Que cherche vraiment Martin Fayulu ?
Au moment où le rassemblement de toutes les oppositions congolaises s'avère indispensables pour mener le combat contre une majorité écrasante conduite par un pouvoir de plus en plus autoritaire, l'opposition fait étalage de ses déchirures au point qu'on s'interroge sur les raisons qui dictent le comportement de certains leaders plus prompts à fustiger leurs compagnons de route qu’à dénoncer le régime. Le mandat de Félix Tshisekedi commence à peine que l'opposition semble déjà à bout de souffle.
Ces derniers jours, une campagne de dénigrement orchestrée par Martin Fayulu et sa formation politique ECIDE s'est intensifiée contre le président Moïse Katumbi, l'accusant de favoriser le régime de Tshisekedi en se portant candidat au poste de porte-parole de l'Opposition malgré les contestations sur la validité des élections de décembre 2023. Pour Martin Fayulu, accepter cette responsabilité serait une forme de capitulation voire de trahison signifiant un abandon de la lutte en reconnaissant le pouvoir de Félix Tshisekedi. Ces accusations sont reprises par le journaliste Pero Luwara, qui critique ouvertement Moïse Katumbi, l'accusant de faiblesse et blâmant le président de Ensemble pour avoir abandonné le peuple congolais.
Cette opposition virulente a été déclenchée par l'initiative du Secrétaire Général de Ensemble de proposer un projet de règlement d’ordre intérieur de l’opposition à toutes les parties concernées. Son objectif principal était de réunir l'opposition parlementaire et extra-parlementaire, avec la collaboration du groupe parlementaire de l'opposition. Il faut retenir que dans les semaines à venir, l'opposition sera invitée à se rassembler pour définir une position commune sur des sujets cruciaux, notamment la question du changement de la Constitution.
Il est regrettable que Martin Fayulu continue à exprimer son mépris et ses rancœurs personnelles envers Moïse Katumbi. Les actions passées de Moïse Katumbi et ses engagements parlent d’eux-mêmes. Peut-on oublier que :
- en octobre 2015, Katumbi a délibérément renoncé à son poste de gouverneur du Katanga pour s'opposer au changement de la Constitution;
- le 31 décembre 2016, alors qu'il vivait en exil, malgré l'insistance de ses partenaires, Katumbi a choisi de ne poser aucune exigence personnelle concernant son retour au pays afin de favoriser la signature de l'Accord Cenco;
- Katumbi a refusé de devenir Premier Ministre et de diriger le gouvernement issu de la coalition de l'Union sacrée en 2021, même si son groupe avait largement contribué à renverser le gouvernement Ilunga et la coalition FCC-CACH grâce à une motion introduite par feu Chérubin Okende.
Alors que ces faits sont avérés, aujourd'hui, Martin Fayulu voudrait faire croire que Moïse Katumbi est dévoré par son ambition personnelle à tel point qu'il voudrait à tout prix se vendre à Félix Tshisekedi pour devenir le porte-parole de l'opposition ? Qui peut y croire ?
Par contre, il est intéressant d'examiner le parcours de Martin Fayulu qui se présente en défenseur éperdu de la cause du peuple congolais. On y relève nombre de points troublants et des aspects moins nobles qui sont en porte-à-faux avec les discours enflammés d'un opposant radical. Des incohérences flagrantes tranchent avec l'image d'accusateurs drapés d'indignation feinte que Fayulu et ses lieutenants cherchent à présenter à l'opinion congolaise.
Qui peut avoir oublié que :
- en 2006, Fayulu s'est compromis en trahissant contre monnaie sonnante et trébuchante le candidat MLC au gouvernorat de Kinshasa, Adam Bombole, au profit d'André Kimbuta soutenu par le PPRD et la famille politique de Joseph Kabila;
- après les élections de 2018, les députés ECIDE, y compris la suppléante de Fayulu, ont continué à siéger et à percevoir leurs émoluments de parlementaires alors que Fayulu revendiquait à cor et à cri le titre de "Président élu" et la chute des institutions issues de la fraude;
- en décembre 2023, à l'issue d'un "marchandage" avec les mandataires du pouvoir, Fayulu s'est porté candidat à l'élection présidentielle, après avoir empêché son parti ECIDE de s'inscrire aux législatives dans le seul but de fragmenter l'opposition et de barrer la route à celui qui l'avait soutenu dans sa campagne de 2018.
En tant que donneur de leçons, Fayulu peut reconsidérer sa position.
Moïse Katumbi reste fidèle à une démarche républicaine cohérente et assume pleinement ses responsabilités. Le groupe de députés de Ensemble et ses alliés MS/Avançons siègent au Parlement et ont pour mission de défendre la voix de l'opposition, tant institutionnelle que non institutionnelle, sans concession, compromis ou compromission.
En résumé, l'attitude de Martin Fayulu et de ses partisans est révoltante et écoeurante ! Quant à celle de Pero Luwara, elle est empreinte, au mieux, de naïveté, au pire de mauvaise foi. Il semble oublier les nombreux efforts, sacrifices, renoncements que Moïse Katumbi a consentis afin de redonner au peuple congolais son droit le plus légitime de choisir librement ses dirigeants à travers des élections démocratiques, crédibles et transparentes. Katumbi a constamment mis les intérêts du pays au-dessus des siens comme en témoignent ses actions passées. Ces oublis - volontaires ou involontaires - de Luwara soulèvent des questions sur les motivations réelles derrière ces critiques acerbes.
Reste désormais à Moïse Katumbi à sortir du silence dans lequel il semble emmuré pour remettre en selle une opposition qui depuis le rassemblement de Genval lui doit tant !
Devant les dangers qui guettent la Nation congolaise, au rang desquels la poursuite de la guerre dans l'est et le changement de la Constitution préparé par Félix Tshisekedi pour se maintenir au pouvoir, l'opposition a le devoir de se rassembler. Cette mission incombe à ceux à qui le peuple congolais a accordé sa confiance et à tous les autres qui ont choisi la voie non institutionnelle !
Réveillez-vous Moïse et tous les autres, le danger est à notre porte !
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