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  • Photo du rédacteurmutambak96

Affaibli et malade, Félix Tshisekedi affronte Caïn, Barabbas et le Barbu


Depuis plusieurs mois, une hernie discale a transformé la vie de Félix Tshisekedi en véritable calvaire. Les injections régulières de corticostéroïdes étant devenues inefficaces, les crises de plus en plus fréquentes ont nourri la rumeur sur l'état de santé du Chef de l'Etat congolais. En désespoir de cause, Félix Tshisekedi s'est résolu à monter dans son avion pour prendre rendez-vous avec les chirurgiens bruxellois.


Les problèmes de santé de Félix Tshisekedi ont transformé les moutons de l'Union Sacrée en une véritable meute de loups assoiffés. Tous ont relu la Constitution. Elle précise dans son article 76 que « En cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif, les fonctions de Président de la République, à l’exception de celles mentionnées aux articles 78, 81 et 82 sont provisoirement exercées par le Président du Sénat ».

Dans le lot des ambitieux, deux d'entre eux font l'objet d'un suivi particulier des services congolais. Il s'agit de Dany Banza, le jeune milliardaire katangais, et de l'ancien chef de guerre JP Bemba.


Dany Banza ou l’art de la trahison et de la duperie

Depuis son entrée dans le cercle du pouvoir kasaïen, Dany Banza nourrit l'ambition inavouée d'accéder à la magistrature suprême. Opportuniste redoutable, il s'est frayé un chemin au sommet de l'Etat en trahissant ses propres frères katangais, parmi lesquels Joseph Kabila, Moïse Katumbi et son cousin le général John Numbi. Son absence de scrupules lui a valu le surnom de Caïn au sein des services. Dans une vidéo devenue virale, une jeune katangaise, Fanny Kaj Kayemb, a violemment dénoncé les manoeuvres les plus sordides de Banza. "Qui es-tu pour parler au nom des Katangais ? Toi et ton frère Sama, vous faites semblant de défendre les Katangais. Vous allez payer cher", a-t-elle menacé, rappelant le sang versé par les Katangais trahis par Dany Banza, les dizaines d'officiers supérieurs katangais jetés en prison sans être jugés et le pillage éhonté des richesses de la province par ls tenants du pouvoir venus du Kasaï.

Ce réquisitoire cinglant s'explique par le rôle joué par Dany Banza au sein du pouvoir. Au cours de son premier mandat, Félix Tshisekedi a confié au jeune Mulubakat dont la mère est originaire du Kasaï, la mission de gérer ses intérêts dans le grand Katanga. En homme de confiance du Chef de l'Etat, Dany Banza a immédiatement pris autorité sur les gouverneurs Jacques Kyabula et Fifi Masuka. Chinois, Indiens, Libanais, tout ce que le monde des affaires brasse au Katanga est passé à la caisse. La Gécamines a été mise en coupe réglée. Dany Banza a imposé à la tête de son Conseil d'Administration son ami Jean-Michel Sama Lukonde, éternel second sans charisme devenu chef de gouvernement.

Les contrats de participation de la Gécamines ont été négociés avec des groupes miniers dans la plus totale opacité. En quelques années, sur le dos de Félix Tshisekedi, Dany Banza s'est bâti une fortune colossale.




Dany le milliardaire

Pour renforcer sa position dans les hautes sphères du pouvoir après la disparition de Kyungu wa Kumwanza, Dany Banza a délibérément exacerbé les rivalités internes au sein de l'UNAFEC afin de prendre le contrôle du parti politique le plus influent au Katanga. Exploitant habilement les tensions entre les Katangais et les Kasaïens, Dany Banza a agi sans scrupules pour démontrer sa capacité à dominer la scène politique katangaise. En orchestrant des actes de vandalisme contre l'image du Chef de l'État, il a cherché à affirmer sa position au sein du clan de Félix Tshisekedi. Les Kasaïens, pris dans ce jeu de manipulation, ont été dupés. Cette stratégie de manipulation lui a permis de gagner la confiance durable de Félix Tshisekedi et de son épouse Denise Nyakeru. C'est de l'appui aveugle du Chef de l'Etat que Dany Banza a propulsé son compagnon Jean-Michel Sama Lukonde à la tête du gouvernement. Le prix de toutes ces supercheries macabres a été la perte de 70 membres de JUNAFEC exposés aux balles de la Garde Républicaine. Ils ont été massacrés impitoyablement dans le quartier Bel Air par l'armée sans la moindre réaction de celui qui, pour servir ses intérêts, les avait envoyés défier le pouvoir.

L'hospitalisation de Félix Tshisekedi a conduit Dany Banza à endosser son costume de pompier-pyromane en rappelant aux Katangais la promesse du Chef de l'Etat de promouvoir Sama Lukonde à la tête du Sénat. "N'ayez crainte, ne vous agitez pas, le Chef de l'État s'est déplacé en personne au Katanga pour vous promettre la présidence du Sénat. Il tiendra parole" a-t-il annoncé dans une vidéo. L'élu de Kamina choisit ce moment pour adopter la posture de leader du Katanga. De quoi étrangler de rage ses adversaires de plus en plus nombreux. En fin calculateur, Dany Banza expose ouvertement le Chef de l'État en le rendant prisonnier de sa parole. "Que fera Banza si ce n'est pas Sama Lukonde qui est élu à la tête du Sénat ? Saura-t-il apaiser la colère des Katangais qu'il vient de réveiller ?" s'interroge un universitaire de l'UNILU. Dany Banza a sans doute allumé la mèche qui pourrait bien embraser le Katanga.

