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Photo du rédacteurmutambak96

CENI : Une enveloppe de 16 millions USD pour gérer le les députés

Dernière mise à jour : 17 oct. 2021



Dans son fameux best-seller Americanah, Chimamanda Ngozi a écrit :« Le plus gros problème dans ce pays, ce n'est pas la corruption. C'est qu'il y a une quantité de gens qualifiés qui ne sont pas où ils devraient être, parce qu'ils refusent de lécher le cul de qui que ce soit, ou qu'ils ne savent pas quel cul lécher, ou encore qu'ils ne savent pas lécher un cul. J'ai eu la chance de lécher le cul qu'il faut ».


Dans son œuvre traduite en 30 langues, la jeune écrivaine nigériane, née en 1977 et diplômée des plus prestigieuses universités américaines (Johns Hopkins, Yale, Princeton…) a parfaitement circonscrit la corruption qui gangrène le monde. En RDCongo où le banditisme organisé a élevé la nation au premier rang mondial du crime organisé, la corruption des hommes du pouvoir fait plus de ravage que la pandémie COVID19. Et, il faut reconnaître qu’à Kinshasa, Christophe Mboso Nkodia, 79 ans, a su tardivement lécher le cul qu’il fallait.


Il est bien loin le temps où l’ancien ministre des Sports s’était présenté au Conseil des ministres les larmes aux yeux, en tenue de jogging, devant un maréchal Mobutu médusé. C’était à la suite d’un des pillages de la capitale congolaise au cours duquel la maison du leader kwangolais avait été totalement pillée par les habitants de son quartier.


Après une carrière politique relativement terne faite souvent de petits reniements assumés au gré des changements de pouvoirs, c’est finalement la grande trahison de ses co-sociétaires de la famille politique de l’ancien président Joseph Kabila qui va propulser, sur le tard, le leader de Kenge – la capitale de la nouvelle province du Kwango – à la tête de l’Assemblée Nationale. Désigné en qualité de doyen du Bureau d’âge qui devait assumer l’intérim de la présidence de l’Assemblée Nationale suite à l’éviction de l’honorable Jeanine Mabunda, Christophe Mboso se révèlera être un homme d’une parfaite docilité. De quoi séduire Félix Tshisekedi et Jean-Marc Kabund qui recherchaient un homme capable d’obéir au doigt et à l’œil à tous leurs desiderata. Réintégrant le poste de premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale duquel il avait été chassé par les FCC, Jean-Marc Kabund trouvait enfin un partenaire capable de chanter la messe en latin au caractère malléable, conciliant et parfaitement obéissant.


Pour encourager l’opération de débauchage des députés issus de la famille politique de Joseph Kabila rangé sous la bannière de Christophe Mboso, à la demande de Jean-Marc Kabund, l’opération d’achats des Jeeps Palissade d’un montant de 27 millions USD était accompagnée d’une augmentation sensible des frais de fonctionnement de l’Assemblée Nationale. Des quatre millions mensuels gérés par Jeanine Mabunda, le montant des frais pour faire tourner la Chambre était porté à 8 millions USD décaissés chaque mois en cash par le Trésor. Désormais, le Parlement congolais est une mine de corruption à ciel ouvert. De quoi faire retourner dans sa tombe l’ancien président du HCR-PT, Monseigneur Laurent Monsengwo, qui dirigea l’institution avec bien peu d’argent ! En vingt années, les frais de fonctionnement de la Chambre sont passés de 80.000 USD/mois à… 8.000.000 USD/mois. C’est tout dire !


Fort de cette manne gérée à sa discrétion, le tandem Mboso-Kabund va se mettre en quête d’acheter toutes les consciences afin de briser toutes résistances parlementaires à la grande vision du pouvoir qui consiste en la réélection du Président en 2023. Si la constitution de l’Union Sacrée a coûté au bas mot les jeeps coréennes au prix unitaire de 54.000 USD pour tous les élus et une enveloppe estimée à 15.000 USD par sociétaire de la nouvelle coalition qui compte aujourd’hui près de 400 députés, l’opération de prise de contrôle de la CENI et l’entérinement de ses animateurs dont un président complaisant par les députés est en cours. Pour cette opération, les fonds secrets de la Chambre ont été doublés, soit une enveloppe de 16 millions USD entre les mains des deux patrons de l’Assemblée.


« Pour préparer la plénière, nous avons chacun reçu lundi à l’hôtel du fleuve 1.000 Usd. Et Hier, après la déclaration des katumbistes, on nous a rappelé pour nous donner encore 2.000 USD », affirme un député des ex-FCC rallié à l’Union Sacrée qui ajoute que les instructions ont été données pour l’entérinement de la candidature de Denis Kadima. «Le seul problème est le choix du premier Vice-Président de la CENI. Ce poste nous revient à nous FCC/US », nous dit notre interlocuteur. « Mais le président Mboso veut y mettre son gendre qui appartient au Palu/Makiashi et Jean-Marc Kabund est totalement opposé car il soutient la candidature de l’ancien gouverneur Ngoy Kasandji », poursuit-il.


Au banquet de la corruption l’or vaut plus que la foi dit-on ! Il y a fort à parier que les deux hommes trouveront un compromis pour ne pas afficher ouvertement leur désaccord. Les montants détournés par le tandem pour leur train de vie justifie qu’ils trouvent rapidement un compromis. De toute évidence, le plus important revient à imposer Denis Kadima et à prendre en main la CENI.


Pour ce faire, le débauchage au sein des hommes de la plate-forme ENSEMBLE de Moïse Katumbi a également commencé. Christophe Mboso et Jean-Marc Kabund sont déterminés à briser la résistance des deux groupes parlementaires qui s’opposent à la caporalisation de la CENI par le pouvoir et rejettent le rapport de la commission parlementaire mise sur pied en violation du règlement intérieur de l’Assemblée. Sur les 70 élus appartenant aux deux groupes parlementaires de l’ancien gouverneur du Katanga, une quinzaine auraient été approchés et seraient assidument courtisés par Jean-Marc Kabund.

La corruption est donc redevenue la seule règle qui vaut pour le pouvoir. Jamais l’achat des consciences n’a atteint ouvertement une telle ampleur en RDCongo. A l’heure où les émoluments des élus du peuple ont atteint le montant de 16.000 USD/mois et où le Président de la République dépense 248 millions en 9 mois pour sa seule institution, enseignants, médecins, infirmiers, militaires, fonctionnaires croupissent dans la misère. Sans parler des 90% des autres Congolais qui eux ne relèvent pas de la fonction publique et n’ont pas de fiche de paie. Ils sont tout simplement condamnés au chômage dans une situation de précarité absolue.

De toute évidence, il y a fort à parier aujourd’hui que le passage en force de la majorité achetée par une opération de corruption massive des députés pour imposer une CENI aux ordres du Président Tshisekedi aura des conséquences néfastes pour la stabilité du pays et de ses institutions.

Bernard Mulumba

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