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Réconciliation Kabila-Katumbi : panique à Kinshasa

Photo du rédacteur: mutambak96mutambak96

Moïse Katumbi et Joseph Kabila à Lubumbashi au printemps 2022.

Tous les septuagénaires passionnés de romans d'action se souviennent de "Panique au Zaïre", le 52e opus de la célèbre série SAS, écrit par Gérard de Villiers et publié en 1978. Comme l'ensemble des tomes parus durant cette décennie, le livre a été tiré à 100 000 exemplaires. L'histoire se déroule au Zaïre en 1978, une période marquée par des tensions politiques intenses. Des membres de l'ancienne élite belge de l'ex-Congo belge, encore amers de leur éviction, aspirent à voir le président Mobutu, récemment en poste, remplacé par un dirigeant plus en phase avec leurs intérêts. Ces milieux, semble-t-il, sont sur le point de provoquer la chute définitive de Mobutu. Dans ce contexte tumultueux, Malko, agent des services secrets américains, reçoit pour mission de découvrir les conspirations en cours. Sous la couverture d'un aventurier impliqué dans le commerce des diamants, il se lance dans une enquête périlleuse afin de déjouer les plans malveillants orchestrés en coulisses.


Quarante-cinq ans plus tard, le contexte semble de nouveau en pleine mutation. La trame de "Panique au Zaïre" a à peine évolué. Les acteurs ont changé, mais l'ex-Zaïre reste une cible de convoitises incessantes. Ce n'est plus Mobutu qu'il s'agit de démettre, mais le nouveau roi du Congo, qui a retrouvé le nom d'antan. Félix Tshisekedi, originaire du Kasaï, règne tel un potentat sur ce vaste pays. Ce dictateur, faible et jouisseur, est sous l'influence de son épouse et de sa mère, et s'adonne sans scrupules à la débauche et au pillage des ressources nationales, laissant prospérer une corruption endémique. Le Congo, aujourd'hui appelé Congo-Kinshasa, figure parmi les pays les plus pauvres du monde, malgré l'abondance de richesses telles que le cuivre, le cobalt, le lithium, le coltan et l'or. Ces précieuses ressources attirent l'attention de deux superpuissances mondiales : la Chine et les États-Unis qui rivalisent pour mettre la main sur ces minerais stratégiques, exacerbant ainsi les tensions et les luttes d'influence dans la région.


Pris en étau dans cette lutte pour le contrôle des minerais rares, indispensables au complexe militaro-industriel américain et à la puissante armée chinoise, le dictateur congolais, caractérisé par son indécision, est désormais menacé par une rébellion dirigée par l'ancien président de la Commission électorale, Corneille Nanga. Cette insurrection reçoit le soutien de pays voisins aux intentions belliqueuses, qui profitent de la déliquescence d'un État congolais miné par la corruption pour exploiter, par le biais de prête-noms congolais, les vastes richesses minières de l'Est du pays.

Face à l'irrésistible avancée de la rébellion, Félix Tshisekedi se voit contraint de recourir à des mercenaires d'origine slave et israélienne afin de contenir le M23 et de gagner du temps pour réorganiser son armée, qui est en pleine débandade.


L'avenir du Congo se dessine autour de quatre acteurs majeurs : Corneille Nangaa, à la tête de la rébellion du M23 ; Joseph Kabila, l'ancien président ; Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga ; et la toute-puissante Église catholique, dirigée par le cardinal Ambongo et l'archevêque de Lubumbashi, Monseigneur Fulgence Muteba. Face à cette coalition, Félix Tshisekedi a accumulé les erreurs stratégiques, aggravant sa position.


Félix, le meilleur atout de l’opposition

En déclenchant le changement de la Constitution, le chef de l'État congolais a, paradoxalement, favorisé le rapprochement de personnalités qui, auparavant, se détestaient. Parmi les développements surprenants auxquels les Congolais ne s'attendaient plus, Félix Tshisekedi a encouragé la réconciliation entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi, les deux figures emblématiques du Katanga. Sous l'égide de Monseigneur Muteba, l'archevêque de Lubumbashi, ces anciens adversaires se sont récemment réconciliés, se serrant la main dans la cathédrale de la capitale cuprifère. Récemment, Kabila et Katumbi auraient scellé officiellement un pacte pour sauver le pays de l'effondrement, témoignant ainsi de la dynamique politique en jeu et de l'urgence de la situation congolaise. De quoi provoquer un véritable mouvement de panique au sein du pouvoir congolais.


