Ce samedi 23 décembre aux petites heures du matin un drame vient de se jouer à l'hôtel Hilton. de Kinshasa Le corps de Laurent Delvaux, 40 ans, est retrouvé désarticulé au pied de l'immeuble. Sitôt informée, l'ambassade de Belgique dépêche ses services pour procéder à l'identification du corps de l'infortuné. Laurent Delvaux était l'informaticien de l'équipe d'experts de l'Union Européenne envoyée en mission à Kinshasa afin d'observer les élections. Après le retrait de la mission d'observation européenne suspectée par Kinshasa de partialité voire même de travailler pour un candidat, l'Union Européenne avait pris la décision d'envoyer une mission légère chargée de dresser un rapport confidentiel assorti de recommandations aux autorités congolaises sur la tenue des scrutins.
Les tout premiers éléments de l'enquête qui fait suite à la mort de l'expert belge battent en brèche la thèse officielle des autorités de Kinshasa qui associe la mort de l'expert européen à un suicide.
En tout premier lieu, les observateurs relèvent les communiqués contradictories de l'Agence Congolaise de Presse, ACP. Bien que l'ambassade de Belgique ait émis le souhait de ne pas ébruiter l'affaire, l'ACP va produire successivemnt deux communiqués sur la mort de Laurent Delvaux. Le premier atteste qu'un doute existe entre le suicide et le crime. Quelques heures plus tard, l'ACP produit un second communiqué établissant que le suicide de l'infortuné est avéré. Entretemps, le responsable de l'ACP a été entendu par l'ANR et s'est vu menacé d'arrestation. De là à mettre en sourdine la thèse de l'assassinat, rien de plus normal !
Un second élément troublant ajoute à la suspicion. Deux vidéos ont été tirées par le réseau des caméras l'hôtel Hilton. Elles sont aujourd'hui entre les mains des services de sécurité congolais. Dans la première on y voit l'infortuné en train de courir, et dans la seconde, on aperçoit son corps gisant et désarticulé au pied de l'hôtel tandis qu'une femme de service en tenue blanche passe à côté du cadavre.
Troisième élément très très troublant dans ce dossier, la veille de la découverte du cadavre au bas de l’hôtel, la communauté diplomatique de Kinshasa avait été secouée dans l’après-midi par l’annonce du décès d’un expert belge... dans sa chambre de l’hôtel Hilton.
Des diplomates européens, dont une Belge, sont descendus sur place où se trouvait aussi le PGR, selon diverses sources au sein de la mission européenne...
Au sein de l'Ambassade de Belgique, on feint encore de croire à la possibilité d'une enquête sérieuse diligentée par la police congolaise. Quoi de plus normal quand le responsable des questions politiques de l'ambassade s'évertue à faire du prosélytisme en faveur du régime de Kinshasa. Pour Bruxelles, Félix Tshisekedi demeure une carte politique sur laquelle comptent les autorités belges. "Pour nos amis belges, la crédibilité du Cardinal Ambongo et de Monseigneur Nshole est ouvertement remise en question. Les hommes en soutane en font trop nous disent les diplomates belges !", affirme un diplomate européen.
L'activisme de Ahmed, le conseiller politique de l'ambassade de Belgique, en faveur de Félix Tshisekedi fait sourire dans nombre de chancelleries qui constatent le recul des Belges sur les valeurs démocratiques portées par la coalition au pouvoir à Bruxelles. "Le gouvernement De Croo a choisi le camp de Félix, l'ami de la Belgique et garde le cap", dit un professeur d'université belge.
Un soutien inconditionnel qui coûte cher
Après avoir été appelée une première fois au secours dans l'affaire de l'assassinat de l'ancien ministre Chérubin Okende, la Belgique avait dépêché une experte pour participer à l'autopsie du porte-parole du parti Moïse Katumbi. Au regard des nombreuses irrégularités observées dans la gestion de ce dossier, le ministère de la Justice belge avait fait observer que l'assistance belge à cette autopsie s'était limitée à prodiguer des conseils au gouvernement congolais. Le rapport de l'autopsie est gardé au secret et la dépouille du ministre assassiné à la morgue. Aujourd'hui, les autorités belges sont à nouveau sur le gril car derrière la mort d'un expert belge, nombre d'observateurs doutent de la thèse du suicide avancée par Kinshasa. Le prix du soutien de la Belgique à Félix Tshisekedi devient manifestement de plus en plus lourd et difficile à expliquer à l'opinion publique. Surtout quand les Eglises catholiques et protestantes vont probablement exposer au monde entier l'ampleur de la fraude et de la tricherie de la victoire annoncée du nouveau roi du Congo.
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