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Dany Banza : itineraire d'un prédateur katangais déchu

  • Photo du rédacteur: mutambak96
    mutambak96
  • 11 mai
  • 4 min de lecture


Dans les halls feutrés des grands hôtels monégasques, Dany Banza tutoie voituriers et maîtres d’hôtel, habitués à ses allées et venues dans le paradis fiscal de la Côte d’Azur. Au volant de voitures de collection ou dans sa luxueuse résidence de Mougins, ce sénateur congolais affiche une opulence insolente, loin des réalités du Katanga, sa région natale. Mais derrière cette façade de grand seigneur se cache un homme à la psychologie sournoise, un opportuniste qui a bâti sa fortune colossale sur la corruption, le trafic d’influence et la trahison des siens. Aujourd’hui, marginalisé par le régime qu’il a servi avec zèle, Banza rumine son amertume, symbole d’un système prédateur qui dévore ses propres enfants.


Un calculateur sans scrupules


Dany Banza n’est pas un homme d’idéaux. Sa carrière est une fresque de calculs froids et de trahisons méthodiques. Originaire du Katanga, il s’est d’abord fait un nom au sein du G7, une coalition luttant contre un troisième mandat de Joseph Kabila. Proche de Moïse Katumbi, alors gouverneur influent, Banza se présente comme un défenseur de la Constitution. Mais ce n’est qu’une posture. En 2017, sentant le vent tourner, il rompt avec Katumbi, dénonçant son entourage pour mieux se rapprocher de Félix Tshisekedi. Ce revirement n’a rien d’un élan patriotique : Banza, habile manipulateur, mise sur le futur président pour assouvir ses ambitions.

Sa filiation maternelle kasaienne facilite son entrée dans le cercle de Tshisekedi. Une fois en place, il s’emploie à détruire ses anciens alliés katangais. Moïse Katumbi, Joseph Kabila, Richard Muyej, Albert Yuma – tous deviennent des cibles. Banza orchestre des campagnes de déstabilisation, fragilisant les piliers politiques du Katanga pour consolider sa position auprès du nouveau pouvoir. Son cynisme est sans limites : il sacrifie les intérêts de sa région, autrefois bastion du pouvoir congolais, pour s’imposer comme l’homme de confiance du président. Cette trahison n’est pas un accident, mais le fruit d’une psychologie perverse, où la loyauté n’existe que pour servir ses propres desseins.


Une fortune bâtie sur la prédation


La proximité de Banza avec Tshisekedi lui ouvre les portes des richesses minières du Katanga, poumon économique de la RDC. De 2019 à 2023, il devient l’architecte des affaires présidentielles dans la région, négociant des contrats opaques avec des partenaires étrangers. Ces transactions, marquées par la corruption et le trafic d’influence, lui permettent d’amasser une fortune estimée à plusieurs centaines de millions de dollars. Des fonds, détournés des caisses publiques, atterrissent sur des comptes offshore, tandis que Banza parade dans les cercles huppés de Monaco et de Mougins.


Son influence s’étend à la nomination de figures clés : Sama Lukonde, son protégé et ancien camarade d’études en Afrique du Sud, devient Premier ministre, puis président du Sénat. Les gouverneurs du Haut-Katanga, Jacques Kyabula, et du Lualaba, Fifi Masuka, doivent également leur ascension à Banza. En privé, le jeune sénateur katangais se lâche : "J'ai été le babysitter de la famille Tshisekedi. Tout ce que je leur ai donné avec Raïm, ils l'ont déjà oublié".  Mais ces pions, une fois placés, s’émancipent, passant sous la coupe directe de Tshisekedi. Fifi Masuka devient la confidente de Denise Nyakeru et survit à l'attaque en règle engagée par une partie de la famille qui parie sur la belle-soeur Isabelle Kibassa pour l'évincer du gouvernorat. Celle qui dirige Kolwezi saura être reconnaissante vis-à-vis des membres de famille qui lui auront permis de sauver sa tête. Dany Banza va être de plus en plus marginalisé. "Cette perte de contrôle marque le début du déclin de Banza, dont la fortune, bâtie sur l’impunité d’un régime prédateur, ne suffit plus à maintenir son emprise" affirme un proche conseiller de Jacques Kyabula, l'autre gouverneur, qui s'affranchit totalement de l'emprise de Banza pour créer son propre réseau politique.


Le Katanga saigné à blanc


Pendant que Banza accumule ses millions, le Katanga, qui génère 95 % des recettes d’exportation de la RDC grâce à ses mines, sombre dans la misère. Les communautés locales, privées d’eau potable et d’électricité, survivent dans des conditions indignes. Les routes défoncées, les écoles délabrées et les hôpitaux sans médicaments contrastent avec les jets privés et les villas de luxe des élites comme Banza. Cette injustice criante est le fruit d’un système où une poignée de prédateurs s’enrichissent sur le dos d’un peuple exsangue. La fortune de Banza, loin d’être le résultat d’un travail honnête, est un monument à la corruption, érigé sur les souffrances des Katangais. Des spécialistes des dossiers miniers affirment que depuis l'accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, le Chef de l'Etat et sa fratrie ont sorti frauduleusement plus de 18 milliards de dollars des mines du Katanga. Ce pactole faramineux a été partagé avec les associés chinois, indiens et libanais protégés par Félix, Denise, Christian, Thierry et les autres avec la couverture de Dany Banza, Fifi Masuka et Jacques Kyabula. Une mise en coupe réglée savamment orchestrée dans la plus parfaite impunité. 


Une chute inéluctable


En 2024, l’étoile de Dany Banza pâlit. Son opposition à une révision constitutionnelle permettant à Tshisekedi un troisième mandat en 2028 lui coûte sa place dans le premier cercle présidentiel. Écarté, il se replie sur ses fonctions parlementaires à Kinshasa et sa retraite dorée en France. Dans des confidences livrées à ses proches, Banza laisse éclater son amertume : « J’ai tout donné à Félix Tshisekedi. Il ne connaissait rien du Katanga. Je lui ai apporté, ainsi qu’à son épouse Denise, le premier million de dollars américains alors que le couple n’avait jamais vu la couleur de l’argent. Voilà maintenant, il veut me sacrifier car j’en connais un peu trop. » Ces révélations, tenues sous le sceau de la confidence, trahissent la profondeur de sa rancœur. Lui, qui a orchestré l’enrichissement du clan présidentiel, se voit désormais relégué au rang de paria. Un post sur X du 12 mars 2025 confirme son éviction, scellant son isolement politique.


Un symbole de la dérive congolaise


Dany Banza incarne le pire de la politique congolaise : un homme prêt à trahir sa région, ses alliés et son peuple pour une gloire éphémère. Sa fortune, fruit de la corruption et de l’impunité, est une insulte aux Katangais qui croupissent dans la pauvreté. Sa chute, loin d’inspirer la pitié, rappelle une vérité implacable : dans un système prédateur, même les plus rusés finissent dévorés. À Mougins, Banza n’est plus qu’un homme riche mais seul, hanté par l’amertume d’avoir tout sacrifié pour rien.

 
 
 

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