Félix l’ingrat

Félix Tshisekedi est conscient de ce qu'il doit au duo Katumbi-Kabila. Moïse Katumbi l'a soutenu pour qu'il devienne le leader de l'opposition, rivalisant avec la préférence de son père, Étienne Tshisekedi, pour Valentin Mubake. Grâce à Katumbi, Félix a été couronné dauphin et dirigeant de l'UDPS, au prix de lourds sacrifices pour certains membres du parti.


Par la suite, Félix a abandonné son mentor et a exploité les tensions avec Martin Fayulu pour gagner les faveurs de Joseph Kabila en 2018, se séparant définitivement de Katumbi.

Félix Tshisekedi reconnaît l’influence de ses anciens alliés, et la réconciliation entre Katumbi et Kabila menace ses ambitions de réélection. Il sait que l'opposition républicaine, incarnée par Katumbi, l'opposition non institutionnelle, qui rejette les élections truquées de Kabila, et la rébellion armée dirigée par Corneille Nangaa dans l'Est, représentent des défis considérables à surmonter. D'autant qu'au sein de l'Union Sacrée, sa famille politique, Félix Tshisekedi est conscient qu'il ne peut plus compter sur ses alliés Vital Kamerhe et Modeste Bahati qui tous deux ont des ambitions pour l'après 2028 qui clôture le second mandat du Chef de l'Etat congolais.


Au cours des dernières semaines, Félix Tshisekedi a accumulé les déconvenues. La première d'entre elles s'est manifestée à Luanda, où l'absence du président Paul Kagame à la rencontre tripartite, organisée sous l'égide du facilitateur, le président Joao Lourenço, a été perçue comme une humiliation par les Congolais. Les révélations faites par des diplomates rwandais et angolais concernant l'acceptation par Kinshasa d'ouvrir des discussions avec la rébellion du M23 ont profondément érodé la crédibilité du gouvernement congolais. Aujourd'hui, Félix Tshisekedi clame, sans convaincre, qu'il ne discutera jamais avec Corneille Nangaa. Il a même décidé de lancer une contre-offensive pour tenter de récupérer les territoires perdus depuis plus de deux ans.


Félix en échec à Brazzaville

Face à l’adversité, et après le revers subi à Luanda, Félix Tshisekedi s'est ensuite rendu à Brazzaville puis à Bujumbura. Dans la capitale congolaise, le président congolais a sollicité l'aide du doyen Denis Sassou Nguesso pour rétablir des relations avec le président Kagame. Cependant, dans les couloirs de Mpila, les proches de Sassou ne cachent pas leur amusement face aux maladresses de leur voisin de Kinshasa. Un conseiller a même ironisé : "Comment Félix Tshisekedi peut-il demander à Sassou d'intervenir pour le sauver ?"

Sous le sceau de la discrétion, un diplomate a révélé que le président Sassou avait catégoriquement refusé de s'impliquer dans cette mission. Il a réaffirmé à son homologue qu'il ne pouvait pas faire de l'ombre aux efforts du médiateur Joao Lourenço. De plus, le président congolais a rappelé à Tshisekedi qu'il avait commis une erreur impardonnable en rompant les amarres avec son prédécesseur, Joseph Kabila. Les indiscrétions révélées dans les couloirs de la présidence brazzavilloise laissent entendre que le sort de Félix Tshisekedi semble désormais scellé. Cette mission ratée illustre son isolement croissant sur la scène diplomatique et le peu de soutien dont il bénéficie dans sa recherche d'une réconciliation avec Kigali.


Félix, le Père Noël

À Bujumbura, Félix Tshisekedi a cherché à renforcer les liens avec son voisin, dont les troupes soutiennent les FARDC sur le terrain. Cependant, des rapports inquiétants font état de la démotivation croissante des soldats burundais, qui souffrent de retards de paiement et d'un moral au plus bas.


