Richard Muyej, toujours gouverneur du Lualaba, est rentré à Kinshasa ce dimanche 13 mars après avoir passé plus d'un an en Afrique du Sud, officiellement pour des raisons de santé. Ce séjour à Kinshasa n'est qu'un petit stop sur la route du retour dans son Lualaba où il va bientôt retrouver tous les attributs de sa fonction de gouverneur, renvoyant du même coup sur le banc de touche l'actuelle gouverneure intérimaire, la très gourmande Fifi Masuka.
Tout pour une réélection en 2023
Ce retour au pouvoir est évidemment voulu par le président Tshisekedi qui s'est bien rendu compte que la brave Fifi n'avait pas les capacités pour gérer et contrôler le Lualaba.
Si Muyej est de retour, c'est évidemment parce que le président Tshisekedi compte sur lui pour l'aider à faire le plein de voix dans cette province dans l'optique de la présidentielle de 2023 qu'il espère remporter sans trop devoir bourrer les urnes.
Le président veut tellement ce retour que tout le monde se met à oublier la plainte qui a été déposée par le président de l'Assemblée provinciale du Lualaba contre Richard Muyej (et qui a été confirmée par l'IGF) pour avoir détourné plus de 360 millions de dollars de fonds publics. Même la venue de représentants du Trésor américain, attendus pour le 18 mars en RDC, ne devrait pas remettre en question ce retour en grâce de Muyej.
Règlement de compte en vue
Si Fifi Masuka peut se poser des questions sur son avenir immédiat, elle n'est pas la seule. "Ils nous ont humiliés", tranche, très énervé, un conseiller de Muyej, qui décompte les heures avant le retour effectif de son patron sur son trône et prévient : "Il y a des hommes qui nous ont tourné le dos mais il y a un homme qui a complètement trahi le gouverneur, c'est Dany Banza".
Le nom est lâché et revient sans cesse dans la conversation. "Quand il était gouverneur, Richard Muyej a dépensé des fortunes pour alimenter en cash et payer des jets privés à Dany Banza, qui se présentait comme l'un des principaux conseillers de Félix Tshisekedi. En réalité, ce Monsieur ne cherche qu'à favoriser ses intérêts personnels et ceux de ses amis non Congolais comme le beau-fils du président Bongo. Il a aussi favorisé le business de Rahim Dhrolia, cité notamment dans l'enquête de Congo-Hold-up et qui s'est rempli les poches à une vitesse extraordinaire. Banza se moque des Katangais et des Congolais. Il se moque même de son épouse qu'il a installée dans le sud de la France pour pouvoir rendre plus facilement visite à sa maîtresse Déborah à Cape-Town sur le compte des Katangais et des Congolais".
Le conseiller de Richard Muyej est certain que le retour de son patron sera synonyme de mise au point et "de règlement de compte" "Il été menacé jusque dans son hôtel d'Afrique du Sud par le beau fils Bongo envoyé par Dany Banza. Ils ont tenté de l'obliger à démissionner. Heureusement, il a tenu bon. Demain, il va falloir rembourser l'addition", prévient-il.
Jeu de poker
Selon plusieurs témoignages, Banza se rêve en futur roi du Katanga. Il pensait avoir fait le plus difficile en écartant Muyej et en plaçant sa créature Fifi Masuka. L'argent coule à flot. Les investissements de celui qui aime aussi répéter que le Premier ministre Sama Lokonde n'est que son "petit soldat" font grincer bien des dents. "Nous avons partcipé à la construction du son fumoir de cigares dans sa nouvelle ferme dans laquelle il a fait venir des chevaux en ligne direct de Grande-Bretagne. Rien n'est trop beau pour lui. Il gaspille des centaines de milliers de dollars, des millions qui devraient revenir aux filles et fils du Katanga. Mais lui sans moque, il ne pense qu'à lui et à sa poche".
Pour ces observateurs attentifs de la vie politique katangaise, il ne fait aucun doute que Muyej va rapidement dénoncer publiquement toutes ces dérives, tous ces excès. "Il va y avoir un grand déballage et ça va faire mal", continue un ex-conseiller de Richard Muyej. "Aujourd'hui, il a le plein soutien du président de la République et ne va pas se priver de l'utiliser contre tous ceux qui ont voulu l'enterrer trop vite et en particulier contre celui qui a tout fait pour le faire tomber".
Il n'est pas nécessaire que le plat soit complètement froid pour que la revanche ait du goût !
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