Dans le camp kasaïen, la réaction ne s'est pas fait attendre. Le turbulent chroniqueur Zacharie Bababaswe a vivement réagi en dénonçant publiquement le stratagème ourdi par le duo Banza-Lukonde pour arracher le pouvoir aux Kasaïens. D'autres voix se sont élevées, notamment celle de la très controversée influenceuse Duchaussoy. Autour de Marthe Tshisekedi, des voix se sont fait entendre pour affirmer que si le Chef de l'État était dans l'incapacité d'assumer ses fonctions, le pouvoir ne devrait en aucun cas échoir à un Katangais. La validation du mandat de Roger Tshisekedi, frère de Félix, en tant que sénateur est la première réponse du clan familial. Une autre stratégie a été mise en place. Elle consiste à présenter la candidature du doyen d'âge du Sénat, le sénateur Mukamba Kadiata Nzemba. Âgé de 93 ans, le patriarche est une figure emblématique du Kasaï ayant joué un rôle dans tous les grands enjeux politiques depuis les années 60. Élu sur le quota des sénateurs de l'Équateur, Jonas Mukamba pourrait anéantir le projet de Dany Banza.


Jean-Pierre Barabbas

Une autre figure de la majorité est suivie de près par les services de sécurité de Félix Tshisekedi. Il s'agit du Vice-Premier Ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba. Nom de code pour les services : Barabbas. L'ancien chef de guerre n'a pas désarmé. S'il a remisé sa tenue militaire, le président du MLC garde au coeur un irrépressible besoin de s'affirmer comme le prochain Chef de l'Etat du Congo. En privé, Jean-Pierre Bemba affiche un mépris constant pour Félix Tshisekedi et ses frères. Il a vécu son écartement du ministère de la Défense comme une véritable humiliation. Afin de rester dans la course au pouvoir, JP Bemba a accepté le ministère des Transports. Le vieux chef rebelle repenti y ronge son frein. "Bemba s'est refait une santé financière. Il a également réactivé son carnet d'adresse à Brazzaville et à Kampala où il entretient de bonnes relations avec les généraux ougandais", affirme sous le sceau du secret un conseiller du CNS qui affirme que tous les services ont à l'oeil les activités du Vice-Premier Ministre. Pour calmer les ardeurs du Vice-Premier Ministre, les députés UDPS préparent une mission de contrôle du ministère de la Défense et de la gestion de Bemba. Vital Kamerhe verrait plutôt d'un bon oeil cette initiative. Elle écarterait un adversaire dangereux à la course au pouvoir.


Joseph Kabila, l’ennemi juré

Aux yeux de Marthe Tshisekedi et de ses fils, un troisième homme incarne désormais la menace absolue. Il s'agit de Joseph Kabila. Félix Tshisekedi considère que son prédécesseur est le véritable patron de la rébellion de l'Est du pays. Il a lui-même donné les ordres. Les espions congolais ont mission d'éliminer l'ancien Chef de l'Etat. Nom de code : le Barbu. Sentant le mauvais vent venir, Joseph Kabila est sorti en catimini du pays pour s'installer en Afrique australe. Après avoir échappé de justesse à une tentative d'enlèvement en Namibie orchestrée maladroitement par le général John Tshibangu, le Raïs s'est replié au Zimbabwe. En attendant une opération mieux préparée, Félix Tshisekedi a instruit la Justice congolaise d'ouvrir le procès de Corneille Nangaa et des chefs rebelles du M23. Au cours de ce procès, tout a été préparé afin d'impliquer Joseph Kabila et obtenir sa condamnation. Parallèlement, une seconde mission a été dépêchée en Afrique et en Europe pour éliminer le Barbu. Cette fois, elle est conduite par le général Patrick Sasa, un autre officier de renseignement au parcours sulfureux notoirement interdit de séjour aux Etats-Unis. Les fonds importants mis à sa disposition ont suscité la jalousie de Christian Ndaywel, le patron de la DEMIAP qui a aussitôt rendu public des informations accusant son officier en second de viols et d'agressions sexuelles. Les deux officiers de nationalité belge se disputent désormais ouvertement les faveurs de Félix Tshisekedi.


La solitude du chef

Face à Caïn, à Barabbas et au Barbu, Félix Tshisekedi ne peut même pas compter sur son premier cercle miné par la jalousie, la corruption et l'argent facile. Dans son lit d'hôpital le fils d'Etienne Tshisekedi vit l'extrême solitude du pouvoir et tous les risques auxquels il est désormais exposé. Autant que ses ennuis de santé, son second mandat est aussi un chemin de croix. A tout moment, un coup fatal peut lui être assené. Y compris et surtout par ses amis les plus proches !

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