Pour éviter une nouvelle déconvenue sur le front de Bukavu et Uvira, Félix Tshisekedi a décidé de remettre dix millions de dollars à son homologue burundais afin d'assurer le paiement des militaires déployés. Toutefois, un diplomate bien informé des arcanes du pouvoir a alerté sur une réalité troublante: "Le président Ndayishimye ne va rien envoyer au front, car ses hommes vivent aux dépens de la population. Il conservera probablement cet argent pour lui."  Cette situation souligne le caractère insurmontable des défis que rencontre Tshisekedi dans sa tentative de stabiliser la région tout en gérant une coopération aux motivations incertaines.


C'est à la suite de cette tournée décevante que Félix Tshisekedi a procédé à un remaniement significatif au sein de l'armée. Surprenant tout le monde, il a nommé un ancien proche de Joseph Kabila à la tête de l'état-major, suscitant des interrogations sur la confiance accordée à un homme bénéficiant des faveurs de son prédécesseur. La désignation du général Masunzu comme chef des opérations à l'Est a également surpris les analystes : opposé au Rwanda depuis sa jeunesse, cet officier tutsi était récemment placé sous contrôle à Kinshasa. Sa promotion représente un enjeu crucial pour la capitale. La contre-offensive lancée pour stopper le M23, récupérer les territoires perdus et prévenir la chute de Butembo sera déterminante pour l'avenir du régime de Tshisekedi.



Félix et de revers américain

C'est dans ce contexte particulièrement volatile que Félix Tshisekedi a dépêché son frère, Jacques Tshisekedi, à Washington pour établir des relations avec la nouvelle administration Trump. L'objectif de cette mission était de solliciter le soutien américain pour mettre un terme à la guerre à l'Est et justifier la nécessité d'un changement de la Constitution. Accompagné de Jean-Claude Kabongo, Serge Tshibangu et Tony Shiku, Jacques Tshisekedi a pourtant essuyé un véritable fiasco. Washington a opposé un veto ferme à toute modification constitutionnelle. La position des États-Unis est claire : à la fin de son mandat, Félix Tshisekedi doit partir et céder le flambeau à son successeur désigné. Donald Trump, tout comme Elon Musk, privilégient un partenariat avec un Congo stable et prévisible, considéré comme crucial pour la sécurité nationale des États-Unis, notamment en lien avec le chemin de fer de Lobito, qui représente un axe majeur de la chaîne d'approvisionnement en minerais stratégiques.


Depuis son accession au pouvoir et en dépit du soutien des chefs de mission diplomatiques qui se sont succédés à Kinshasa, Félix Tshisekedi n’est jamais parvenu à rassurer Washington. Ses relations avec la Chine et les Émirats du Golfe suscitent de vives inquiétudes au Département d'État ainsi qu'au sein du Pentagone. La corruption endémique qui ronge la société congolaise et l'impossibilité des grandes compagnies US de s'imposer dans un pays où le climat des affaires tient plus du western que des exigences de transparence des marchés boursiers ont classé la RDCongo parmi les pays à très haut risque. En conséquence, le retrait du clan Tshisekedi est désormais intégré dans les stratégies de la CIA et des militaires américains, qui continuent à accorder leur confiance au président rwandais et à son homologue angolais.


L'avenir semble incertain pour le pouvoir de Kinshasa, qui est en proie au doute et à la panique face à une situation de plus en plus préoccupante. Les responsables congolais ne savent plus à quel saint se vouer pour échapper à une sanction imminente. Cette inquiétude s'est intensifiée, touchant même la famille du dictateur, désormais hantée par la peur pour sa vie. L'assassinat de Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001 plane comme une ombre sur ses nuits, alimentant une psychose qui s'est emparée des sphères les plus proches du pouvoir.


Un analyste avisé des dynamiques internes et externes conclut que l'année 2025 sera décisive pour Félix Tshisekedi. Sans un renversement rapide des cartes et des alliances régionales, ses jours à la tête de l'État congolais seront comptés. La possibilité d'une réconciliation improbable avec le Rwanda avancera inévitablement vers un dialogue interne qui pourrait contraindre Félix Tshisekedi à partager le pouvoir avec des figures telles que Corneille Nangaa, Joseph Kabila et Moïse Katumbi.


Cette perspective inquiétante est déjà intégrée dans le raisonnement des alliés actuels du président, tels que Vital Kamerhe et Modeste Bahati, qui réalisent que l'avenir du Congo se joue au-delà du Kasaï. Au sein du sérail, l'idée de boucler les valises commence à germer.





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