhe connaît l'art de changer de camp au bon moment ?


Le Katanga, la Poule aux Œufs d'Or

Derrière cette comédie se cache l'enjeu véritable : le Katanga et ses richesses minières. Tshisekedi fait cap sur Kolwezi, capitale mondiale du cobalt, pour réaffirmer son emprise sur cette manne financière. Car sans les revenus du Katanga, impossible de financer la fin du mandat, les campagnes électorales, les ralliements coûteux. Le "camp de la patrie" n'est qu'un paravent pour sécuriser les circuits de financement.

Mais Katumbi n'est pas dupe. L'empereur du Sud-Katanga connaît sa valeur. Si Tshisekedi croit l'amadouer avec des promesses creuses, il se trompe lourdement. Kabila et Katumbi peuvent faire tomber le régime – il suffit qu'ils  agitent l'opinion katangaise et ferment les robinets miniers. La partie d'échecs s'annonce impitoyable.


Twitter en Feu : Le Peuple Crache sa Colère

Sur les réseaux sociaux, la colère explose. Les Congolais, ces témoins impuissants de la décrépitude nationale, déversent leur rage en 280 caractères assassins.

"Fayulu, hier champion de la vérité des urnes, aujourd'hui griot de Tshisekedi. Quel cirque pathétique !"

"Combien de millions pour acheter une âme ? Fayulu nous donne enfin le tarif."

"Pendant que l'Est brûle et que Kinshasa se noie, nos 'leaders' jouent à la réconciliation devant les caméras. Grotesque !"

Ces tweets, cinglants comme des coups de fouet, révèlent l'écœurement d'un peuple qui ne croit plus en rien. Comment le blâmer ? Quand les héros d'hier deviennent les pantins d'aujourd'hui, quand les discours enflammés se transforment en pantomimes mercantiles, il ne reste que l'amertume et le mépris.


La Paix ? Connais Pas !

Pendant que Tshisekedi et Fayulu se pavannent, l'Est du Congo continue de saigner. Les négociations de Doha ? Sabotées par Kinshasa qui préfère jouer la stratégie du pourrissement. L'AFC/M23 ? Elle continue sa progression, village après village, route après route. Les FARDC ? Démoralisées, sous-équipées, affamées par leurs propres généraux qui détournent les soldes.

Le général Luboya, gouverneur militaire de l'Ituri, a osé dire la vérité : "Nos soldats crèvent la faim pendant que leurs chefs s'enrichissent." Résultat : une armée fantôme qui recule devant quelques milliers de rebelles. Et Tshisekedi qui rêve d'incarner un Zelensky congolais, oubliant que le président ukrainien, lui, se bat vraiment contre l'envahisseur.


2028 : La Bataille Finale

Tous les regards convergent déjà vers 2028. Tshisekedi, fragilisé par ses échecs, mise tout sur cette alliance bancale pour financer sa fin de mandat et préparer sa succession. Fayulu, lui, rêve d'un poste de Premier ministre pour redorer son blason terni.

Mais le pari est risqué. Si Katumbi résiste et s'allie ouvertement à Kabila, si les mécontents du régime sabotent l'édifice, si l'AFC/M23 continue sa progression vers les mines du Katanga, alors l'effondrement sera total. Et dans cette hypothèse, ni Tshisekedi ni Fayulu ne pourront invoquer la fatalité : ils auront coulé le navire de leurs propres mains.


L'Épilogue d'une Tragédie

Au final, cette embrassade restera dans les annales comme le symbole de tout ce qui gangrène la politique congolaise : l'opportunisme, la vénalité, le mépris du peuple. Deux hommes qui s'enlacent pendant que le pays s'effondre, deux sourires de façade pendant que les vraies souffrances continuent.

Le Congo mérite mieux que ces pitoyables comédiens. Il mérite des leaders qui choisissent la dignité plutôt que l'argent, la vérité plutôt que les arrangements, le service du peuple plutôt que la survie personnelle. Mais en attendant ce miracle, les Congolais devront encore subir ce théâtre de l'imposture où les premiers rôles sont tenus par des seconds couteaux.

Car le véritable ver solitaire qui dévore le Congo, ce n'est ni Tshisekedi, ni Fayulu pris individuellement. C'est ce système pourri jusqu'à la moelle où la politique se résume à un marché aux bestiaux et où la patrie se vend au plus offrant. Rideau.

 
 
 

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